Omerta dans la guerre des gangsters (Diana Johnstone)

[Note de l’administrateur de ce blog : Diana Johnstone est une journaliste et ancienne universitaire américaine que j’ai eu l’honneur de rencontrer à Paris. Elle est également diplômée d’études slaves, fut très active au moment de la guerre du Viêt Nam, et plus généralement de toutes les guerres néo-coloniales comme celle de Yougoslavie.

Elle n’est donc pas née de la dernière pluie pour tout ce qui concerne les anciens pays de l’est, la brutalité des ambitions américaines en Europe, et bien sûr, ne croit pas une seule seconde à la fable des Russes sabotant leur propre gazoduc.

Elle ne le mentionne pas, mais elle aurait également pu le faire : Ronald Reagan lui-même signa un décret présidentiel autorisant le sabotage de gazoducs, dans les années 1980. Et bien sûr il fut mis en pratique.

J’invite également mes lecteurs à comparer l’infographie du Monde en tête de cet article à celle que le même journal publiait le 3 janvier 2019. Le tracé de Nord Stream 2 semble avoir hésité entre deux options, face à l’opposition du Danemark…]


Le sabotage du gazoduc Nord Stream 2 a pratiquement annoncé que la guerre en Ukraine ne peut que s’intensifier sans qu’aucune fin ne soit en vue.

Les guerres impérialistes sont menées pour conquérir des terres, des peuples, des territoires. Les guerres de gangsters sont menées pour éliminer les concurrents. Dans les guerres de gangsters, on lance un avertissement obscur, puis on casse les vitres ou on brûle l’endroit.

La guerre des gangsters, c’est ce qu’on fait quand on est déjà le patron et qu’on ne laisse aucun étranger empiéter sur son territoire. Pour les « parrains » de Washington, le territoire peut être à peu près partout, mais son cœur est l’Europe occupée.

Par une étrange coïncidence, il se trouve que Joe Biden ressemble à un chef de la mafia, qu’il parle comme un chef de la mafia et qu’il arbore un demi-sourire de travers comme un chef de la mafia. Il suffit de regarder la désormais célèbre vidéo :

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Sujet d’examen (extrait, corrigé)

Je dois présenter à mes lecteurs mes plus plates excuses pour avoir oublié d’honorer un rendez-vous donné : le 10 décembre dernier, je proposais un extrait de sujet d’examen portant sur une des causes principales de la guerre en Syrie : le plus grand gisement de gaz naturel du monde, situé entre le Qatar et l’Iran, et les projets de gazoducs concurrents qui visent à lui assurer des débouchés commerciaux vers l’ouest. J’annonçais par la même occasion la publication de la correction une semaine plus tard… et j’ai totalement oublié de la donner, alors qu’elle était prête, comme il se doit, en même temps que le sujet. Je n’ai bien évidemment aucune bonne excuse à avancer, si ce n’est la préparation des fêtes de Noël et la précipitation qui va avec !

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Sujet d’examen (extrait)

Infrastructure pétrolière et gazière au Moyen-Orient.
(source : Wikipédia, couleurs modifiées)

Au moment où les coupeurs de tête modérés sont chassés d’Alep et où les “journalistes” et “experts” français continuent désespérément à répandre leur charlatanisme en faisant comme si on pouvait encore y croire, il est bon de rappeler que la mission d’un enseignant n’est pas seulement de gaver ses étudiants avec des connaissances, mais aussi de développer leur esprit critique.

Cet entraînement peut avoir lieu à tout moment, sur tous les sujets (en rapport avec le cours ! pour ce qui me concerne, ce peut être par exemple la mécanique des fluides…) car il n’y a en sciences ni dogmes ni tabous. Tous ceux qui écartent un thème de la discussion scientifique au motif qu’il serait trop “polémique” ne sont pas, en réalité, des scientifiques mais de médiocres intellectuels qui n’ont de la science que le vernis du jargon et des outils mathématiques.

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