La souveraineté profonde est l’enjeu de ce siècle
(Laurent Ozon)

[Note de l’administrateur de ce blog : je ne m’attendais pas en lisant cet entretien à y trouver une résonance aussi forte avec les concepts théoriques développés par le physicien François Roddier dans son essai “Thermodynamique de l’évolution”.

J’invite donc mes lecteurs à se reporter également à ce livre, auquel j’avais consacré une fiche de lecture sur ce blog fin 2014.]


Laurent Ozon est essayiste et le dirigeant de Strargum.
Cet entretien a été publié le 16 septembre 2022.

1/ Que genre de mouvement l’Histoire du monde connaît-elle actuellement ?

Mouvement dites-vous ? Je dirais que notre Terre est un système énergétiquement ouvert, tournant sur des cycles de 365 jours dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, autour d’une étoile qui est sa source d’énergie principale et qui elle-même tourne autour d’un trou noir supermasssif situé au centre de la Voie Lactée sur un cycle de 220 millions d’années. Sur cette terre existe quelque-chose qui semble rare et peut-être même unique : la vie. Enfin rare pour le moment, puisque que la vie cherche, par les moyens de quelques primates anxieux et calculateurs, à s’implanter sur d’autres cailloux stellaires. La Vie présente trois amusantes caractéristiques et c’est à ça qu’on la reconnaît, si je puis dire. D’abord elle cherche à maintenir son homéostase (sa stabilité face aux discontinuités qui la menacent). Ensuite elle est capable d’apprentissage. C’est un « apprentissage par la mort » selon la loi de la sélection naturelle, bien que nous ayons établis des processus d’apprentissages différents par la culture. Enfin, la Vie cherche à se reproduire et à s’étendre. La vie est donc une structure créatrice d’ordre (de diversité organisée), dissipant de l’énergie dite « libre » (facilement accessible) qui apprend, se reproduit et préserve sa stabilité. Bon, j’imagine que vous n’attendiez pas cette réponse. Mais j’y arrive.

La vie, en s’organisant, procède à des recompositions permanentes qui augmentent sa diversité organisée et la multiplication de ses formes et caractéristiques, malgré la pression permanente du principe inverse, que nous appellerons si vous le voulez bien le mal ou plus prosaïquement le deuxième principe de la thermodynamique. Celui qui homogénéise, désorganise, déconstruit, réduit à l’élémentaire et qui cherche à faire toutes ces saloperies, plus vite que la Vie ne fait l’inverse. L’Histoire du monde est donc une course de vitesse entre la vie qui fabrique des formes, des espèces, des processus, des paysages, des communautés, des écosystèmes, et ce mal qui cherche à restituer à notre caillou stellaire, l’aspect qu’il avait il y a quatre milliards d’années : une sphère à la croute surchauffée et stérile. Si le mal entropique triomphe un jour, personne n’entendra la vie crier en s’éteignant dans les infinités intersidérales.

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La Société Française de Physique ne voit rien venir

J’ai pendant longtemps été membre de la Société Française de Physique : depuis des temps préhistoriques où le web était encore à l’état de larve, où lorsqu’une personne écrivait “email” on lui faisait remarquer l’oubli de l’accent aigu et non celui du trait d’union, où les téléphones portables servaient surtout à faire de la musculation quand on s’en servait. Et puis j’ai décidé, au début de cette année, de manifester mon désaccord avec la SFP en ne renouvelant pas ma cotisation, et en expliquant à son bureau pourquoi.

Pour moi, une “société savante” se doit avant tout de veiller à la diffusion de la discipline qu’elle représente, ce qui inclut de prendre position publiquement contre les attaques, directes ou indirectes, que cette discipline peut subir, et en affirmant son importance au-delà de l’aspect “utilitaire” : la formation des esprits vaut autant que la valorisation technologique, dans le cas de la physique. Ce que le site internet de la SFP formule d’ailleurs correctement à la page “Qui sommes-nous ?“, notamment avec cette phrase :

Enfin, la SFP défend les intérêts de la communauté en prenant position et en expliquant comment la physique peut répondre aux défis de la société.

Pour prendre un exemple caricatural mais que tout le monde peut comprendre : supposons que notre Président Bien-Aimé se mette un jour en tête, en plus de vouloir enfourcher le tigre, de nous convaincre que la Guyane est une île ; alors il serait incompréhensible que la Société de Géographie ne publie pas un communiqué afin de rappeler qu’une île doit être entourée d’eau pour mériter ce nom. Eh bien, pour la physique c’est pareil : ses notions centrales (conservation de l’énergie, lois du mouvement, irréversibilité du temps…) ne sauraient être ouvertement bafouées dans des discours publics sans que personne ne s’en émeuve parmi ses meilleurs défenseurs.

Pourtant, il est un discours très répandu qui bafoue à peu près toute la physique qu’on enseigne aux jeunes élèves et étudiants : la légende de Ben Laden et des 19 pirates. On pourrait fort bien la raconter comme on le fait pour les contes de Grimm ou de Perrault, la vraisemblance ne faisant pas obligatoirement partie du cahier des charges, mais non, il se trouve toujours des intégristes dénués d’humour pour prendre à la lettre le texte de la légende sacrée, et pousser des cris d’horreur si jamais vous esquissez un sourire en coin.

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11/09 : quelques arguments de physique ordinaire

Mise à jour du jeudi 29 octobre 2020 : vu la recrudescence en France des attentats “islamistes” (notez les guillemets)1, il me paraît important de laisser cet article en première page et de rappeler pour les plus pressés deux faits importants qui découlent directement de l’application des lois de la physique aux données disponibles publiquement sur les attentats du 11 septembre 2001 :

  • Trois gratte-ciel ont été détruits par explosions nucléaires souterraines à grande profondeur (50 à 100 m sous le socle rocheux) le 11 septembre 2001 à Manhattan (objet de la vidéo présentée ci-dessous et de l’article de physique qui y est évoqué), ceci découle directement des principes fondamentaux de la thermodynamique (conservation de l’énergie surtout) et des connaissances de base sur la structure de la matière comme la masse des nucléons ou les niveaux d’énergie des électrons dans les atomes ;
  • Aucun avion n’est venu s’encastrer dans les tours jumelles de Manhattan le 11 septembre 2001, et ceci peut être démontré à partir des lois du mouvement de Newton précisément parce que nous avons les images de ces “avions”, qui sont contraires aux lois de la physique exactement comme certaines images de cinéma le sont (et ne nous conduisent pas à déduire que la physique n’est plus valide mais que les images ont été “arrangées” afin de raconter une histoire). Je n’ai rédigé – à part sur un mode humoristique – aucun document sur cette question, en réalité triviale pour tout physicien doué de bon sens, et particulièrement lorsque certains essaient de justifier les pénétrations fluides d’avions dans des façades en acier au moyen de simulations informatiques grotesques. D’autres ont traité la question sous un angle surprenant mais néanmoins très sérieux sur le fond scientifique, en tout cas beaucoup plus que la “version standard”.

En conséquence, les responsables de ces attentats n’ont rien à voir avec des barbus radicalisés armés de cutters et dirigés depuis une grotte en Afghanistan par un ex-agent de la CIA diabétique, mais tout à voir avec quelques responsables étatiques de haut niveau ayant pu détourner des dispositifs nucléaires civils de démolition contrôlée conçus dans les années 1960, avec des fournisseurs d’images liés aux media de grande diffusion, et avec des personnalités de la haute finance qui ont su profiter de ces attentats par de monstrueux délits d’initiés, comme le professeur Marc Chesney l’a très bien démontré.


[English subtitles available in the video]

Au mois de septembre 2019, j’étais invité à Lille par la section locale d’Égalité & Réconciliation pour une conférence de vulgarisation sur la destruction du World Trade Center, afin de compléter des explications données en février 2017 à Escos sur l’impossibilité de la “version officielle” de l’effondrement des trois gratte-ciel. À l’époque, ma conférence avait consisté à expliquer de façon simple les arguments publiés par Europhysics News, la revue officielle de la Société Européenne de Physique, dans un article aujourd’hui célèbre dont j’ai déjà parlé ici.

Ce discours se basait sur les lois du mouvement de Newton, qui sont à la base de la mécanique et sont enseignées en première année de cycle universitaire scientifique voire au lycée, et n’abordait le problème de la chaleur dégagée à Ground Zero, d’où l’on déduit la nature nucléaire de la destruction, que de façon très superficielle en fin de conférence et sans exposer l’argument scientifique permettant d’arriver à cette conclusion dérangeante. Il est temps maintenant d’entrer davantage dans les détails et de montrer ainsi l’extrême utilité de la thermodynamique – la science à la base de tous les transferts d’énergie – et de quelques connaissances de base sur la structure de la matière, disciplines également enseignées dès la première année universitaire.

Je remercie tout particulièrement l’équipe de E&R Lille, non seulement pour son invitation et son accueil chaleureux, mais également pour l’excellent travail de post-production réalisé sur la vidéo, avec des inserts judicieux de vidéos annexes et aussi de magnifiques animations très pédagogiques sur des figures qui au départ étaient statiques – voir notamment à partir de 54 minutes dans la vidéo. Le spectateur pourrait croire que ces animations sont de moi, il n’en est rien, et de plus c’est le monteur qui a de lui-même pris l’initiative de les réaliser sans que je le lui demande ! Du très beau travail très “pro” – bien que parfaitement gratuit – qui mérite respect. Chapeau !

Je remercie également l’équipe pour son impeccable travail de sous-titrage en anglais de mes paroles, qui devrait assurer à cette vidéo une diffusion encore plus importante que les 186 500 vues totalisées aujourd’hui (sur ERTV) par la conférence d’Escos !

Certains commentaires sur le site d’Égalité et Réconciliation m’amènent à préciser quelques points qui ont été abordés lors des questions du public (non retranscrites dans la vidéo) :

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Physique ordinaire de l’extraordinaire

Ou les étonnantes vertus explicatives du refroidissement de l’eau chaude.

Mise à jour du 9 mars 2019 : grâce à Heinz Pommer, auteur d’un gros travail sur le caractère nucléaire des destructions survenues à Ground Zero, la version allemande de cet article est maintenant en ligne sur Ken FM. Vielen Dank Heinz!

La « reine des sciences », cette inconnue

Nous vivons tous dans un environnement hyper-technique qui doit beaucoup aux avancées de la physique. Certains de ses développements sont déjà anciens (comme la thermodynamique, qui permit l’utilisation massive des machines à vapeur, puis des moteurs à combustion interne de nos automobiles), d’autres plus récents (la physique du solide, qui permit l’explosion de l’électronique puis de l’informatique). Chacun peut aujourd’hui utiliser le GPS de son smartphone avec une extrême simplicité, sans avoir la moindre idée des prouesses scientifiques et techniques qui se cachent derrière, les mesures de distance étant basées sur des temps de parcours d’ondes électromagnétiques voyageant à 300 000 km/s.

Mais ces exploits scientifico-techniques ont un revers : à force d’utiliser des objets « magiques », qui nous obéissent au doigt et à l’œil comme si nous étions Harry Potter au mieux de sa forme, nous finissons par accepter une forme de « pensée magique ». Nous redevenons des enfants de moins de 7 ans (l’âge de raison) et sommes prêts à croire n’importe quoi. Il est temps de prendre conscience de ces dérives, et de rappeler que les physiciens et les ingénieurs ne sont pas des magiciens. Ce n’est pas la nature qui leur obéit, mais bien au contraire eux qui doivent obéir scrupuleusement aux lois de la nature qu’ils formalisent.

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Thermodynamique de l’évolution

thermodynamique-evolutionLe genre : grande théorie unifiée de tout (mais modeste)

Voilà un ouvrage qui pourrait passer inaperçu, venant d’un petit éditeur (éditions parole) ne bénéficiant pas de tous les copinages du monde littéraire, et dont le titre comporte un de ces mots barbares, thermodynamique, qui font fuir les non-scientifiques (avez-vous remarqué comme il est de bon ton de se dire nul en sciences dans les salons où on croit causer intelligemment ?).

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