[Note de l’administrateur de ce blog : face au délire totalitaire (et obscurantiste) de certains il est utile de revisiter l’histoire de la vaccination, que certains voudraient bien réécrire et simplifier pour n’en retenir que les glorieuses victoires… mais des érudits intègres veillent. Le cas de la variole est particulièrement éclairant sur les risques d’une approche de la médecine en “mode bourrin” (si ça ne marche pas, augmentons la dose).
Les amateurs de documents historiques pourront aussi consulter ce document tout à fait officiel de l’OMS et constater que, à l’époque où elle n’était pas encore achetée par Bill Gates, elle savait tenir des propos nuancés. En particulier p. 32, paragraphe 8.2.4 : “Les campagnes d’éradication reposant entièrement ou essentiellement sur la vaccination de masse furent couronnées de succès dans quelques pays mais échouèrent dans la plupart des cas”.]
Le 8 Mai 2020 a marqué le quarantième anniversaire de l’éradication officielle de la variole, naturellement tous les poncifs autour de la vaccination anti-variolique (qui a sauvé le monde) ont été maintes fois rabâchés sans qu’aucun avis historiquement mieux informé ne puisse se faire entendre. Mais voilà, pour Bernard Guennebaud il y va de la variole comme de la Loi de Poisson, qui veut en parler devrait d’abord en connaître parfaitement le sujet. Attention, cet article vous déroutera certainement car il est pour une fois de lecture facile, alors… Bonne lecture.
Introduction
La victoire sur la variole signait l’arrêt de la circulation des 2 virus de la variole humaine, la variole majeure, la plus dangereuse et la variole mineure encore nommée alastrim et souvent confondue avec la varicelle. Elle avait un taux de mortalité (létalité) beaucoup moins élevé que celui de la variole majeure. De plus, elle permettait souvent aux malades de circuler, ce qui la rendait beaucoup plus contagieuse. Aussi, son virus fut plus difficile à éradiquer.
On a ainsi attribué à la variole, sans distinction, les caractéristiques cumulées de ces 2 maladies : tout à la fois une mortalité élevée et une forte contagiosité.
Mon premier article sur l’éradication de la variole 1 s’achevait sur une déclaration en 1999 de Donald Henderson qui, en tant que directeur du programme d’éradication lancé par l’OMS, fut considéré comme le chef de guerre qui obtint la victoire fin 1977 2 :
– « L’éradication n’a été obtenue que de justesse. Dans de nombreuses régions du monde, ses progrès ont oscillé entre succès et désastres, la décision n’étant souvent emportée que par des circonstances très favorables ou des efforts extraordinaires des équipes sur le terrain. »