Le 30 mars 2017, je terminais un chapitre de mon cours sur l’énergie par cette phrase : “Le pétrole justifie tous les mensonges et toutes les guerres.” Une vérité hélas très facilement vérifiable depuis plus d’un siècle et qui s’applique également à son cousin germain le gaz naturel.
Le 4 avril, on déplorait à Khan Cheikhoun en Syrie une centaine de morts civiles à la suite de ce qui fut immédiatement présenté par le système médiatico-politique occidental – y compris la caisse de résonance faussement libre Wikipédia – comme une attaque chimique supplémentaire du tyran Bachar el-Assad contre son propre peuple. Ce fut donc l’occasion rêvée pour moi, lors du cours suivant le 6 avril – juste avant l’attaque américaine contre la Syrie déclenchée par feu le président Trump – d’illustrer par l’exemple la conclusion de mon cours précédent. Je le fis principalement à l’aide de deux vidéos, tirées d’émissions télévisées du service public audiovisuel français car il arrive quand même, très rarement, qu’on y trouve des lueurs de vérité.
La première était celle-ci :
Et la seconde celle-là :
Il n’est pas très difficile, même pour un(e) étudiant(e) un peu somnolent(e), de comprendre ce qu’impliquent et l’existence d’une propagande de guerre et la situation géographique de la Syrie, pile poil sur le lieu d’arrivée de deux projets de gazoducs concurrents, le camp “occidental” ayant perdu le marché. Et ceci même pour des étudiant(e)s de première année, qui constituaient la majeure partie de mon audience.
Mais bizarrement, ce qui coule de source pour des étudiants à peine entrés à l’université ne semble pas accessible ni pour “l’élite” politique, ni pour ses auxiliaires médiatiques, qui persistent à répéter en boucle les mensonges les plus grossiers sur le-tyran-Bachar-qui-gaze-son-peuple, et alors même que, en supposant qu’il soit réellement un tyran sanguinaire, il n’avait strictement aucun intérêt à commettre un tel crime mais tout intérêt à ne pas le commettre, puisque son armée reprenait rapidement le dessus sur les “coupeurs de tête modérés” qui font du “bon boulot” selon certaines chancelleries occidentales1, et financés par les démocraties exemplaires que sont l’Arabie Saoudite et le Qatar. Sans parler de la difficulté de réaliser une attaque chimique alors qu’on ne possède plus de telles armes depuis 2014, leur destruction ayant été réalisée sous le contrôle des États-Unis eux-mêmes, suite à la fausse accusation d’attaque chimique à la Ghouta le 21 août 2013. Ce fut d’ailleurs aussi pour moi l’occasion de rappeler aux étudiants comment la simple physique put désamorcer ce mensonge via le travail des experts militaires américains Richard Lloyd et Theodore Postol, ce dernier prenant logiquement position le 17 avril pour dénoncer les nouveaux mensonges de la Maison Blanche.
Mon travail pédagogique s’arrêta là, étant bien suffisant pour motiver les étudiants à réveiller la masse gélatineuse située entre leurs deux oreilles plutôt qu’à l’anesthésier avec le robinet à mensonges du Média Unique. Et j’avais quand même d’autres thèmes à aborder. D’autres éléments de réflexion sont pourtant disponibles, certains depuis très récemment :
- un article (disparu) du Daily Mail sur un projet américain d’attaque chimique sous faux drapeau en Syrie
- les “casques blancs” accusés de mauvais traitements, voire de meurtres sur enfants par une association suédoise de médecins
- l’ancien ambassadeur du Royaume-Uni en Syrie expliquant pourquoi il ne croit pas à la version “occidentale” des événements
- l’analyse de François Belliot (écrivain, administrateur du site Observatoire des Mensonges d’État) sur l’instrumentalisation systématique des massacres en Syrie par une propagande de guerre sans limite
- le communiqué du Ministère russe des Affaires étrangères concernant l’enquête française sur l’usage présumé de l’arme chimique à Khan Cheikhoun
- et bien sûr la récente accusation du gouvernement syrien envers la France dans cette sinistre affaire (notez comment un gouvernement légitime est appelé le “régime de Damas” : les mots employés ne sont jamais neutres).
Il est hélas facile à comprendre, même pour un(e) étudiant(e) somnolent(e), que cette dernière accusation est de loin plus plausible que les accusations portées contre le “régime de Bachar” de gazer sa propre population. Car comme le dit Michel Collon, on ne peut pas dire ouvertement que l’on fait la guerre pour le pétrole, le gaz ou le fric ; et toute guerre coûte cher, ce qui nécessite à la fois la participation des banques et, dans des États qui se prétendent démocratiques, l’assentiment des populations qui doivent avoir l’impression que leurs impôts servent une cause juste, et non l’enrichissement sans limite d’une oligarchie prédatrice.
La Banque et le Média Unique sont donc les instruments essentiels de toute entreprise de prédation capitaliste d’envergure mondiale. Face à la diffusion de plus en plus rapide de sources d’information concurrentes à la propagande centralisée, ces deux mafias se devaient donc, pour la France ou ce qu’il en reste, de synthétiser une nouvelle arme de distraction massive, chimiquement pure donc venue de la Banque, portée par le Média Unique et idéologiquement au même niveau qu’un slogan publicitaire pour marque de lessive. Ce produit de synthèse, ce Golem médiatico-bancaire se nomme Emmanuel Macron.
Les Français ont-ils encore un organe fonctionnel entre les deux oreilles ? C’est toute la question.