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(général Henri Roure)

Le trop vieux confinement des compétences
(général Henri Roure)

[Note de l’administrateur de ce blog : l’un de mes correspondants me fait parvenir ce texte du général Henri Roure, qui autorise sa diffusion. Espérons qu’il reste encore suffisamment de militaires patriotes — et en activité — en France pour éviter à notre pays de tomber encore plus bas.

On pourra également lire de lui ce texte prémonitoire de mai 2017, Un putsch sans soldats, sur l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron. Espérons que ceux qui ont voté Macron “pour faire barrage au fascisme” (j’en connais !) auront l’humilité “grâce” au scandale sanitaire en cours de reconnaître leur lourde erreur.]


Une manœuvre militaire se prépare conduite par un civil. Une sorte d’opération de décrochage que nous connaissons bien, nous soldats. Le déconfinement, tel qu’il est présenté, devrait se faire par étapes, en prenant en considération plusieurs facteurs, dont la remise en activité optimale de l’ensemble de l’économie, ne sera pas le moindre. La sécurité des personnes et la poursuite de la lutte contre la pandémie et toutes sortes de paramètres apporteront leurs spécificités. Un travail d’état-major va se mettre en place, qui ne dira pas son nom, auquel aucun état-major existant et qualifié ne sera convié. Si les capacités d’organisation et de commandement des officiers ne sont pas méconnues, certains supposent, sans doute, qu’elles ne pourraient être utilisées sans mettre en cause la compétence de ceux qui nous gouvernent. Ils imaginent les médias, pourtant aux ordres, dire que la situation est tellement grave que le gouvernement, n’ayant pas le savoir-faire suffisant, se voit obligé de faire appel aux militaires pour ramener le pays à l’activité ! Et alors ? Il s’agit, paraît-il, d’une guerre… nous évoluons dans des circonstances exceptionnelles. Il n’y aurait donc rien eu d’incongru à faire appel à l’armée pour participer à  la conception et à l’organisation du déconfinement. Elle est là pour répondre à des situations hors-normes et accomplirait sa mission sous les ordres du chef des Armées. En toute logique c’est son rôle. Elle sait ce qu’est l’humain, le peuple, la patrie… et l’organisation. Celui qui aurait fait appel à elle pour apporter son concours à cette opération se serait grandi. Désigner un général pour diriger la reconstruction de Notre-Dame ne relève pas du même ordre. Les qualités du militaire valorisent, ici, ouvertement, le politique. Le temps imparti, dans ce cas, est certes compté, mais il n’expose pas. Il s’agit, en l’occurrence de pierres, de bois, de verre et de ciment à remettre en place et à coordonner les corps de métier. Le travail se fait dans une discrétion de bonne nature. Le général Georgelin, en officier discipliné, saura s’effacer le moment venu. Le président actuel, s’il est réélu, en tirera toute la gloire. S’il a un successeur, gageons que celui-ci fera de même. Mais dans l’affaire présente, il en serait tout autrement de la présence de militaires dans la conception de la manœuvre, du moins dans la pensée des dirigeants. Ils préfèreront se priver de compétences que de risquer d’écorner davantage leur image.

Bricoler un hôpital de campagne, déployer du personnel saturé de missions, des aéronefs ou des bâtiments, à l’extrême limite des capacités, tout en continuant à assurer l’opération Barkhane dans le Sahel et la présence au Proche-Orient et outre-mer, tout cela aurait pourtant dû rappeler aux politiques qui nous gouvernent combien nos forces demeurent réactives et qualifiées, malgré des moyens limités. Nos armées savent faire autre chose que fournir du matériel et des effectifs et tenir les intérêts résiduels de la France dans des pays menacés. En fait, leur marginalisation politique, leur budget incertain face aux obligations, et l’occultation de leurs aptitudes dans la direction du pays, résultent de toutes sortes de reculs de l’idée nationale. Elles ne sont pas les seules à avoir pâti du ralliement des plus hauts responsables français aux idées supra-nationales, avec pour corollaire l’abaissement des services publics et de tous les instruments de souveraineté. Armée, Forces de sécurité, Santé, Éducation Nationale, Justice, tous les grands services régaliens, riches de qualifications, de dévouement et de compétence, ont subi ce ralliement des notables politiques à l’internationalisme financier et à la dislocation de la nation.

Cette crise « virale » fera inévitablement l’objet d’une analyse à postériori, un RETEX, un retour d’expérience, comme disent ces états-majors que le pouvoir n’utilise pas pleinement. Elle aura mis, dans une aveuglante évidence, les fautes et les insuffisances, des derniers dirigeants de notre pays, et leur absence de vision stratégique. Nous payons aujourd’hui les abandons de souveraineté et la politique ultra-libérale qui nous ont démunis dans la lutte contre cette pandémie. Ils ont concédé à l’étranger des productions et des pouvoirs, reconnus subitement essentiels et manquants, dans les domaines de la sécurité sanitaire, militaire, énergétique, économique et politique. Ils ont octroyé de l’autorité à des groupes de pression, au soutien populaire très minoritaire, mais à la voix tonitruante. Ils ont mis en péril la sécurité du peuple français en voulant désarticuler la nation pour l’insérer dans un monde virtuel et sans ressort. En conséquence, face à un événement majeur, le gouvernement se montre incohérent, anarchique dans ses attitudes et ses décisions. Il subit l’absolue contradiction entre la politique qu’il a menée et celle que les faits l’obligent à conduire et à envisager. D’où ses mensonges, ses approximations et cette fuite devant les responsabilités et, au bilan, sa perte de crédibilité dans une crise majeure. Heureusement le peuple français réagit par lui-même, s’organise, affirme sa solidarité et met en œuvre cet art bien à lui, le système « D »; et tous les corps de l’État, malgré les blessures infligées par le pouvoir, se démènent pour dominer le mal qui sévit.

La voie sur laquelle ces personnages nous ont engagés se révèle, avec une vive acuité, comme une impasse. Si nos grands services d’État avaient été protégés, respectés, soutenus, développés, il est certain que les effets de cette crise n’auraient pas été aussi importants. Ils auraient immédiatement joué leur rôle. Les engagements extérieurs et les renoncements voulus par les politiques, au pouvoir au cours des dernières années, sont une faute. Elle est d’autant plus grave que leurs options étaient délibérées.

Sous la menace, la nation, adhésion profonde d’un peuple à une transcendance, âme commune, s’exprime à nouveau, tant il est vrai que lorsqu’un malheur surgit, le seul refuge se trouve auprès des siens. Fermeture impérative des frontières et confinement ont ainsi mis en pleine lumière la force cachée de la nation et de la famille. Nous l’avions déjà pressentie lors de l’incendie de notre cathédrale ou du soutien populaire massif à la naissance du mouvement des Gilets jaunes.  Il s’agit là d’une défaite de ceux que je nomme les humanoïstes, et de tous les internationalistes et apatrides. Cependant nous ne pouvons réfuter notre propre responsabilité dans la constitution de la classe dirigeante présente. Notre faute a résidé dans notre naïveté ou notre crédulité, à l’écoute des beaux discours et devant les gesticulations télévisuelles de ceux qui ont détourné, lentement et méthodiquement, un pouvoir, dont ils n’étaient pourtant que les mandataires, au profit d’intérêts extérieurs au pays. Jadis nous aurions parlé de trahison. Mais ils ont fait en sorte que certains mots n’aient plus de sens!

Après la crise, ces gouvernants vont rester en place. Il faudra alors demeurer vigilants pour empêcher les dérives mortifères de reprendre. Demain, ils nous diront, avec l’aplomb que nous leur connaissons, qu’il n’y avait pas eu assez d’Europe pour répartir matériels, médicaments et soins. Ils remarqueront, de manière faussement ingénue, que l’ONU ne détenait pas assez d’autorité pour imposer des règles valables pour tous. Ils reprocheront aux nations d’avoir égoïstement pensé en priorité à leurs propres citoyens. Ils raconteront que, pour résorber l’inévitable crise économique et financière, il faudra davantage d’implication dans le système financier et bancaire,dirigé par les États-Unis, et respecter de manière absolue des règles budgétaires draconiennes imposées par Berlin ou Bruxelles. Ils ouvriront à nouveau les frontières à l’émigration musulmane et à la lie de la terre entière… les attentats et les massacres se poursuivront sans que de vraies mesures soient prises pour expulser et combattre ceux qui refusent de se fondre dans la nation. La guerre de religion deviendra inéluctable. La mondialisation, assassine des civilisations, ira à nouveau de l’avant.

Bref, ces personnages reprendront le cours de leurs idées et feront tout pour nous faire oublier les belles paroles de circonstances qu’ils ont pu prononcer. Avec l’aide des banques, des géants industriels ou des services, et, bien sûr, des médias asservis, ils vont à nouveau tenter de nous convaincre qu’il vaut mieux devenir un consommateur ignorant qu’un citoyen averti. Ils reprendront et développeront insidieusement, sans jamais la formaliser, leur thèse, selon laquelle l’individu amoral est préférable à une personne incluse dans une famille, pour manifester le progrès de l’espèce humaine. Nos armées et toutes les compétences qu’elles recèlent, resteront à l’écart et ne pourront s’impliquer davantage dans une sécurité que d’aucuns continueront à vouloir internationaliser. Les services régaliens reviendront à la portion congrue d’un budget toujours piloté de l’étranger et faisant la part belle à l’accessoire et aux intérêts privés. La France continuera à subir des lois qui ne seront pas les siennes.

Prenons garde ! Cette crise peut se révéler une chance pour les peuples. Elle a prouvé que nulle engeance politique de circonstance ne peut arrêter, en quelques années, la lente construction de l’histoire, mais encore faut-il que la génération actuelle réagisse, profitant des évènements dramatiques qu’elle aura vécus, pour imposer, à nouveau, durablement, la volonté de la nation française.

Soyons désormais sages et prudents dans nos choix politiques. La souveraineté ne se partage pas, elle contribue efficacement à  notre sécurité. Elle a besoin de services régaliens forts et reconnus.

Henri ROURE

Cercle de Réflexion Interarmées

4 commentaires sur “Le trop vieux confinement des compétences
(général Henri Roure)

  1. Cher François,

    que pensez vous de l’intervention de Luc Montagnier à propos de l’origine du Covid 19 ?
    Personnellement, j’ai lu l’article des chercheurs de New Delhi qui affirment qu’il est très probable que ce virus ait été fabriqué dans un laboratoire. Sans être un expert, j’ai l’impression qu’ils avancent des arguments solides. En outre, je ne suis pas vraiment convaincu par leurs détracteurs.. Maintenant si les collègues de New Delhi ont raison alors dans l’intérêt de la santé de la population, il faut approfondir leur travail pour anticiper l’évolution de ce virus..

    Merci

    Bien à vous

    Albert

    1. Bonjour,

      J’ai aussi lu la publication “retirée” (mais toujours en ligne) de l’équipe indienne et, sans pour autant l’avoir étudiée dans le détail, elle m’a semblé assez solide également. Je ne suis pas vraiment convaincu non plus par leurs détracteurs, surtout quand ils les accusent de “complotisme”, mot qui, vous le savez, n’a rien à faire dans l’argumentation scientifique. Cela dit, il faudrait un peu plus de travail de ma part pour parvenir à une conclusion tranchée, sachant que la génétique n’est pas ma spécialité. Même s’il me semble extrêmement probable, voire certain (de façon générale, indépendamment de ce virus-là) que des laboratoires dans le monde cherchent à trafiquer des virus existants dans des buts militaires ou autres, je n’en déduis pas pour l’instant que ce virus est forcément d’origine artificielle.

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