Le genre : scandaleuse insignifiance.
J’ai déjà eu l’occasion de démonter certains arguments foireux de “climatosceptiques” (mot idiot mais commode en première approche), notamment en disséquant une conférence de Vincent Courtillot, scientifique bien plus gradé que moi mais tellement obsédé par l’idée de démontrer l’influence prépondérante du Soleil sur le climat (pour prouver l’influence minime de l’homme) qu’il est devenu célèbre malgré lui par un article intitulé “Are there connections between the Earth’s magnetic field and climate?” où il fit avec ses coauteurs un calcul supposant implicitement que la Terre était un disque noir orienté vers le Soleil. Gênant pour le directeur de l’Institut de Physique du Globe, ainsi que pour le comité de lecture de la revue Earth and Planetary Science Letters qui laissa passer une telle boulette ; cette mésaventure lui valut d’ailleurs l’affectueux sobriquet de Chevalier de l’Ordre de la Terre Plate.
Logiquement, j’ai donc eu du mal à ne pas m’intéresser au “sulfureux” ouvrage (comme disent les journalistes obéissants, courbant préventivement la nuque au cas où) de Philippe Verdier, ex-Monsieur Météo de France 2 et viré de cette même chaîne en raison précisément de ces écrits jugés “climatosceptiques”. Même si, bien entendu, je ne m’attendais pas à devoir fournir les mêmes efforts intellectuels que ceux nécessaires pour montrer que Vincent Courtillot ne captait strictement rien aux articles de dendroclimatologie utilisés pour appuyer sa thèse. Eh oui, un article scientifique, c’est beaucoup de travail pour son auteur, mais aussi un travail conséquent pour les lecteurs, surtout lorsqu’ils ne sont pas familiers du champ de recherche concerné – ce qui était mon cas.
La lecture de Climat Investigation ne m’a pas demandé beaucoup d’efforts : on est loin d’une thèse de doctorat, le niveau scientifique étant même parfois limite. Ainsi, l’auteur ne semble pas avoir assimilé la notion de poussée d’Archimède, puisqu’il écrit page 50 :
“Le niveau des mers et des océans augmente régulièrement en raison de deux phénomènes : la dilatation due au réchauffement et la fonte de la banquise.”
Eh non, M. Verdier ! Si la dilatation thermique est bien l’une des causes de la montée des eaux (et même la principale), la fonte de la banquise (c’est-à-dire d’une couche de glace qui se forme à la surface d’une étendue d’eau) ne saurait en être une autre, puisqu’une glace qui flotte sur l’eau laisse le niveau de cet eau parfaitement inchangé lorsqu’elle fond, comme l’avait déjà compris Archimède dès le troisième siècle avant Jésus-Christ !
L’erreur ne semble pas être une simple coquille puisqu’on retrouve le même faux raisonnement plus loin, page 186 :
“La capitale thaïlandaise s’effondre progressivement. Venise est plus près de nous un exemple similaire, fragilisée par les vibrations et le poids d’immenses paquebots de croisière qui longent la place Saint-Marc.”
Pour les vibrations, peut-être ; mais ce qui est certain, c’est que le poids des paquebots est strictement égal à celui de l’eau qu’ils déplacent, et dont le niveau ne monte pas sur leur passage ! Archimède aurait pu lui expliquer cela, s’il avait eu connaissance des paquebots de croisière…
En dehors de ces faux-pas, et de quelques autres moins grossiers (p. 221, Philippe Verdier reprend l’argument maintes fois répété, mais faux, selon lequel la fermeture de centrales nucléaires en Allemagne a entraîné l’augmentation de la consommation de charbon pour produire l’électricité), Climat Investigation, en dépit d’une campagne de lancement aux accents de scandale (“licencié par France Télévisions” bien en évidence sur la tête de l’auteur en première de couverture, et “les dessous d’un scandale planétaire” comme titre de quatrième de couverture), débite pour l’essentiel des évidences et des constatations de bon sens.
La regrettable collusion entre science et politique au sein du GIEC ? Ce n’est pas une “théorie du complot”, ce sont les règles mêmes de fonctionnement de cet organisme qui l’attestent, puisque si les rédacteurs des énormes rapports ne font que compiler la littérature scientifique internationale sur le climat (rédigée par des scientifiques dont on ne peut pas a priori remettre en cause l’indépendance), les “Résumés à l’intention des décideurs” , seuls documents vaguement lus tant les autres sont indigestes et obèses, sont approuvés ligne à ligne par les gouvernements.
Le climat, un problème écologique parmi d’autres et certainement pas le plus urgent ni le plus meurtrier ? Une évidence pour quiconque est capable de faire la différence entre l’atmosphère des villes et celle des campagnes, d’être conscient des ravages de l’agrochimie sur notre santé et celle des sols, ou sait reconnaître dans les grandes inondations ou les grandes tempêtes, présentées comme autant de “catastrophes climatiques”, non le signe d’un climat en furie mais d’abord celui de l’irresponsabilité des élus locaux, accordant des permis de construire en zones inondables, sur un littoral depuis toujours à la merci de la mer et bétonnant des sols qui agissent comme autant de toboggans pour des rivières en crue qu’aucune haie ne vient freiner.
Le climat, simple moyen de promotion personnelle pour des politiques aux propos d’autant plus excessifs qu’ils n’y comprennent rien (de la “poêle à frire” de Rocard aux “500 jours pour le climat” de Fabius) ? Là encore, rien de bien neuf, et la confirmation que le ridicule ne tue pas, surtout en politique. Tout au plus lira-t-on quelques indiscrétions d’arrière-cour sur la rivalité Fabius-Royal (p. 103) et ses conséquences sur une communication calamiteuse autour du problème climatique… que Philippe Verdier n’ignore pas, bien au contraire. Ainsi dès la page 35, il écrit :
“Il n’est pas question de contester le réchauffement déjà avéré, dont l’ampleur s’intensifiera certainement. Il convient plutôt de s’interroger sur la puissance de lanceur d’alerte du GIEC.”
Non seulement l’auteur ne nie pas le changement climatique, mais il s’insurge contre l’inefficacité de ceux qui prétendent lutter contre ! Certes, il présente dans deux chapitres une vision positive du changement climatique, mais il le dit lui-même, c’est pour prendre délibérément le contrepied du catastrophisme ambiant et non avec la prétention de faire un bilan neutre à caractère scientifique (p. 191) :
“J’ai délibérément opté pour un parti pris iconoclaste et quelque peu provocateur dans le but de rétablir des vérités et nous permettre d’apprécier aussi les bénéfices d’un climat plus chaud.”
Que Philippe Verdier ait été présenté dans de nombreux media comme “climatosceptique”, et qu’il ait pu être pour cette raison viré de France Télévisions, en dit long sur le degré d’irrationnel qui imprègne ces “grands” media. Ce n’est plus de la chasse aux sorcières, c’est de la chasse aux fantômes de sorcières ! Faire du buzz avec du vide (ce livre étant un non-événement qui décevra les amateurs de révélations fracassantes), et ne surtout pas parler (ou juste à la marge) des vrais sujets sérieux comme la stérilisation des sols par l’agriculture intensive, telle semble être la ligne de conduite des plus visibles de nos media. Qu’ils ne s’étonnent pas que leur audience s’effondre et que leur crédibilité périclite !
Ceux qui voudront en apprendre davantage sur les excès de la monoculture médiatique du CO2, présenté comme le grand diable entraînant l’humanité à sa perte, pourront avantageusement éviter l’achat de Climat investigation pour le remplacer par La dictature du carbone de Frédéric Denhez, ouvrage pas le moins du monde “climatosceptique” lui non plus, mais autrement plus écrit et documenté que le précédent, et démontrant fort bien les ravages de la simplification à outrance des problèmes écologiques en un seul indicateur, alors qu’ils sont toujours complexes et multifactoriels.
Avec en filigrane la véritable raison de cette dictature du carbone : celle qui ne veut pas dire son nom, celle qu’il vaut mieux ne pas évoquer sous peine d’être taxé d’ “antisémite”, la dictature de la finance !
le sexe climatique des anges.
https://www.dedefensa.org/article/le-climat-phg-ddeorg
Pas sûr d’avoir tout compris de cet article, mais merci quand même !
si je puis me permettre: l’auteur ne joue pas le jeu pour/contre l’hypothèse du changement climatique du fait des activités humaines (sic), notamment hausse de la concentration des gaz à effets de serre ; l’auteur explique que pour lui l’effondrement du monde est une évidence, et que les changements climatiques présents et à venir n’en sont qu’une manifestation parmi d’autres.
. surtout que le débat est biaisé: le réchauffement climatique est dû aux activités du Système plutôt qu’aux activités humaines. c’est donc le Système qui est en cause, pas les hommes.
citation: **détail “opérationnel” : si j’ai tendance à prendre en compte, sans me battre pour elle, certes, la thèse des pro-“réchauffement climatique…”, c’est d’abord parce que c’est elle qui me rapproche le plus d’une mise en accusation du Système.**
. **Je parle, moi, du Système et pas du climat, car c’est lui, le Système, qui règne et règle tout dans les conditions que je décris par ses caractères (son hermétisme, son monopole de surpuissance), et qui constitue les données essentielles de ma réflexion. Si les climatosceptiques l’“emportaient” (hypothèse farfelue, que j’évoquais dans dde.crisis pour l’image développée, car personne n’emportera rien dans ce débat), cela ne signifierait pas que le climat est conforme à leurs calculs fiévreux mais que l’équilibre au sein du Système a penché vers eux, c’est tout, et cela sans que le Système ne change rien de sa course**
philippe grasset a, il faut le dire, des concepts bien à lui, qu’il utilise pour tamiser les événements qui se déroulent sous nos yeux. avantages et inconvénients?
tous les concepts du glossaire sont intéressants mais deux retiennent mon attention vis-a-vis de vos billets sur ce site internet:
https://www.dedefensa.org/article/glossairedde-le-trou-noir-du-xxeme-siecle
https://www.dedefensa.org/article/glossairedde-verite-de-situation-verite
autre point de vue:
https://reporterre.net/On-accorde-trop-d-attention-au-climat-par-rapport-aux-autres-questions
Merci pour cet éclairage !