Décryptage du système économique global [6/7] : Géopolitique de l’entreprise capitalistique – 2/2 (le saker francophone)

dallozPar Valérie Bugault – le 21 février 2016

Nous verrons, dans cette seconde partie, les changements juridiques à apporter à l’entreprise capitalistique pour transformer celle-ci en facteur d’organisation et de paix sociale.

Seconde sous-partie – Le renouveau du modèle d’entreprise capitalistique : un instrument de politique économique au service des peuples

L’entreprise de type capitalistique est aujourd’hui l’acteur juridique qui détient le rôle prééminent sur la scène mondiale.

Afin de remettre l’entreprise à sa bonne place, les États doivent reprendre le contrôle juridique de l’entreprise de type capitalistique. Pour ce faire, il est absolument indispensable de rendre juridiquement impossible la constitution de conglomérats, véritables empires économiques. En effet, la constitution de groupes de sociétés serait utilisée comme moyen par les principaux propriétaires de capitaux pour échapper aux contraintes juridiques de la notion d’entreprise conçue comme étant au service du bien commun. La nouvelle définition de l’entreprise doit acter que la notion de groupe de sociétés est l’ennemie des États et rendre impossible la constitution de ces groupes.

Dans ces conditions, donner une définition juridique précise du concept d’entreprise permettrait de remettre cette dernière sous le contrôle politique des États. Cela aurait pour effet de réintégrer l’entreprise dans la fonction d’organisation sociale qu’elle aurait toujours dû avoir. Le fait économique reprendrait dès lors sa juste place au sein de la collectivité humaine : celle de faciliter les échanges et de participer à la recherche d’un mieux-être collectif. Le fait économique redeviendrait soumis au fait politique.

Nous exposerons ci-dessous les conditions nécessaires, non suffisantes mais indispensables, qui permettraient au concept d’entreprise d’intégrer sa juste place dans l’organisation sociale et politique.

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En marche” ou “Esbroufe médiatique” ?

clip sanders

Vive la France !

Alors que le ministre de l’économie Emmanuel Macron vient modestement, mercredi 6 avril 2016 lors d’une réunion fermée à la presse à Amiens, d’annoncer la création d’un nouveau mouvement politique à ses initiales (En marche), le Petit Journal de Canal+ a fait l’analyse de la vidéo promotionnelle du mouvement. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’y prend d’une drôle de manière pour un parti qui prétend redonner espoir aux Français : en effet, la grande majorité des séquences de cette vidéo proviennent de banques d’images étrangères ou ont été tournées à l’étranger, avec des acteurs absolument pas français et n’ayant rien à voir avec la nation française. Le clou étant sans doute cette actrice noire américaine qui figure, exactement dans la même séquence, dans le clip de campagne de Bernie Sanders, candidat démocrate américain à l’élection présidentielle. On peut donc parler de plagiat pur et simple d’un clip de campagne américain, actuellement utilisé de surcroît !

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Décryptage du système économique global [6/7] : Géopolitique de l’entreprise capitalistique – 1/2 (le saker francophone)

Façade de l'immeuble de Goldman Sachs

Façade de l’immeuble de Goldman Sachs, USA.

Par Valérie Bugault – le 21 février 2016

Ni communiste, ni ultra-libérale, la troisième voie politique réside dans l’apaisement des relations sociales, politiques et géopolitiques que rendra possible un renouveau juridique global du concept d’entreprise. Lorsque nous parlerons d’entreprise dans le présent exposé, il faudra comprendre l’actuel modèle d’entreprise de type capitalistique qui s’est imposé au niveau mondial. Les variations juridiques, d’un modèle étatique à l’autre, s’arrêtent devant le mur de leurs points commun que sont la soumission aux intérêts des actionnaires majoritaires et la possibilité de devenir des conglomérats aux mains de ces mêmes actionnaires cachés derrière de multiples structures juridiques.

L’entreprise sous sa forme actuelle, obligeamment tournée vers la prédation économique, est un acteur essentiel du jeu de pouvoir anglo-saxon, lequel développe sa domination par le contrôle monétaire et par le libre-échange. Ce système global de domination, fortement intégré, est aujourd’hui en phase d’expansion rapide.

Or le principe politique, qui a pour fonction de régir la vie en Société, devrait régir le commerce et l’économie et n’être pas régi par eux. Commerce et politique sont deux termes différents qui ne peuvent pas être assimilés. Aujourd’hui, le rôle de l’État est considérablement abaissé et amoindri par le fait du modèle d’entreprise de type capitalistique ; les États n’ont plus les moyens d’assumer leur rôle politique qui est, avant tout, d’assurer et de garantir la paix sociale.

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Décryptage du système économique global [5/7] : Entreprise bancaire, l’instrument juridique du désordre politique global (le saker francophone)

tresoreriePar Valérie Bugault – le 21 février 2016

Les banques sont l’élément prépondérant du système de concentration des capitaux et d’utilisation du capital concentré. Elles ont acquis la possibilité de mettre en place des réglementations économiques très arrangeantes et des systèmes de contrôle purement formels de leurs activités. L’organisation de vastes transferts juridiques de capitaux au profit des propriétaires des principales banques, qui détiennent également – grâce à l’anonymat de certaines sociétés et trusts – de nombreuses autres entreprises, permet à son tour une accélération de la concentration des capitaux dans tous les domaines de l’économie (médias, agro-alimentaire, pharmaceutique, chimique, transports, extraction minière etc.) au moyen, notamment, des fusions-acquisitions 1 mais aussi des achats à effet de levier dits LBO, dont les principaux acteurs sont les services juridiques des banques d’affaires.

Le système de sauvegarde des intérêts bancaires est parfaitement bien déguisé sous un amoncellement de prétendus contrôles et de règles plus techniques les unes que les autres. Ces différentes étapes ont à leur tour permis la mise en œuvre de certains mécanismes de spoliation des masses, lesquels ont tôt fait d’aboutir à une domination politique totale.

L’élite financière occidentale est aujourd’hui dans une position de domination sociale qui n’a pas d’exemple historique pertinent. Jamais l’aristocratie ou la monarchie n’ont à ce point concentré et contrôlé les mécanismes de fonctionnement de la société. L’Ancien Régime partageait la domination sociale entre les armes, tenues par les aristocrates – noblesse d’épée bientôt mélangée aux hommes de loi, la noblesse dite de robe – et les âmes, tenues par l’Église catholique romaine. S’il faut avouer que les mêmes familles se partageaient la plupart des hauts postes de l’armée et du clergé, les contre-pouvoirs, notamment commerciaux, existaient et le niveau de développement technologique ne permettait pas le contrôle total auquel nous assistons aujourd’hui.

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Persécuté pour non-complotisme

Faurisson 2016 03 17On parle beaucoup, dans les media et chez nos politiques, des “obsédés du complot”, encore appelés complotistes ou conspirationnistes ; et c’est à coup sûr pour les dénigrer, mettre en garde les bons citoyens contre ces déséquilibrés, et leur conseiller de se boucher les yeux et les oreilles dès qu’un de ces illuminés paranoïaques risque d’éveiller chez eux quelques soupçons sur tel ou tel événement contemporain, comme les attentats du 11 septembre 2001.

On dit beaucoup moins – ou on essaie de ne pas présenter la chose sous cet angle – que l’on persécute bien plus violemment encore quelques personnes parce qu’elles refusent le “complotisme”, c’est-à-dire la croyance non étayée en divers complots, et pas des moindres. Car bien sûr, nul n’oserait affirmer que les complots n’ont jamais existé, n’existent pas ou n’existeront plus jamais : on ne peut dénigrer le “complotiste” que lorsqu’on lui reproche de croire à un complot en l’absence de preuves.

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Comment le monde actuel a privatisé le silence (Télérama)

matthew-crawford-penser-exige-le-silencepar Weronika Zarachowicz, publié le 07/03/2016

[Note de l’auteur de ce blog : on aborde ici l’un des problèmes majeurs de la société contemporaine, le fameux concept de “temps de cerveau humain disponible” qui valut à Patrick Le Lay d’être conspué pour avoir décrit son véritable métier (abrutisseur) avec une certaine franchise.

L’article de Télérama établit un parallèle avec l’ouvrage à succès de Robert M. Pirsig, Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes, que j’ai découvert lorsque j’étais étudiant grâce à un de mes professeurs d’ “humanités” (j’étais alors dans une école d’ingénieurs) et que je recommande chaudement. J’aurais d’ailleurs fort bien pu le citer en exemple dans Éloge du handicap, puisque le récit de Pirsig est largement autobiographique, et basé sur sa propre expérience de la schizophrénie.

L’ascèse de la confrontation au réel, au silence et même à l’ennui (dont on sous-estime la potentialité créatrice et révolutionnaire) est une des clés de la guérison de nos sociétés malades, où le moindre espace public est truffé d’agressions visuelles et auditives. Après s’être attaqué aux ressources inertes (matières premières) et à la force de travail (humaine et des machines), le capitalisme s’en prend, logiquement, à la force de pensée : progression logique dans la thermodynamique de l’évolution. Si le concept de philosophe-mécanicien étonnera certains, c’est sans doute parce qu’ils ne sont pas assez philosophes – ou pas assez mécaniciens. Car il est autrement plus prometteur que celui de philosophe-milliardaire.]

Les technologies modernes nous sollicitent de plus en plus, et chacun semble s’en réjouir. Or, cela épuise notre faculté de penser et d’agir, estime le philosophe-mécano Matthew B. Crawford.

« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre », écrivait déjà Pascal en son temps. Mais que dirait l’auteur des Pensées aujourd’hui, face à nos pauvres esprits sursaturés de stimulus technologiques, confrontés à une explosion de choix et pour lesquels préserver un minimum de concentration s’avère un harassant défi quotidien ? C’est cette crise de l’attention qu’un autre philosophe, cette fois contemporain, s’est attelé à décortiquer.

Matthew B. Crawford est américain, chercheur en philosophie à l’université de Virginie. Il a la particularité d’être également réparateur de motos. De ce parcours de « philosophe mécano », il a tiré un premier livre, Eloge du carburateur. Essai sur le sens et la valeur du travail, best-seller aux Etats-Unis. Il y raconte comment, directeur d’un think tank de Washington où il lui était demandé de résumer vingt-trois très longs articles par jour — « un objectif absurde et impossible, l’idée étant qu’il faut écrire sans comprendre, car comprendre prend trop de temps… » —, il en a claqué la porte pour ouvrir un garage de réparation de motos. Dans ce plaidoyer en faveur du travail manuel, il célèbre la grandeur du « faire », qui éduque et permet d’être en prise directe avec le monde par le biais des objets matériels.

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Voir également, sur le concept incongru et stérile de philosophe-milliardaire :

Décryptage du système économique global [4/7] : Géopolitique des paradis fiscaux (le saker francophone)

paradisPar Valérie Bugault – le 21 février 2016

Introduction

Le terme de «paradis fiscal» a été évoqué à l’occasion d’un précédent article consacré à la géopolitique de l’optimisation fiscale, ce qui n’a rien d’étonnant, car l’existence même de ce concept est indéfectiblement liée au commerce et aux bénéfices qu’il génère. Toutefois, outre que ce terme n’avait alors pas été défini, le contexte historique et géopolitique dans lequel s’inscrivent les paradis fiscaux mérite que l’on s’y attarde un moment. L’objet du présent texte n’est pas de détailler les législations françaises, européennes et autres, de la lutte contre l’évasion fiscale mais de montrer le rôle et l’évolution des paradis fiscaux dans l’architecture économique et commerciale globale passée, actuelle et future.

La définition du paradis fiscal varie généralement en fonction des organismes qui s’y intéressent 1. Néanmoins, depuis le G20 de Londres de 2009, la définition donnée par l’OCDE en 2001 2 fait consensus au niveau international. Cette définition se concentre sur les quatre critères suivants : 1° l’absence d’impôt, ou la présence d’impôts insignifiants, dans le cas des paradis fiscaux, et une imposition effective faible ou nulle des revenus considérés dans le cas des régimes préférentiels ; 2° l’absence d’échange effectif de renseignements ; 3° le manque de transparence ; 4° l’absence d’activités substantielles, dans le cas des paradis fiscaux, et les pratiques de cantonnement dans le cas des régimes fiscaux préférentiels.

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Décryptage du système économique global [3/7] : Géopolitique de l’optimisation fiscale (le saker francophone)

facebook-fiscPar Valérie Bugault – le 21 février 2016

Introduction

La technique dite d’optimisation fiscale est la conséquence juridique de la généralisation du principe de libre-échange 1. Le libre-échange peut se définir en quatre mots : la suppression des frontières. L’optimisation fiscale consiste, pour les entreprises, à localiser leur bénéfice dans les places les moins fiscalisées. L’optimisation fait perdre aux États, légalement et mécaniquement, une partie substantielle de leurs ressources budgétaires.

Le contexte dans lequel s’inscrit l’optimisation fiscale

Le rapport de force entre d’une part les États et d’autre part les entreprises multinationales a été fondamentalement modifié par la généralisation du principe de libre-échange et de l’optimisation fiscale qui lui fait cortège. Au point de changer, de façon fondamentale, la conception du rôle de l’administration fiscale : de père fouettard, celle-ci est devenue 2, à coup d’instructions et autres recommandations en ce sens, un correspondant des entreprises chargé de négocier dans le cadre des rescrits fiscaux 3. Les administrations fiscales deviennent des organismes consensuels cherchant des arrangements acceptables avec les entreprises. Tantôt il s’agit de négocier d’un commun accord avec les entreprises le schéma général de leurs prix de transfert (facturation intra-groupe) – en conformité à des lignes directrices éditées au niveau européen dans le cadre des réunions dites Ecofin, application du soft power cher aux Anglo-Saxons –, tantôt il s’agit de négocier avec elles certains avantages en contrepartie de leur implantation à tel ou tel endroit, etc.

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Les restrictions juridiques à la liberté d’expression : une grave distorsion du droit pénal (Académie royale de Belgique)

Intervention de Philippe Nemo, philosophe et historien des idées politiques français, professeur à l’École Supérieure de Commerce de Paris, lors d’un colloque international sur la liberté d’expression le 5 décembre 2014 en Belgique.

Décryptage du système économique global [2/7] : Géopolitique du libre-échange (le saker francophone)

USA-UE

Le long cheminement du nouvel ordre mondial

Par Valérie Bugault – le 21 février 2016

Introduction

Le libre-échange est la déclinaison du principe plus vaste de liberté du commerce. Il s’agit donc d’un concept commercial mis en pratique par des entreprises de type capitalistiques.

Sous couvert de liberté du commerce, le libre-échange a pour conséquence la mise en concurrence, au niveau international, de toutes les entreprises du monde. Il en résulte, de façon inéluctable, la disparition des petites et moyennes entreprises au profit des multinationales économiquement plus performantes, en raison non pas de leur efficacité de fonctionnement, mais de leur poids sur les différents marchés. En d’autres termes, le libre-échange favorise concrètement sur toute la planète la prédation économique des agents les plus faibles par les plus gros d’entre eux, c’est-à-dire la concentration des capitaux. En raison de l’extrême prévisibilité de cette conséquence du libre-échange, on peut en déduire qu’elle est, en réalité, l’objectif inavoué du principe en question.

Ainsi, la liberté du commerce via le libre-échange n’a pas pour vocation de servir mais au contraire d’asservir – la concurrence faussée et débridée aidant – les petits commerçants. La liberté du commerce au moyen du libre-échange n’a pas non plus pour vocation de servir les intérêts du citoyen en occasionnant une baisse générale des prix puisque la concentration des capitaux, qui lui est consubstantielle, s’y oppose fondamentalement. La liberté du commerce par le libre-échange ne sert finalement les intérêts que d’un seul maître : la petite caste qui détient les principaux capitaux du monde. Caste qui a consciencieusement organisé, à la faveur de sa mainmise sur l’organisation bancaire – permettant l’organisation et l’entretien de crises bancaires et financières 1 – et commerciales du monde, l’accaparement de la majeure partie des biens matériels de cette planète.

Nous analyserons l’historique du mouvement de libre-échange (I) avant d’examiner en quoi il s’analyse en une négation du concept d’État (II) et quelle méthodologie il suit (III).

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