[Note de l’administrateur de ce blog : Valérie Bugault a déjà publié sur le saker francophone une série d’articles remarquables qui ont été relayés ici même. Très profonds, ceux de la série “décryptage du système économique global” demandaient à la fois un certain temps de lecture et un certain effort intellectuel. Cette fois, Valérie Bugault réussit la prouesse de pulvériser en un article relativement court toute la légende bâtie autour de la république telle qu’elle fut conçue par les révolutionnaires (bourgeois) de 1789, français mais sous influence idéologique anglo-saxonne.
Ce qu’elle écrit peut être considéré comme un résumé de l’essentiel des idées développées par Alain Soral dans Comprendre l’Empire, un livre qui est lui-même particulièrement condensé dans son style1.
Il n’est bien sûr pas un hasard que Valérie Bugault ait intitulé un de ses livres, coécrit avec Jean Rémy, “Du nouvel esprit des lois et de la monnaie”, une allusion transparente à l’œuvre maîtresse de Montesquieu “De l’esprit des lois”.
Il n’est pas davantage un hasard que le sous-titre de ce blog soit “Personne ne peut longtemps faire taire un Montesquieu ou un Molière”, une allusion assez claire également à deux personnages unanimement célébrés (à leur façon) par les media de grand chemin, qui tentent d’en faire des repoussoirs absolus.
L’intelligence populaire s’étant réveillée, cet objectif est à jamais perdu.]
Cet article est une réponse à l’article de Jacques Sapir « Les débats sur la souveraineté révélés par les évolutions des représentations de la Res Publica »
Cet article se veut un commentaire critique de l’article de Jacques Sapir commentant un ouvrage de Madame Claudia Moatti, professeur « d’histoire intellectuelle », qui traite de « l’évolution de la chose publique, de la Res Publica dans le monde romain »… c’est-à-dire des interprétations de la notion de « chose publique mais aussi des notions de légitimité et de droit ». Le présent article ne commentera pas ledit ouvrage, que l’auteur n’a pas lu, mais se revendique en tant que critique constructive à la présentation de cet ouvrage faite par Jacques Sapir.
Il est en effet intéressant, et sans doute non contestable, de savoir que le concept de « Res Publica » a subi, au temps de la Rome antique, de sérieuses variations tant quantitatives que qualitatives.
Néanmoins, ce genre d’analyse comporte, en particulier lorsqu’elle est mise en parallèle avec les temps républicains actuels, un biais intellectuel et cognitif. Une telle mise en perspective historique du concept de république a pour effet direct de tronquer les débats institutionnels en les enkystant définitivement autour du seul concept de République, avec, en arrière-fond, l’idée que la République instaurée en 1789 est incontournable.