[Note (longue…) de l’administrateur de ce blog : rien de tel que prendre un peu de recul, ou de hauteur, pour mieux cerner un problème. J’ai déjà repris sur ce blog quelques articles de l’anthropologue médical suisse Jean-Dominique Michel (ici, ici, ici ou encore là), particulièrement productif pendant cette crise sanitaire. Je suis très heureux aujourd’hui de pouvoir relayer cet entretien vidéo d’une grande profondeur — et d’une grande longueur : 1 heure et 9 minutes — qui montre qu’on peut encore faire du vrai journalisme… surtout quand on n’est pas journaliste professionnel.
Il est difficile de résumer en quelques mots cet entretien-coup de poing. Jean-Dominique Michel est à la fois très direct — il parle de “l’imbécillité technique” de nos sociétés prétendument avancées ; assène “ce qui était inenvisageable il y a 30 ans c’est que le fascisme est de retour, mais chez nous” — et très académique, en ce sens qu’il n’avance que des choses parfaitement démontrées, connues et publiées de longue date pour certaines, qui lui permettent d’éclairer la crise actuelle avec sa compétence d’anthropologue plutôt que de subir passivement une propagande ambiante délirante, culpabilisante et terrorisante. Par exemple, il rappelle qu’il y a 100 fois moins de morts par million d’habitants en Corée du Sud qu’en Espagne… alors qu’il n’y a pas eu dans le premier pays de confinement général de la population. Retenons quelques phrases :
“Le constat, c’est que la presse n’existe plus.”
“On sait depuis 15 ans que l’essentiel de la production scientifique dans le domaine médical est falsifié.”
“On chausse ses bottes de sept lieues dans l’ignorance.”
“Le confinement est le pire cas de figure pour faire flamber une épidémie.”
L’anthropologue est particulièrement horrifié par le sort réservé aux aînés dans les maisons de retraite :
“On est entré dans un isolement durable, et là c’est la pointe qui tue pour les EHPAD et les EMS : on sait depuis plus de 10 ans que la richesse des liens sociaux qu’a une personne a un impact majeur sur la santé. Et notamment parce que, quand on est en perte de lien social, il y a un état inflammatoire qui s’installe, avec un nombre élevé de cytokines circulant dans le sang. […] Là, on a isolé des centaines de milliers de personnes de manière durable. Être isolé une semaine, on y arrive tous. Être isolé un mois et demi, on devient tous atteints, profondément. Donc, vous atteignez ces personnes, elles ont des flambées de cytokines, et on sait aujourd’hui que les cytokines sont le réactif qui font du COVID-19 une maladie mortelle. […] Et là on est vraiment dans quelque chose qui est, sur le plan éthique, abominable, consternant, je ne sais pas, il n’y a pas de mots, c’est navrant puissance dix.”
À la fin de l’entretien, Jean-Dominique Michel tord le cou au dogme pasteurien — encore suffisamment prégnant pour terroriser les populations par une propagande mensongère — en s’appuyant sur les savoirs scientifiques les plus récents :
“En microbiologie, il y a eu une évolution majeure qui s’est faite ces dernières décennies, qui a été de comprendre que nous avions besoin des microbes, et notamment de vivre en bonne intelligence avec eux. Depuis Pasteur, on était plutôt dans la logique que les microbes c’est dangereux, qu’on est entourés de dangers et qu’il faut lutter contre donc stériliser, et puis…
— (journaliste) D’où la société hygiéniste…
— … hygiéniste, et, dieu merci, les antibiotiques qui permettent de détruire certaines bactéries. Avec la découverte du microbiote, de ce kilo et demi de bactéries amies qu’on a dans le tube digestif — il y en a plus que nous n’avons de cellules dans le corps, et on a besoin de ces bactéries pour vivre ; sans elles, on ne peut pas digérer certains aliments, on n’a pas d’immunité, on n’a pas certains neurotransmetteurs, la sérotonine semblerait produite à hauteur de 90 % par certaines bactéries — et puis que, la population de notre microbiote reflète notre état de santé et notre exposition à des facteurs toxiques. […] Cette collaboration avec des bactéries est essentielle à notre santé, donc déjà ça change notre relation au monde invisible, mais il y a aussi beaucoup de questions aujourd’hui autour du virome, on héberge aussi des milliers de milliards de virus en permanence, et je dirais que le projet évolutif — si tant est qu’une espèce de virus ait un projet — est de vivre en symbiose avec l’être humain. Aujourd’hui, plus de 80% de la population est porteur du virus de l’herpès, mais pour l’immense majorité des gens sans aucun problème pour la santé. Ça, j’ai envie de dire, c’est le succès du virus : il vit en bonne intelligence avec notre espèce sans créer de dégâts. Et ce qu’on voit d’ailleurs avec les virus émergents, c’est que souvent il y a une atténuation de leur gravité : dans un premier temps, c’est comme si la rencontre entre le nouveau virus et l’immunité humaine produisait une espèce de chaos dramatique, et puis ça se lisse avec le temps et le virus est moins dangereux.”
On notera aussi, pour terminer, une interrogation sur le véritable danger du changement climatique, via la fonte du pergélisol (permafrost en anglais), qui change un peu des colères hystériques de la petite Suédoise à couettes…
Sans doute Jean-Dominique Michel est-il un homme trop rationnel et équilibré pour pouvoir envisager que le désastre actuel dans la gestion de la crise — qu’il analyse dans un livre à paraître — soit autre chose que le résultat d’une “imbécillité technique”, d’une incapacité systémique à agir de façon rapide et rationnelle, et pas au contraire le résultat de la manœuvre délibérée d’un système politico-médiatique en perdition et acculé, cherchant le moyen de contrôler la population pour empêcher la révolte qui l’emportera. Il se borne donc à constater que des milliers de morts auraient pu être évitées, et que l’économie aurait pu ne pas être mis en coma artificiel ; à chacun de décider si ce désastre pour le plus grand nombre a été commis par quelques-uns pour tenter égoïstement de “sauver leur peau”, ou pas. Mais tans tous les cas, il sera utile de relire Tocqueville.]
Covid-19 | PHUSIS et ATHLE.ch se sont rendus à Genève pour rencontrer Jean-Dominique Michel, un des plus grands spécialistes mondiaux de santé publique. Personnalité médiatique de longue date en terres romandes, il est boudé par les services publics et grands médias suisses durant la crise. 66 minutes de discussion pleine de sagacité et d’ouverture – et sans langue de bois – qui raconte et met en perspective le moment sidérant, énigmatique et inquiétant que nous vivons.
Ha les super héros populistes, toujours les premiers à voir “juste” avant tous les monde. Toujours capables de critiquer, de dénigrer, de dire qu’ils auraient fait mieux… mais au final, ils auraient fait ce qu’ils font toujours : rien. Des inutiles.
C’est votre autoportrait ? Ou vous avez jeté des mots au hasard sur votre clavier parce que vous n’arriviez pas à dormir ?