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Pourquoi “ISIS” tourne-t-il ses vidéos en studio ?

otages japonaisPoursuivant son feuilleton débuté avec James Foley en août 2014, les productions de “l’État Islamique” (notez les guillemets) ont le 20 janvier 2015 terrorisé le Japon avec une vidéo menaçant d’exécuter deux otages, et en ayant depuis (samedi 24) annoncé l’exécution de l’un d’entre eux, Haruna Yukawa (à droite sur l’image). Dans la vidéo montrant les deux otages vivants, on retrouve le même décor désertique que celui utilisé depuis la menace d’exécution de James Foley.

Mais une question se pose : pourquoi cette vidéo a-t-elle été réalisée en studio alors que les terroristes disposent de vastes étendues tranquilles et ensoleillées ? Les ombres sur les personnages, en particulier au niveau du cou, trahissent en effet deux directions d’éclairage différentes, comme l’ont relevé de nombreux experts… ou de simples observateurs anonymes. Or ceci est strictement incompatible avec un éclairage direct en lumière solaire, dont chacun sait que les rayons sont parallèles.

otages japonais analyse photo

analyse d’images par The Japan News

Autre détail saugrenu : l’otage exécuté, Haruna Yukawa, portait un prénom… féminin, comme une simple recherche d’images permet de le confirmer. L’explication, surprenante, se trouve dans cet article du 27 août 2014 de Reuters, dont le titre peut se traduire comme suit : Un homme brisé vivant de rêves entraîne le Japon dans le drame des otages de Syrie. Cet homme n’est autre que Haruna Yukawa. On peut lire en particulier :

Changes in Yukawa’s life in suburban Tokyo had been fast and disorienting. Over the past decade, he had lost his wife to lung cancer, lost a business and his house to bankruptcy and been forced to live in a public park for almost a month, according to Yukawa’s father and an online journal he maintained.

The hard times led to soul searching. By his own account, he had changed his name to the feminine-sounding Haruna, attempted to kill himself by cutting off his genitals and came to believe he was the reincarnation of a cross-dressing Manchu princess who had spied for Japan in World War Two.

 

Ce qui se traduit approximativement par :

Les changements dans la vie de Yukawa dans une banlieue de Tokyo ont été rapides et perturbants. Au cours de la dernière décennie, il perdit sa femme décédée d’un cancer du poumon, fit faillite, perdit sa maison et fut forcé de vivre dans un parc public pendant presque un mois, selon son père et un journal en ligne qu’il tenait.

Ces moments durs le conduisirent à se chercher une âme. De son plein gré, il changea son prénom pour le prénom féminin Haruna, tenta de se suicider en se sectionnant les parties génitales et finit par croire qu’il était la réincarnation d’une princesse travestie mandchoue qui avait servi d’espionne pour le Japon pendant la deuxième guerre mondiale.

 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce profil psychologique ne court pas les rues. Plutôt le genre d’individu désespéré que peut recruter une puissante mafia pour des missions à haut risque, en lui laissant miroiter un possible changement total de vie et d’identité.

Étrange, étrange… déjà, pour la vidéo de James Foley, dont on a rapidement su les liens étroits avec la CIA, le recours à des effets spéciaux bas de gamme de série Z, et l’absence totale de la moindre goutte de sang pendant la “décapitation” (en fait un égorgement simulé), alors même que les preuves de la barbarie des véritables fanatiques islamistes abondent, toutes ces bizarreries avaient suscité de nombreux commentaires critiques, voire carrément hilares, sur le net.

Mais finalement pas plus hilares que la soeur de James, Katie, interrogée ainsi que son frère Michael par Yahoo juste après la “décapitation”, et qui se marre comme une baleine durant l’interview malgré les efforts désespérés de la journaliste pour prendre une tête d’enterrement. Amusant aussi, le cadre qui tombe du mur durant l’entretien, comme dans un studio de cinéma où l’accessoiriste aurait un peu bâclé le travail (vidéo en anglais, mais le comique de situation est international) :

Beaucoup ont également remarqué que l’organisme ayant diffusé la vidéo de décapitation de l’américano-israélien Steven Sotloff (le deuxième dans la liste, après Foley), SITE Intelligence, dirigé par Rita Katz, s’était déjà distingué en publiant des photos de Ben Laden complètement bidon. Deuxième vidéo en anglais (eh oui il faut bosser à l’école), avec en bonus un tutoriel pour réaliser soi-même une vidéo de décapitation sans faire de mal à personne (n’oubliez pas de crier “À la ouaque barre” pour faire plus vrai) :

Décidément, les productions des studios de l’ISIS – ISIL – EIIL – Daech (whatever you want) n’en finiront pas de nous surprendre.

3 commentaires sur “Pourquoi “ISIS” tourne-t-il ses vidéos en studio ?

  1. Avant toute chose, je vous prie de bien vouloir m’excuser de ce commentaire bien tardif ….
    Pour autant, je tient par soucis d’exactitude, a préciser contrairement a ce qui est souvent écrit, la photo du bourreau et de ses deux otages, bien qu’étant un “fake” manifeste, n’a probablement pas été sur fond vert pour être truquée ensuite sur ordi. D’une part parce que cette opération est plus complexe qu’il n’y parait a bien réussir, lorsqu’il s’agit de photographier en studio, et en lumière(s) artificielles, des éléments qui devront être replacer dans un décors extérieur naturel. Et d’autre part parce que si tel était le cas, alors il ne devrait pas y avoir d’erreurs d’ombres ( a moins d’être très bête !). Je penche juste pour une autre solution : tout le monde ne devais pas être présent au bon endroit au même moment. Les auteurs de la photo ont du prendre les deux premiers personnages sur la gauche dans un premier temps, attendre que le troisième soit arrivé pour le photographier sans avoir trop bougé l’appareil photo, et composer le tout sur un logiciel adéquate. Cela explique que les ombres aient bougées….
    cordialement

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