Travaux dirigés, version sérieuse (corrigé)

integrale-rougeComme promis il y a une semaine, voici (un peu plus bas…) la correction de la feuille de travaux dirigés que j’avais donnée le premier novembre sur la statique et la dynamique des gratte-ciel. Je réitère encore une fois mes avertissements : il ne s’agit pas de “vulgarisation”, mais bien de physique telle qu’elle est enseignée à l’université – même si c’est ici à un niveau élémentaire, en première année.

Des non-scientifiques pourront être gênés par le formalisme mathématique, pourtant ici très simple pour des apprentis physiciens : je n’ai pas cherché à l’éviter, j’ai joué le jeu d’exercices “comme en vrai”. Mais ils ne devront pas croire que c’est ce formalisme qui garantit le sérieux de la démonstration : il s’agit simplement d’un langage “naturel” pour traiter des problèmes de physique, que tout étudiant en cette discipline doit donc maîtriser un minimum, de même qu’un musicien doit connaître les bases du solfège qui elles aussi rebutent les non-musiciens. Il y a d’ailleurs des liens évidents entre mathématiques et musique, mais c’est un autre sujet…

Non seulement le formalisme mathématique ne garantit pas la validité d’une démonstration, mais sa relative opacité permet à certains scientifiques peu honnêtes, ou encore honnêtes mais dominés par le formalisme alors qu’ils ont en principe pour mission de le dominer, de camoufler du non-sens scientifique derrière un luxe d’équations et de notations en alphabet grec. Dans le cas de l’effondrement des trois gratte-ciel du 11-Septembre, on peut dire que certains s’en sont donné à cœur joie, soit dans les mathématiques formelles, soit dans l’application informatique des lois de la physique par calcul numérique. Dans l’un ou l’autre cas, le danger est le même : tant qu’on ne refait pas chaque ligne de la démonstration, ou qu’on ne vérifie pas chaque ligne du code de calcul et les données numériques introduites, accepter un résultat au prétexte qu’il est publié dans une revue spécialisée relève de la croyance, pas de la connaissance rationnelle. D’où l’utilité de se limiter à des modèles très simples – mais justes malgré tout, dans les grandes lignes – pour débroussailler le maquis de mensonges, ce que je tente de faire ici.

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L’empire de la bêtise (Antipresse)

Slobodan Despot au salon du livre à Genève en 2006

Slobodan Despot, salon du livre,
Genève, 2006

[Note de l’administrateur de ce blog : je reproduis ici un troisième article d’Antipresse, une lettre d’information dominicale que je vous invite à soutenir. Le premier est ici et le deuxième se trouve là.

Il était difficile de faire autrement à deux jours des élections américaines, tant cet article de Slobodan Despot sur la nation éclaireuse de l’humanité est brillant et – hélas – juste. Le courriel de Bill Ivey, éminence grise de Bill Clinton à la culture, vaut à lui seul son temps de cerveau disponible. Bien entendu, il se trouvera toujours des gens “raisonnables” pour dire que Despot est excessif et que l’Amérique, c’est tout de même la liberté. Le jour où ils se prendront une bombe sur la figure, ils comprendront. Ou pas, faute de temps.]

La claque

C’est la présidente croate, l’autre jour, qui a vendu la mèche: «Les Américains vont choisir notre prochain président» déclara-t-elle à la télé nationale, avant de se reprendre. Le lapsus, chez les politiques, tient lieu d’alcootest. Car elle disait le vrai, Kolinda. Ce qu’on pense ici ne présente plus aucun intérêt. Il n’est pas un enjeu de taille en Europe dont la clef ne soit à Washington, pas une donnée sensible dont la copie ne soit à Langley. L’Amérique dicte la composition de nos assiettes, le règlement de nos banques, la poussée de nos indignations. L’Amérique me fournit le système d’exploitation qui me permet d’écrire cet article et à des armées de journalistes alignés le logiciel de pensée qui leur permet d’écrire les leurs. Ainsi nos médias de grand chemin ont-ils fait de l’élection d’Hillary Clinton une cause sacrée.

C’est qu’entre les actes de l’Amérique progressiste et ceux du reste du monde, il existe le même abîme qu’entre le bien et le mal. Aux deux cent mille civils d’Alep-Est que les bombes russes martyrisent répond le million de civils de Mossoul que les bombes U.S. libèrent. Cette liberté-là n’a pas de prix! La précédente libération de l’Irak a tué un demi-million d’enfants? «Nous pensons que cela en valait la peine», estimait Mme Albright, la secrétaire d’État de M. Clinton. Si la démocrate Madeleine, sous le démocrate Bill, vous le certifie, c’est qu’on a vraiment minimisé les dégâts. Plus humain que les démocrates U.S., tu meurs!

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Les loups entre eux

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Statue de la Liberté en construction,
Paris, France, 1884

Beaucoup de personnes croient encore que les États-Unis d’Amérique, ou d’autres pays qui sont leurs alliés (pour ne pas dire leurs vassaux) tels que la France, sont réellement des démocraties. Certes imparfaites, puisqu’un régime démocratique est toujours le siège de luttes internes visant à réserver le pouvoir à quelques-uns ; mais foncièrement, des émanations de la volonté populaire par le truchement d’élections.

Il n’en est rien, et l’on se rend compte de mieux en mieux, dans les périodes de crise comme celle que nous vivons, que les élections n’ont en réalité dans les “démocraties occidentales”, lorsqu’elles portent sur les enjeux les plus importants comme l’élection d’un Président de la République, qu’une fonction purement décorative et de contrôle des populations, précisément en leur faisant croire que le régime qui les dirige est légitime. En effet, avec la règle de la majorité, chacun est censé se soumettre à l’avis d’une moitié de l’électorat, même s’il se trouve dans l’autre : 50,01 % des suffrages suffisent à rendre un régime légitime.

Or les moyens financiers et médiatiques colossaux engagés dans toute élection “moderne” excluent de fait tout risque de victoire d’une candidature non soutenue massivement par les pouvoirs financier et médiatique, c’est-à-dire par le pouvoir réel. Il est très facile, armé de ces pouvoirs, d’orienter suffisamment l’opinion dans la “bonne” direction pour être quasiment certain de faire élire le “bon” candidat, par des électeurs qui se croient libres. Certes, on ne fera pas changer d’avis ceux qui ont des opinions politiques très arrêtées, mais il suffit d’influencer suffisamment le ventre mou des démocraties, cette masse d’électeurs indécis et plus sensibles à la tenue vestimentaire des candidats ou à leur dernier buzz médiatique qu’à leurs idées, pour faire passer l’aiguille du compteur majoritaire d’un côté ou de l’autre. On peut bien mettre en scène des duels entre candidats prétendument opposés, mais il est d’emblée certain que tous les candidats susceptibles de gagner sont des candidats de l’oligarchie régnante – même Trump, n’en déplaise à quelques rêveurs.

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Collusion wahabbo-sioniste en vue ! (Bruno Guigue)

wahabbo-sioniste[Note de l’administrateur de ce blog : CQFD. On ne s’étonnera donc pas des aspects typiquement hollywoodiens de certaines vidéos de l’État dit “Islamique”.]

(Source : page fesse-bouc de Bruno Guigue, 2 novembre 2016)

Mine de rien, une députée israélienne vient de découvrir le pot aux roses. Avec ingénuité, cette élue du parti de gauche “Meretz” a révélé que 122 militaires israéliens et américains étaient en activité sur une base aérienne saoudienne. Cette situation l’horrifie, dit-elle, car ces militaires sont inutilement exposés au “terrorisme saoudien” ! On ne sait s’il faut attribuer cette indignation à la candeur des sionistes de gauche ou à leur duplicité coutumière. Mais l’affaire a le mérite de lever le voile sur la collaboration militaire israélo-saoudienne au moment où l’Arabie saoudite est engagée dans une partie de bras de fer avec l’Iran.

Selon des sources citées par cette parlementaire, l’opération viserait à déployer un système antiaérien extrêmement performant sur le sol saoudien tout en consolidant le système antimissile israélien “Dôme de fer”. Un accord en ce sens aurait même été paraphé au cours de la visite de Barack Obama à Riyad en avril 2016. Ainsi, la Maison blanche ferait coup double. Les Saoudiens nourrissant à l’égard des missiles iraniens la même hantise que les Israéliens à l’égard de ceux du Hezbollah, l’Oncle Sam réunit ses deux alliés régionaux en les gratifiant des derniers joujoux du complexe militaro-industriel.

D’étranges conciliabules laissaient supposer que Riyad et Tel Aviv nouaient clandestinement un partenariat militaire malgré l’absence de relations officielles entre les deux pays. On se doutait bien que la non-reconnaissance d’Israël par la pétromonarchie préférée des Occidentaux n’était plus qu’un héritage suranné, lié à la grande époque de la “solidarité arabe” et voué par l’esprit du temps à finir aux oubliettes. De nombreux indices nourrissaient le soupçon d’une telle connivence, avivé par des convergences d’intérêt qui n’échappent à personne. Désormais, c’est fait. Un pas été franchi. La coopération entre Israël et les Saoud s’étale au grand jour avec la bénédiction américaine. Il faut d’ailleurs reconnaître que certains Saoudiens avaient anticipé ce rapprochement. Il suffit de rappeler les déclarations prémonitoires du prince Walid Ben Talal en octobre 2015.

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Médias : pourquoi 10 milliardaires contrôlent notre information ? (Osons Causer)

Pour des considérations tout aussi inconfortables et radicales sur le pouvoir médiatique, et sa capacité à influencer l’opinion à très grande échelle, voir également, sur ce blog :

Travaux dirigés, version sérieuse

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Une intégrale, ça fait sérieux.
Mais on peut aussi raconter n’importe quoi
bien emballé dans des mathématiques luxueuses.

Le 11 septembre dernier, je proposais des travaux dirigés qui, bien que reposant uniquement sur des considérations de physique des plus sérieuses, étaient assez loin par leur fantaisie, mais également par la quantité de connaissances mises en œuvre pour les traiter, de ce qu’un enseignant d’université est en droit d’exiger de ses étudiants. Un “véritable” texte de travaux dirigés, en physique au moins, se doit de poser des questions relativement fermées portant sur quelques lois bien précises (celles vues en cours), et de faire appel à un minimum de compétences mathématiques en exigeant quelques calculs littéraux. Ce n’est certes pas au degré calculatoire que se mesure la bonne physique – il est possible d’en faire de très mauvaise en mobilisant des mathématiques luxueuses – mais il est certain que, depuis Newton, tout physicien doit maîtriser quelques notions de calcul infinitésimal.

Je vous propose donc aujourd’hui un “véritable” texte de travaux dirigés, tel qu’il peut être proposé à des étudiants de première année de physique dans le cadre d’un cours de mécanique du point. Cette discipline est la première à être enseignée dans le cursus de physique à l’université, en parallèle avec d’autres comme la thermodynamique ou l’optique géométrique. Elle constitue la base de nombreux autres champs de la mécanique, comme la mécanique des fluides ou la résistance des matériaux.

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