Dans un monde où les “antifascistes” utilisent la terreur et la violence qu’on attribuait jadis aux fascistes, où les “antiracistes” se recrutent chez les racistes les plus extrêmes (des Blancs qui se croient membres d’une classe à part supérieure à celle des autres Blancs) et interdisent de critiquer le seul État encore ouvertement raciste sur la planète, où pour faire la “guerre au terrorisme” on crée de toutes pièces une armée de mercenaires fanatisés qu’on forme, finance et pourvoie en drogues diverses, il est bon de rappeler aux plus jeunes n’ayant pas connu l’époque de l’Union Soviétique qu’il n’en a pas toujours été ainsi, et que l’équilibre des superpuissances, s’il eut des conséquences fâcheuses en termes de course à l’armement, eut aussi des retombées politiques heureuses en permettant au sein de l’ONU d’appeler un chat un chat.
Ce qui reste encore possible, mais rarement sous forme d’une résolution adoptée en assemblée générale, bien trop de nations – dont la France – étant désormais gouvernées par des mafias sans foi ni loi, ne servant que leurs intérêts égoïstes et certainement pas un projet politique visant le bien commun.
Revenons donc un instant 42 ans en arrière. Le 10 novembre 1975, au cours de sa 2400ème séance plénière, l’Assemblée générale des Nations unies adopte la résolution 3379, intitulée “Elimination de toutes les formes de discrimination raciale” et dont le texte est le suivant :
“L’Assemblée générale,
Rappelant sa résolution 1904 (XVIII) du 20 novembre 1963, dans laquelle elle a proclamé la Déclaration des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale et, notamment, a affirmé que “toute doctrine fondée sur la différenciation entre les races ou sur la supériorité raciale est scientifiquement fausse, moralement condamnable, socialement injuste et dangereuse” et s’est déclarée alarmée devant les “manifestations de discrimination raciale qui se constatent encore dans le monde, dont quelques-unes sont imposées par certains gouvernements au moyen de mesures législatives, administratives ou autres”,
Rappelant également que, dans sa résolution 3151 G (XXVIII) du 14 décembre 1973, l’Assemblée générale a condamné en particulier l’alliance impie entre le racisme sud africain et le sionisme,
Prenant note de la Déclaration de Mexico de 1975 sur l’égalité des femmes et leur contribution au développement et à la paix1, proclamée par la Conférence mondiale de l’Année internationale de la femme, tenue à Mexico du 19 juin au 2 juillet 1975, qui a promulgué le principe selon lequel “la coopération et la paix internationales exigent la libération et l’indépendance nationales, l’élimination du colonialisme et du néo-colonialisme, de l’occupation étrangère, du sionisme, de l’apartheid et de la discrimination raciale sous toutes ses formes, ainsi que la reconnaissance de la dignité des peuples et de leur droit à l’autodétermination “,
Prenant note également de la résolution 77 (XII), adoptée par la Conférence des chefs d’État et de gouvernements de l’Organisation de l’unité africaine, à sa douzième session ordinaire2, tenue à Kampala, du 28 juillet au 1er août 1975, qui a estimé “que le régime raciste en Palestine occupée et les régimes racistes au Zimbabwe et en Afrique du Sud ont une origine impérialiste commune, constituent un tout et ont la même structure raciste, et sont organiquement liés dans leur politique tendant à la répression de la dignité et l’intégrité de l’être d’humain”,
Prenant note également de la Déclaration politique et de la Stratégie pour renforcer la paix et la sécurité internationales et renforcer la solidarité et l’assistance mutuelle des pays non alignés3, adoptée à la Conférence de ministres des affaires étrangères des pays non-alignés tenue à Lima, du 25 au 30 août 1975, qui a très sévèrement condamné le sionisme comme une menace à la paix et à la sécurité mondiales et a demandé à tous les pays de s’opposer à cette idéologie raciste et impérialiste,
Considère que le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale.”
Cette résolution restera en vigueur jusqu’au 16 décembre 1991 où elle fut révoquée par la résolution 46/86 dont le texte est des plus économes :
“L’Assemblée générale décide de déclarer nulle la décision contenue dans le dispositif de sa résolution 3379 (XXX) du 10 novembre 1975.”
Il n’est pas utile ici de discuter en long et en large le bien-fondé de la résolution 3379, tant il paraît couler de source : Israël se définit lui-même comme un “État juif”, garantit à toute personne juive le droit d’immigrer en Israël par la mal nommée “loi du retour“, et définit le caractère juif d’une personne en fonction de ses ancêtres, ce qui est l’essence même du racisme. Certes selon la Halakha on peut aussi devenir juif par conversion4 ; mais cela ne fait que rajouter une possibilité de discrimination religieuse à une discrimination raciale. Ceux qui aiment se torturer l’esprit avec des questions stériles pourront en apprendre plus ici.
On peut aussi souligner qu’une distinction très nette est faite en Israël entre citoyenneté et nationalité, qui conduit à séparer la population israélienne en catégories très distinctes voire opposées : ainsi, le service militaire est obligatoire pour les hommes et les femmes de “nationalité juive”, mais interdit pour toute personne de “nationalité arabe”. Ce seul exemple devrait suffire à ridiculiser tous les discours sur la “seule démocratie du Moyen-Orient”… mais le ridicule ne tue pas, on l’observe quotidiennement. On pourrait aussi ajouter à la discrimination positive envers les juifs à l’intérieur d’Israël une discrimination négative implicite envers eux à l’extérieur : car, s’il existe un “État juif” (ou même seulement un État pour les juifs), n’est-ce pas dire qu’en dehors de cet État, les juifs ne sont pas vraiment chez eux ?
Laissons donc de côté l’enfoncement de portes ouvertes pour essayer de comprendre comment la résolution 3379 a pu être abrogée, car il s’agit bien sûr d’un rapport de forces géopolitiques et de rien d’autre, le sionisme n’étant pas subitement – ni même progressivement – devenu plus fréquentable en 1991 : on peut même penser que d’année en année, depuis le plan de partage de la Palestine voté le 29 novembre 1947 par l’ONU, il rend plus plausible la sombre prophétie faite par Einstein en 1948.
Les détails du vote de la résolution 3379 (visibles sous une forme moins rébarbative ici, et sous forme de carte ci-dessous) sont assez instructifs : en gros, “l’Occident” (qui inclut l’Australie) a voté contre ; l’Union Soviétique, l’Afrique, l’Asie et l’Amérique du sud, plus le Mexique et Cuba, ont voté pour ; et la résolution elle-même a été soutenue par des pays arabes ou “non-alignés” : Afghanistan, Algérie, Arabie Saoudite, Bahreïn, Cuba, Dahomey, Égypte, Émirats Arabes Unis, Guinée, Irak, Jordanie, Koweït, Liban, Libye, Maroc, Mauritanie, Oman, Qatar, Somalie, Soudan, Syrie, Tunisie, Yémen.
Il s’agit donc d’un vote des “petits” ou des “pauvres” contre les “riches”, avec l’approbation de la grande puissance alliée des non-alignés : l’Union Soviétique. La création de “l’État d’Israël”, comme nous l’avons déjà vu, n’étant que le dernier avatar du colonialisme occidental, très intéressé par le contrôle des ressources pétrolières du Moyen-Orient, et grossièrement maquillé en réparation des crimes nazis envers les juifs, il n’est pas étonnant de voir les soutiens du projet sioniste voter massivement contre la résolution, tout en donnant certainement des leçons d’antiracisme à leurs heures perdues.
En 1991, le monde a beaucoup changé et surtout, l’Union Soviétique est en train de rendre son dernier souffle. L’arrêt cardiaque n’est officiellement consigné que le 26 décembre mais l’ivrogne Boris Eltsine, élu le 29 mai 1990 président du Soviet suprême de la République socialiste fédérative soviétique de Russie, a déjà considérablement accéléré l’agonie à la date de la résolution 46/86, le 16 décembre soit dix jours seulement avant la disparition officielle de l’URSS. Et de nombreuses républiques fédérées ont proclamé leur indépendance depuis le début de l’année 1990.
Les “non-alignés” sont donc orphelins, et l’ogre impérialiste occidental compte bien sauter sur l’occasion pour se refaire une virginité morale à l’ONU, aussi vaine que puisse paraître cette tentative. Les résultats détaillés du vote de la résolution 46/86 sont conformes au nouveau paysage géopolitique : la totalité des Amériques – sauf Cuba – non seulement vote pour la résolution mais la soutient, de même que l’Europe et le futur-ex-empire soviétique, le Japon et la Corée du Sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et quelques États africains.
On pourrait sourire – surtout quand comme moi on apprécie particulièrement le comique de l’absurde – en constatant qu’une résolution prétendant “éliminer le racisme et la discrimination raciale” doive être votée pour annuler une précédente qui entendait “éliminer toutes les formes de discrimination raciale”. Le principe de non-contradiction étant à la base de tout raisonnement, on se dit qu’on nous prend peut-être pour des ânes. Et aux dernières nouvelles, ça ne s’arrange pas, le Dr Kalifat, expert en physique et intermittent de la psychiatrie, ayant des doléances pressantes.
Mais l’empire n’est jamais aussi flamboyant qu’à la veille de sa chute, et ses dirigeants jamais plus aveugles et sourds que lorsque leurs palais les coupent de toute réalité. Et surtout, aucune idéologie établissant une hiérarchie entre groupes humains ne peut se maintenir durablement, au rythme où circule l’information5 au sein des 99% de l’humanité qui commencent à se dire qu’on ne les y reprendra plus, et qui ne pensent plus le monde en termes de races depuis belle lurette. Les délires de quelques-uns ne peuvent plus passer pour de la sagesse mais seulement pour les cas psychiatriques graves qu’ils sont.
On peut mentir à une personne tout le temps, à tout le monde de temps en temps, mais jamais à tout le monde tout le temps.
- Rapport de la Conférence mondiale de l’Année internationale de la femme (publication des Nations Unies, numéro de vente : F.76.IV.1), chap. I.
- Voir A/10297, annexe II.
- A/102197 et Corr. 1, annexe, p. 3.
- et une fois juif, on le reste éternellement quoi qu’on fasse, ce qui dénote une conception singulière du libre-arbitre…
- de toute nature : je ne juge pas ici de sa pertinence
Je vous fais l’éloge de la raison dure …avec brillance à chaque article..y compris celui-ci
Le sionisme n’a pas changé de nature depuis cette résolution de 1991, qui abrogea celle de 1975.
Aucune résolution de l’ONU ne changera la nature profondément raciste de cette idéologie suprémaciste.
Les crimes de masse dont Israël, s’est rendu coupable depuis sa création sont autant de crimes imprescriptibles dont cet État raciste aura un jour à rendre compte ….
A l’égal de l’effroyable et très imparfaite imposture du 11 Septembre 2001 !