[Note de l’administrateur de ce blog : ceux qui raisonnent encore en termes de gauche et de droite n’ont rien compris au système politique actuel, c’est en substance ce que Valérie Bugault nous explique. D’autres avant elle ont milité pour la suppression générale des partis politiques, comme Simone Weil (celle qui aurait dû entrer au Panthéon), mais Valérie Bugault nous expose ici la nécessité de cette sortie par le haut avec la froide logique, la précision et la rigueur du docteur en droit qu’elle est.
On n’est pas encore sorti de l’auberge, mais au moins avec elle on voit dans quelle direction se situe la porte, ce qui n’est pas encore donné à tout le monde.]
Allocution prononcée par Valérie Bugault à la septième conférence internationale “New Horizon” à Beyrouth en septembre 2019.
Chers organisateurs, chers auditeurs, Mesdames et Messieurs,
Je suis très honorée d’être invitée à présenter mon livre « Les raisons cachées du désordre mondial » devant vous, qui cherchez des solutions politiques pour sortir de la nasse économico-monétaire dans laquelle la finance anglo-saxonne projette l’avenir politique planétaire.
Le mouvement de globalisation, tant et souvent décrié, est, à mon sens, mal compris, pour ne pas dire « très mal compris ». Or, pour combattre utilement, il est nécessaire d’identifier clairement non seulement l’ennemi qui est en face mais encore et surtout les armes et les méthodes qu’il utilise. Or si les techniques financières de la globalisation à la mode anglo-saxonne sont parfaitement identifiables, et de plus en plus souvent identifiées, les méthodes utilisées par l’ennemi sont trop peu souvent, pour ne pas dire jamais, évoquées ; elles sont pourtant intéressantes à plus d’un titre.
Parmi les méthodes utilisées pour développer la globalisation économique et financière, se trouve un point de référence qui, à lui seul, explique l’extrême efficacité des processus mis en œuvre. Les partisans de la globalisation planétaire ont réussi le tour de force de dissocier le pouvoir politique de la responsabilité qui, dans un ordre politique naturel, accompagne immanquablement le pouvoir. Alors que le terme de « politique » suppose un pouvoir identifié qui va, en conséquence, de pair avec une responsabilité identifiée, les financiers à la manœuvre dans le processus de globalisation mondiale ont instauré, par le double mécanisme :
- du parlementarisme anglais dominé par des « partis politiques » et
- des « banques centrales indépendantes »,
un système permettant, au sein de chaque État, l’irresponsabilité politique totale des véritables donneurs d’ordre, qui sont les « tenanciers du système économique ». Dans cet « ordre politique » nouveau, issu des Révolutions occidentales du XVIIIème siècle – les premières Révolutions colorées de l’histoire –, les « hommes politiques » ne sont que des hommes de paille, des courroies de transmission des véritables donneurs d’ordre anonymes qui sont les principaux détenteurs de capitaux.
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