La guerre de l’information fait rage, et les coups sont tellement bas que beaucoup de naïfs le sont de moins en moins. La crise de la Covid-19, cette maladie étrange pour laquelle les masques respiratoires étaient inutiles en plein pic épidémique avant de devenir obligatoires une fois l’épidémie passée, et pour laquelle les médecins n’ont pas le droit de soigner leurs patients — mais sont invités à en euthanasier certains sans formalités — a largement contribué à déniaiser une grande frange de la population.
Le “terrorisme islamique” n’a pas encore bénéficié des mêmes remises en cause à grande échelle : beaucoup de nos concitoyens n’ont pas encore compris que ce qui s’accélère depuis le 11-Septembre, ce foutage de gueule planétaire, n’est pas piloté par des musulmans mais par leurs ennemis (et par les ennemis de l’humanité de manière générale que sont tous les fauteurs de guerre adossés au lobby militaro-industriel). Bien sûr, ceux qui émettent quelques réserves sur l’authenticité de ce terrorisme (ou son autonomie) sont immédiatement taxés de “complotistes” (le rabbin Touitou1 l’est-il ?), mais il en va de même pour ceux qui osent dirent la vérité sur les refus de soins imposés par nos autorités, ou les liens étroits de ces mêmes autorités avec de grands laboratoires pharmaceutiques… alors profitons-en, puisque grâce à eux le “complotisme” est devenu maintenant un gage d’intelligence et d’esprit critique !
Les media dominants, obligés de renchérir dans le mensonge, sont en déroute, les alternatifs ont le vent en poupe — d’où les censures et campagnes de calomnies dont ils sont victimes — mais qu’en est-il de l’information qui circule “sous les radars”, dans les conversations privées, orales ou écrites ? Ayant la chance d’échanger des messages avec quelques personnes de haute qualité intellectuelle, bien loin de l’image-repoussoir de désaxés coupés du monde qu’on essaie de coller aux “complotistes” moyens, je peux affirmer qu’on y apprend beaucoup de choses, et qu’on peut ainsi combler rapidement ses propres lacunes sur bien des sujets. C’est la raison pour laquelle je souhaite ici donner un exemple de ces échanges “en petit comité”, avec la permission de l’auteur, dont l’identité importe peu mais dont je peux certifier la position sociale tout à fait respectable, et la grande culture. Si les “sachants” (qui ne sont pas ceux présentés comme tels par les media de grand chemin) se mettent à parler et à être entendus, peut-être pourrons-nous aller vers un monde meilleur. Mais il y a du travail.
Mon cher C.,
Je crois surtout qu’il ne faut pas se tromper de guerre, ne pas se tromper de combat. L’immense majorité du monde arabo-musulman ne veut que vivre en paix avec le reste de la planète, loin du terrorisme et de l’extrémisme. Je connais bien ce monde, où tu sais que je me rends souvent. Il ne faut pas lui faire la guerre, il faut lui faire la paix, voire, si tu me permets cette petite familiarité, lui fiche la paix.
Nous avons d’ailleurs été en paix pendant des siècles avec le monde arabo-musulman, et avons même partagé une alliance privilégiée de quatre siècles, depuis François Ier et Soliman le Magnifique, jusqu’à la Première Guerre mondiale, avec l’Empire ottoman.
La seule et unique guerre qu’il nous faille mener est pour la victoire de la vie, dans le cadre de la nation à laquelle il nous a été donné d’appartenir. Aucune autre guerre n’a de sens, même si cette guerre est protéiforme et sans doute en éternel recommencement.
L’apparition du terrorisme fait partie des avatars de la guerre d’aujourd’hui. On ne lutte pas plus contre le terrorisme que contre toute autre technique de guerre ; on lutte en revanche contre des terroristes, qui sont les exécutants, selon une formule célèbre, d’une « politique menée par d’autres moyens ».
À cette fin, il est urgent de retrouver, de refaire, de restaurer, de rebâtir une alliance de paix avec le monde arabo-musulman. C’est son intérêt et c’est le nôtre. C’est sa survie et c’est la nôtre qui sont en jeu.
Comment est-on passé de cette ancienne alliance privilégiée à la féroce détermination des terroristes ? Sans connaître et démonter ce processus, on n’arrivera à rien.
Rappeler sans cesse que l’islam est né dans la violence – ce qui est vrai – revient à occulter tout le travail de construction ultérieur de la civilisation arabe. Le Coran, dont les contradictions sont nombreuses, a ainsi fait l’objet au fil du temps d’une masse énorme de commentaires théologiques – plus que la Bible et les Évangiles réunis –, conduisant ses adeptes à un modus vivendi entre soi d’abord, avec le reste du monde ensuite.
La rupture de cet équilibre civilisationnel a naturellement des causes multiples que je ne peux développer dans un simple courriel. Je ne considérerai que ce qui a trait à la violence terroriste qui nous intéresse au premier chef ici. Les étapes de ce processus gagnent à être mieux connues :
- la remise en cause de l’interprétation du Coran, à partir du XIXe siècle, sous l’influence des sociétés de pensée européennes, nombreuses à s’implanter dans l’Empire ottoman vieillissant, qui œuvraient au dépassement de la religiosité formelle et dogmatique, et partant à l’abandon de ses exégètes traditionnels. Cette entreprise de réformisme a paradoxalement conduit au retour aux seuls textes fondateurs (comme pour le protestantisme, à la Renaissance, en milieu chrétien). Le germe du salafisme (qui ne disait pas encore son nom) est là. Merci la Maçonnerie…
- la fin du califat ottoman (1924) a privé le monde musulman d’une direction religieuse autant que politique. La fondation, en Égypte britannique, des Frères musulmans (1926) s’est fixé deux objectifs principaux : l’un, religieux, restaurer le califat, et lui donner cette inflexion idéologique de retour à un islam primitif faussement idéalisé ; l’autre, politique, faire, pour atteindre cet objectif, de l’entrisme dans les nouvelles institutions politiques issues du démembrement de l’Empire ottoman, à l’instar de ce que font les Maçons dans les États européens. Hassan’ el-Banna, fondateur de la confrérie, et Sayyed Kotb, son plus célèbre théoricien, étaient d’ailleurs maçons tous les deux. L’appellation de « frère » musulman n’est pas venue toute seule.
- cette nouvelle confrérie politico-religieuse a immédiatement suscité l’intérêt des Britanniques, qui y ont vu un double outil d’influence et de manipulation. La religion comme contrepoids aux revendications sociales et à la gauche politique ; le califat comme contrepoids à l’émergence de la modernité de l’État-nation, incarnée par l’influence française, et comme biais à leur propre objectif d’intégrer une telle institution supranationale proche-orientale à l’empire colonial britannique (ancêtre et modèle de la mondialisation).
- l’activisme des Frères musulmans a repris après la Deuxième Guerre mondiale, toujours sous pression britannique. Il a été combattu par Nasser, par la Résistance palestinienne et par les partis Baas de Syrie et d’Irak. Il a été soutenu par l’Arabie séoudite, à l’idéologie comparable, qui a accueilli et protégé les Frères musulmans qui fuyaient la justice égyptienne et l’armée syrienne, après des tentatives de coup d’État. Les revenus pétroliers de l’Arabie ont également servi à donner de gros moyens à la propagande ouahhabite partout dans le monde musulman, au détriment de l’islam conservateur pratiqué jusque là. Les prédicateurs salafistes de nos banlieues sont le prolongement de cette active diplomatie religieuse séoudienne.
- les Américains ont donné un tour nouveau à l’activisme des militants intégristes (Frères musulmans et ouahhabites), lorsqu’ils ont décidé de les militariser pour mener la guerre d’Afghanistan.
- les terroristes d’aujourd’hui sont le recyclage des djihadistes militarisés par les États-Unis dans les années 70 et devenus depuis mercenaires du chaos. Chaos pensé comme nécessaire par une oligarchie très éloignée de l’islam, pour permettre l’accouchement d’un nouvel ordre mondial à son profit, et qui use de la stratégie du choc des civilisations pour emporter tant le monde arabo-musulman que l’Europe post-chrétienne, et la France en particulier, dans une même destruction. Sur certains terrains d’activités, les djihadistes ont même fait leur jonction avec le grand banditisme.
La production exécutive, comme on dit dans le cinéma, de cette oligarchie a son siège aux États-Unis, dans ce qu’il est convenu d’appeler « l’État profond » – expression venue d’ailleurs du turc (derin devlet), où elle servait à désigner autrefois les réseaux révolutionnaires kémalistes au moment de leur prise de pouvoir. Les commanditaires, eux, ne sont pas nécessairement aux États-Unis mais sont liés entre eux par le même messianisme prométhéen et la même soif de pouvoir et de lucre.
Tout ouvrage sur une « guerre à gagner » qui n’intégrerait pas ces données – quitte, naturellement à les énoncer plus pédagogiquement et plus précisément que je ne l’ai pu faire ici – mais qui en rajouterait au contraire sur l’islam « intrinsèquement pervers », n’apporterait qu’une inutile diversion.
Je serai très heureux d’avoir ton avis pour savoir si c’est le cas de l’ouvrage en référence.
Amitiés,
P.
- par ailleurs conseiller municipal du parti Shass dans la ville d’Ashdod