Un peu de publicité : après avoir traité le thème de l’énergie en 2019-2020 (et ses nombreuses implications géopolitiques) et celui des images en 2020-2021 (histoire de prendre un peu de recul face au déluge d’images qui nous submerge), je vais traiter pour la saison 2021-2022 le thème de l’obscurantisme, plus précisément celui qui se cache sous les habits de la science (ou du scientisme).
La crise “sanitaire” nous donne en effet de beaux exemples de discours prétendument scientifiques qui sont la négation même de la science, certes souvent motivés par l’appât du gain voire – selon les interprétations les plus osées, hélas de plus en plus vraisemblables – par des projets carrément hostiles à la grande majorité de l’humanité, mais cette explication n’est pas la seule : nous essaierons de voir comment la science porte aussi, en elle-même, par ses outils ou son organisation sociale, les germes de dérives obscurantistes qui peuvent donner lieu à de puissants délires “de bonne foi”. Et pas uniquement en matière de médecine, bien entendu, puisque ce n’est pas mon domaine.
La formation étant en ligne, elle s’adresse à toute personne comprenant le français et disposant d’une connexion internet, capables de m’écouter parler devant un écran d’ordinateur pendant 2 h à raison de 6 samedis dans l’année (premier cours le 16 octobre). Inscrivez-vous nombreux (avant le vendredi 10 septembre !), j’essaierai d’être à la hauteur des événements qui nous assaillent ; dans les discours ambiants souvent à prétention scientifique, il est en effet plus utile que jamais de savoir repérer ceux qui méritent d’être vus comme des obstacles au savoir.
Mortalité hebdomadaire en Suisse, 2015-2020. Malgré les efforts des autorités helvétiques pour mal gérer la crise, on peine à distinguer la catastrophe Covid-19 de, par exemple, la grippe saisonnière 2016-2017 (qui occasionna en France une surmortalité d’environ 21 000 décès contre un peu plus de 28 000 à ce jour pour la Covid-19).
[Note (longue) de l’administrateur de ce blog : en lançant une offensive à coups de millions de dollars, Big Pharma pensait avoir la peau de l’hydroxychloroquine, ce médicament gênant car ne rapportant rien. Grossière erreur : la fameuse étude du Lancet, dont on n’arrête pas d’entendre parler depuis quelques jours, et qui a même poussé Olivier Véran — dont le ministère avait qualifié les propos du Pr Raoult de “fake news” avant de se rétracter — à interdire le 27 mai par décret la prescription d’hydroxychloroquine pour le traitement de la Covid-19, s’avère finalement une fraude des plus grossières, dont les auteurs — ayant comme il se doit des conflits d’intérêts majeurs avec l’industrie pharmaceutique — n’ont même pas pris soin de masquer de façon crédible leurs manipulations. Ce qui pourra rappeler quelque chose, dans un autre domaine, aux lecteurs de ce blog.
Comme il ne cesse de le faire depuis le début de cette crise sanitaire, Jean-Dominique Michel a publié le 24 mai un article montrant une fois de plus la profondeur de la corruption dans le monde médical, presque entièrement sous le contrôle de grands groupes pharmaceutiques — ce que le rédacteur en chef du Lancet lui-même a déjà déploré. Mais cette analyse, qui en d’autres temps serait restée confinée au petit milieu des anthropologues médicaux, est aujourd’hui largement partagée par beaucoup de praticiens, et diffusée même dans de “grands” media, comme par exemple l’a fait l’ancien ministre de la santé Philippe Douste-Blazy sur BFM TV (voir vidéo ci-dessous). Celui-ci a formulé les bonnes remarques et posé les bonnes questions : comment peut-on encore guérir lorsque ceux qui ont le pouvoir pensent d’abord dollars là où le médecin fidèle à sa mission pense d’abord traitement et soin des malades ?
C’est bien le problème central en effet, et dont il faudra examiner sans tabou toutes les implications ; chasser les marchands du temple reste un programme d’actualité, même et surtout quand ce temple s’appelle le corps humain. Le “Big Data” dont l’étude du Lancet est un cas typique présente pour l’industrie pharmaceutique deux avantages : nécessitant beaucoup de moyens, ce genre d’études n’est par définition accessible qu’à ceux qui en ont, et permet ainsi d’interdire la contestation à la petite recherche indépendante ; en outre, la simple vérification des données est concrètement impossible, ce qui en fait une version moderne et scientiste, mais pas épistémologiquement supérieure pour autant, de la bonne vieille boule de cristal. Quand la fraude est trop grossière, ce qui est le cas ici, cela se voit quand même… mais pour le reste des études, menées dans une moindre urgence ?
Il faudra aussi s’intéresser aux auto-proclamés “chasseurs de pseudo-sciences”, comme le faux esprit critique et vrai dogmatique scientiste Thomas C. Durand — alias Acermendax — qui a traité Jean-Dominique Michel d’“imposteur de l’anthropologie médicale” et cru pouvoir régler son compte au professeur Raoult du haut de sa profonde ignorance de ce qu’est réellement la médecine (qui ne se fonde pas sur les statistiques, mais sur l’observation clinique et l’empirisme). Mais dans ce cas comme dans d’autres du même acabit, et contrairement au Lancet, il n’est sans doute pas nécessaire de chercher d’où vient le financement corrupteur : il s’agit plus probablement d’un enfermement de bonne foi dans une pseudo-rigueur scientifique qui n’est que la conséquence d’un formatage mental particulier. Car en développant, parfois à outrance, les outils techniques — en particulier mathématiques — pour la résolution des problèmes, la science arrive aussi à produire de nouvelles formes d’ignorance au lieu de la faire reculer.
En complément de la lecture du blog de Jean-Dominique Michel, j’invite donc chacun à écouter cette entrevue avec Philippe Douste-Blazy du 23 mai sur BFM TV, ainsi qu’une autre parue sur RT France le 26 mai où Alain Houpert, radiologue, fait à peu près le même constat.
Réjouissons-nous, malgré tout, des aspects positifs de cette crise sanitaire : un discours qui était auparavant limité à quelques lanceurs d’alerte rapidement traités de “complotistes” — je pense en particulier au professeur Gherardi ou au docteur de Lorgeril1 dans le domaine des vaccins — devient maintenant largement partagé et discuté, même si la Grosse Bertha médiatique tente encore de pilonner la vérité… ce qui aura pour conséquence inéluctable de détruire le peu de crédibilité qui lui restait.]
Les revues médicales nagent en pleine schizophrénie : d’un côté, elles font acte de contrition depuis plusieurs années quant à la médiocre qualité des recherches qu’elles publient (souvent jusqu’à en être fausses) et reconnaissent le rôle qu’elles-mêmes jouent dans ce préoccupant état de fait. Et de l’autre, elles récidivent à la première occasion, d’une manière si grossière qu’elles en viennent à se mettre, comme The Lancet actuellement, dans de sales draps. Politics make strange bedfellows disent les Anglais avec leur sens imparable de l’observation et leur humour dévastateur…
En ce qui concerne l’hydroxychloroquine, franchement, je crois que nous en avons tous un peu marre. Nous sommes actuellement dans une situation où toute certitude raisonnable est hors d’atteinte : études et contre-études se succèdent, chaque “camp” réagissant à celles qui servent sa cause comme des supporters d’un club de foot à un but marqué par leur équipe et incriminant l’arbitre à chaque but encaissé… tout ceci ne ressemblant plus beaucoup à de la science.
Chaque camp accuse l’autre de partialité voire de tricherie, notre bonne presse suisse (toujours inféodée aux intérêts dominants) ne parle que des études concluant à une absence d’efficacité du remède et une chienne n’y reconnaîtrait pas ses petits.
Tout ceci démontre, si besoin était, que nous avons perdu la capacité de la controverse intelligente : comme l’affirme avec beaucoup de finesse Arnaud Stimec, professeur à Sciences Po (Rennes), spécialiste en gestion des conflits et médiation, les désaccords et les points de vue divergents sont naturels, inévitables… et potentiellement féconds si on sait les rendre tels.
Comme j’annonçais que ce serait le cas dès début avril, nous pataugeons désormais hélas dans les scories et les dérives de la “recherche scientifique” médicale, qui permet de confusionner à l’infini et de manière stérilisante une vraie question de recherche. Qu’en plus de deux mois et demi aucun essai clinique intègre, impartial, et indiscutable n’ait été produit laisse entrevoir quelque chose de la religiosité qui aura prévalu au débat… et de l’évidente absence de volonté réelle à établir des données probantes de la part des autorités sanitaires et scientifiques.
[Note de l’administrateur de ce blog : le “Journal de Coronafoirus” est un échappatoire hebdomadaire délicieux offert par l’Antipresse à l’obscurantisme scientiste ambiant, dont je reproduis ici un extrait. Il permet non seulement de se détendre mais aussi d’entrevoir les raisons de l’effondrement prochain de la psychose COVID-19 et avec lui, des projets délirants et totalitaires d’une hyperclasse hors-sol.
L’éternel retour du réel, en somme. Et n’oubliez pas de soutenir l’Antipresse en vous y abonnant !]
2 mai 2020. Samedi. Elizabeth Holmes passait pour l’un des rares génies féminins — sinon le seul — de la Silicon Valley. On l’appelait le Steve Jobs de la médecine. Elle favorisait la comparaison en portant hiver comme été un col roulé noir, comme son modèle. Comme son modèle, elle était habitée par une idée à la fois populaire et sophistiquée qui allait révolutionner la vie de tous : elle voulait rendre l’analyse du sang universellement accessible — et même l’intégrer à l’équipement domestique. Son invention consistait à comprimer l’équivalent d’un labo d’analyses sanguines dans un boîtier à peine plus grand qu’une machine à espresso. Il suffisait de prélever une goutte de sang au bout d’un doigt, de manière quasi indolore, et Edison faisait le reste : des centaines de tests en moins de temps qu’il ne faut pour se mettre un sparadrap.
Adieu terrifiantes aiguilles, adieu fioles, adieu attentes sans fin…
Sur cette promesse, Elisabeth avait recruté une équipe de biologistes et d’ingénieurs du plus haut niveau et implanté son label Theranos à deux pas des géants de la tech. Le board de sa compagnie se composait de noms retentissants tels George Schultz, ex-secrétaire d’État à l’économie, William Perry, ex-secrétaire à la Défense, le général James Mattis, David Boies, l’un des plus redoutables avocats des États-Unis, et même le légendaire gourou de la géopolitique Henry Kissinger ! Parmi les investisseurs, l’on retrouvait des figures non moindres, à commencer par des requins de haut vol comme Rupert Murdoch et Warren Buffett. Leur foi dans son projet égalait presque la confiance qu’elle-même s’accordait. Cette poupée Barbie aux grands yeux écarquillés avait fait la couverture de tous les magazines. Elle avait levé sur les promesses de son minilabo quelque 700 millions de dollars. En 2015, à 31 ans, elle était devenue selon Forbes la plus jeune milliardaire à ne pas avoir hérité de sa fortune. Détentrice d’une moitié des actions de Theranos, elle «pesait» alors 4,5 milliards. Personne n’avait jamais fait mieux.
[Note de l’administrateur de ce blog : au moment où Alain Soral se fait, une fois de plus, condamner par une “justice” instrumentalisée au service d’associations communautaires dévouées totalement au sionisme et porteuses d’une haine inextinguible envers tout ce qui incarne “l’esprit français”, il me paraît utile de diffuser ce court extrait où l’intellectuel non-conformiste et provocateur analyse assez bien la dérive, somme toute logique dans une perspective historique longue, de l’enseignement français.
Mes propres parents, nés dans les années 20 au sein de familles pauvres d’une France rurale profonde, et devenus enseignants par la grâce d’une instruction publique laïque, obligatoire et gratuite – parfois même rémunérée à l’école normale d’instituteurs – incarnaient assez bien encore les “hussards noirs de la République” dont il est question ici. Témoins d’une évolution technique fulgurante, et ainsi convaincus par l’idée de progrès, ayant eu eux-mêmes affaire aux “scories de l’obscurantisme traditionalo-catholique”, pour reprendre les termes de Soral – ma mère, ayant perdu la sienne très jeune par la faute d’un avortement “à l’ancienne” ayant dégénéré en septicémie, fut ainsi accusée de “n’avoir pas assez prié” par les femmes du village, et forcée de porter le deuil – ils se voyaient porteurs d’une émancipation par le savoir dont ils avaient eux-mêmes bénéficié.
Bien que conscients d’une évolution négative de l’institution enseignante vers la fin de leur carrière, ils auraient sans doute eu du mal à admettre que cette dégradation avait été planifiée : comme beaucoup de Français “ordinaires” – et contrairement aux psychopathes qui persécutent Alain Soral – ils ne voyaient pas le mal partout, et ne projetaient pas sur les autres une haine ou une cupidité qui leur étaient étrangères. Il leur aurait été encore plus inconcevable d’admettre que l’université, pour laquelle ils avaient un grand respect, puisse sanctionner ceux de ses membres œuvrant contre les nouveaux obscurantismes et pour l’émancipation intellectuelle du plus grand nombre, sous la pression de lobbies aussi étrangers à leurs valeurs que criminels. Mais il leur était possible de comprendre – pour ma mère en tout cas, à l’esprit très logique et mathématique – qu’aucun avion n’avait percuté le World Trade Center le 11 septembre 2001. Mon père, lui, ne connut pas ces événements.]
La déclaration suivante a été rédigée à l’occasion d’une conférence commune de mon ami François Sebesi et moi-même, où nous tentions de remettre de façon pédagogique un peu de raison dans le discours dominant, aujourd’hui encore fortement obscurantiste, qui enveloppe les attentats terroristes du 11 septembre 2001.
Dix-huit ans déjà, et pourtant des institutions, qu’elles soient médiatiques ou même académiques, bien loin de prendre leurs responsabilités d’adultes. Sans doute est-ce là une preuve de plus de leur non-représentativité du monde réel, composé d’hommes et de femmes devant faire face tous les jours à des réalités concrètes au lieu de tirer leurs revenus d’un discours visant à les masquer.
Chers collègues,
Physiciens, ingénieurs,
Enseignants, chercheurs, ou les deux,
De France et d’ailleurs,
Nous avons le privilège de parler une langue universelle : la physique, émanation de la raison humaine, mais qui nous permet d’appréhender la Nature dans son ensemble. Une langue qui ne connaît aucune frontière, ni géographique, ni ethnique, ni religieuse ou culturelle.
Ce privilège entraîne un devoir : la cohérence et la rigueur d’un discours, qu’il soit tenu en langue vernaculaire dans le cadre feutré de colloques, ou vulgarisé comme aujourd’hui vers le grand public. L’erreur est certes tolérée, mais pas la tromperie délibérée. Errare humanum est… perseverare diabolicum.
« Considérant que la culture scientifique est le ferment indispensable pour des citoyens éclairés et responsables » « [L’Assemblée nationale] souhaite rappeler que la science […] constitue […] un bien commun, […] en ouvrant les perspectives culturelles des citoyens à la recherche d’une meilleure compréhension du monde »
Mon camarade François Sebesi et moi-même souscrivons pleinement à ces remarques.
[Note de l’administrateur de ce blog : seconde partie de l’excellent article de Christopher Pisarenko sur les convergences idéologiques entre les États-Unis et Israël, deux puissances qui, rappelons cette évidence, se sont construites sur la négation des droits, voire de l’existence, de peuples autochtones. Le fanatisme religieux n’en finit pas de faire des victimes, même et surtout à l’ère de la high-tech. On retiendra notamment ce passage :
“Lorsque, au début du XXe siècle, les États-Unis assistèrent à la formation politique de l’État juif naissant par la déclaration Balfour de 1917, une philosophie millénariste distincte se manifesta de nouveau. Les dirigeants évangéliques sont devenus de plus en plus fermes dans leur soutien au peuple juif pour conquérir la Palestine et pour déposséder et même exterminer tous les musulmans parce que, selon eux, les juifs sont le « peuple élu » de Dieu. Les comparaisons ont été facilement faites (alors que de plus en plus de « colons » juifs ont immigré en Palestine) entre ce que les juifs faisaient aux Arabes et ce que les colons américains avaient déjà fait à la population indigène de l’Amérique du Nord.”
Comme le remarque l’auteur, le soutien inconditionnel des États-Unis à Israël ne s’explique pas par un “piratage” total de ses institutions par le lobby juif sioniste américain, et notamment l’AIPAC, même si comme je l’ai déjà signalé certains juifs se vantent d’un tel contrôle – mais il existe des vantards dans tous les groupes humains. La puissance et la nocivité d’un tel lobby existent bel et bien en France – j’en sais quelque chose – où elles heurtent de front les valeurs affichées de la République Française, sa devise et sa laïcité ; mais en comparaison, on peut dire que le “cas américain” est davantage un exemple de synergie qu’un exemple de piratage. Et, selon l’auteur, c’est pire : alors que des juifs antisionistes comme Norman Finkelstein anticipent – et souhaitent – la fin du soutien américain à Israël au fur et à mesure que les atrocités commises par Israël se répandront dans les media, Christopher Pisarenko affirme que le soutien américain à Israël ne prendra jamais fin, et ceci pour des raisons profondément religieuses, qui constituent également la base idéologique de l’attitude impérialiste américaine.
On pourrait peut-être ajouter, l’éternité n’étant jamais un concept pertinent en politique – qu’on songe à ce qu’il advint du “Reich de mille ans” – que ce soutien prendra fin par effondrement de l’un ou de l’autre, ou des deux. Ce qui semble déjà bien entamé, économiquement pour l’un, idéologiquement pour l’autre.
Terminons cette introduction par une anecdote : j’eus un jour affaire à un mormon américain, d’abord sans le savoir. Un ingénieur sorti de la Brigham Young University qui hantait, comme moi, des forums consacrés aux automobiles hybrides et électriques, au tout début des années 2000. Ayant repéré parmi les intervenants ceux dont les connaissances techniques semblaient solides – dont moi-même – il constitua une liste de diffusion restreinte et entreprit de nous faire participer à un projet grandiose qui règlerait les problèmes énergétiques de l’humanité. Naturellement circonspect – je ne vois aucune raison à ce jour de remettre en cause les premier et deuxième principes de la thermodynamique, et toute source d’énergie “miraculeuse” me fait froncer les sourcils – je finis à force de questions par en savoir un peu plus sur l’état de ses “recherches”. Bien entendu, cela ne fonctionnait pas encore tout à fait, mais il s’agissait d’une source d’énergie électrique gratuite et inépuisable. Et dont la première application serait démontrée dans le cadre de son activité professionnelle : fournir les quelques mégawatts nécessaires aux congélateurs à poulets géants d’une chaîne de fast food. Cette association baroque entre technique “de pointe” (voire de science-fiction), religion sectaire et l’une des armes de destruction massive de la santé les plus abouties de la société américaine m’avait, je dois dire, autant amusé qu’inquiété.]
Au cours du dix-neuvième siècle, deux mouvements religieux typiquement américains ont vu le jour : le mormonisme et l’adventisme du septième jour (c’est-à-dire le millénarisme). Une des choses qui ressort vraiment du mormonisme, en particulier dans le contexte de l’interprétation de la prophétie judéo-centrique, est que les premiers mormons (Joseph Smith, Orson Hyde et autres) croyaient fermement qu’il y avait deux « peuples élus » : les juifs et les Américains (ou les « Seconds Israélites »). De même, selon le fondateur du mormonisme, Joseph Smith (1805-1844), il y a deux Jérusalem : la Jérusalem biblique originale située en Palestine, et une Nouvelle Jérusalem qui serait un jour établie en Amérique du Nord. Selon Smith, chaque ville abriterait l’un des deux peuples élus de Dieu ; les Juifs recevraient la vieille Jérusalem et les Américains hériteraient de la nouvelle. Les juifs recevraient le royaume terrestre de Dieu en Palestine, et les chrétiens (c’est-à-dire les protestants, et plus spécifiquement les mormons) hériteraient du royaume spirituel. C’est ainsi que les mormons et leur marque distincte de théologie protestante ont réellement commencé à développer une division théologique bien articulée entre juifs et Américains, contrairement à la division millénariste antérieure entre juifs et chrétiens.
Comme mentionné ci-dessus, l’autre mouvement religieux « américain » par excellence est l’adventisme du septième jour fondé par William Miller (1782-1849). Miller était quelqu’un qui s’intéressait énormément à l’interprétation de la prophétie judéo-centrique, et il a en fait « emprunté » le travail de plusieurs écrivains anglais – et même le système de calendrier des juifs karaïstes – afin de faire avancer ses opinions religieuses et, en particulier, de déterminer la date précise de la Seconde Venue qui devait alors inaugurer le règne millénaire du Christ sur terre. Il a particulièrement incorporé plusieurs des écrits du célèbre « Père de la physique classique »,Sir Isaac Newton, qui a lui-même dépensé une quantité prodigieuse d’énergie intellectuelle pour examiner et interpréter les prophéties bibliques afin de déterminer la date exacte de la « fin du monde ».
[Note de l’administrateur de ce blog : si certains juifs américains prétendent contrôler totalement les États-Unis, et si certains lobbies juifs comme l’AIPAC sont incontestablement puissants aux USA – comme le CRIF en France – il ne faut pas pour autant conclure à un “piratage” pur et simple d’un pays entier, qui est même la plus grande puissance militaire du monde, par une fraction ultra-minoritaire de l’humanité ayant récemment colonisé un petit territoire au Moyen-Orient. Adhérer à cette vision d’un “complot juif” revient à donner aux juifs – et même aux seuls juifs sionistes – un pouvoir qu’ils n’ont pas par eux-mêmes.
Thierry Meyssan a déjà rappelé que le sionisme n’est pas seulement une spécialité juive, mais qu’il trouve aussi de fervents défenseurs chez les chrétiens évangéliques, qu’on trouve en grand nombre aux États-Unis. Ici Christopher Pisarenko complète ce point de vue par une analyse plus approfondie des similitudes entre des idéologies qui partagent une vision littérale de la Bible et le sentiment d’être un “peuple élu” ayant une mission divine d’envergure planétaire.
Ce qui confirme que pour manipuler efficacement des populations, il est essentiel d’organiser préalablement leur ignorance et de maintenir leur esprit critique à un niveau aussi proche que possible du zéro absolu. Alors seulement peut-on faire la guerre au nom des droits de l’homme et asservir les peuples au nom de la liberté. Ou défendre le pire des obscurantismes religieux au nom des Lumières et de la laïcité républicaine.]
Bien avant que John Locke ne commence à écrire ses œuvres à la fin du XVIIe siècle qui ont jeté les bases du libéralisme politique dans le monde anglo-saxon (et l’Occident), il existait déjà les opinions religieuses profondément enracinées de Martin Luther et Jean Calvin. Les œuvres de ces deux pères fondateurs du protestantisme ont beaucoup influencé la Weltanschauung spirituelle, culturelle, politique, sociale et économique des Américains, beaucoup plus que tout écrit de Locke ou de l’un des autres philosophes du contrat social des Lumières (par exemple Hobbes, Rousseau, Kant, etc). Cette vision américaine unique du monde, ou plus spécifiquement de sa culture-âme, apparue sur les côtes rocheuses de la Nouvelle Angleterre durant la première moitié du XVIIe siècle, peut en effet être qualifiée de « calviniste » car elle présente de nombreux traits calvinistes tels que l’Éthique protestante, l’individualisme acharné, une obsession pour le concept du peuple élu de Dieu, la croyance en l’exceptionnalisme, une mission mondiale universelle, etc.
Cependant, il existe un catalyseur idéologique spécifique au sein du calvinisme, qui a jeté les bases de la tradition du sionisme chrétien − une tradition qui a fleuri en Amérique du Nord pendant les 400 dernières années et qui prospère aujourd’hui comme jamais auparavant parmi les chrétiens évangéliques, les néoconservateurs et une variété d’autres groupes. Le catalyseur idéologique auquel il est fait allusion est l’interprétation de la prophétie judéo-centrique. Sans ce catalyseur idéologique fondamental fermement implanté (tel qu’il l’était dans la théologie protestante primitive), il est hautement douteux que la doctrine subséquente du sionisme chrétien soit jamais apparue − une doctrine qui a eu une énorme influence non seulement sur la religion et la politique mais aussi sur la culture et l’identité américaines.