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La Déclaration Balfour : étude de la duplicité britannique (Middle East Eye)

[Note de l’administrateur de ce blog : beaucoup de personnes croient encore au mensonge sioniste qui présente “l’État d’Israël” comme la réponse aux persécutions et crimes nazis envers les juifs, comme la “solution finale” (positive celle-là) qui empêcherait définitivement que se reproduise une nouvelle Shoah. Bien peu savent que sionistes et nazis ont marché longtemps main dans la main, poursuivant des buts complémentaires sur la base d’idéologies où la “pureté ethnique” est centrale : regroupement des juifs sur une mythique terre promise pour les uns, purification de la “race allemande” par l’expulsion des éléments étrangers indésirables pour les autres.

De même, trop peu de monde connaît l’existence de la Déclaration Balfour, dont nous célébrons aujourd’hui le centenaire, et qui constitue le véritable “acte de naissance” de l’État d’Israël, même si son existence officielle dut encore attendre 30 ans. C’est pourtant un acte politique capital du vingtième siècle (une “bourde stratégique colossale”, selon l’auteur de l’article ci-dessous) qui devrait être au premier plan dans tous les programmes d’histoire du lycée.

La logique aurait voulu que j’y consacre moi-même un article, tant cette déclaration est au cœur de problèmes gravissimes dont je parle sur ce blog, en particulier au Moyen-Orient mais aussi bien au-delà : en faisant d’une toute petite minorité au sein des juifs – considérée même initialement comme hérétique – une force politique dominante, les Britanniques, fidèles à leur réputation de perfidie, ont mis le feu non seulement aux restes de l’Empire ottoman mais également à tout l’Occident, aujourd’hui totalement sous la coupe du mensonge sioniste. Mais d’autres y ont bien sûr pensé, ce qui m’arrange bien… en raison d’un changement d’ordinateur urgent ces derniers jours pour cause d’inquiétants signes de vieillesse du précédent (10 ans, un âge respectable pour ces fragiles petites bêtes, il faut multiplier par 7 pour comparer avec nous paraît-il).

Bref, avec cette longue introduction, je vous invite à lire ci-dessous ce que pense de la Déclaration Balfour Avi Shlaim, professeur émérite de relations internationales à l’Université d’Oxford. Tout en y ajoutant ma petite touche personnelle, liée comme il se doit à la physique et plus particulièrement à la notion d’énergie.

Au début du vingtième siècle, le pétrole était déjà une ressource stratégique, même si l’aviation était balbutiante et l’automobile encore un jouet de riches. Pour continuer à contrôler leur empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais, les Britanniques avaient un besoin vital de dominer les mers. Or, durant la première guerre mondiale la marine fonctionne encore souvent au charbon, même si le brevet du moteur Diesel fut déposé dès 18921. Mais le changement vers la propulsion Diesel à mazout est inéluctable (elle s’imposera dans les années 20), tant les avantages en terme de puissance et surtout de temps de ravitaillement à quai sont colossaux, sans parler d’un panache de fumée nettement moins abondant donc visible de moins loin. S’approprier les ressources pétrolières est donc la clé de la survie de l’empire, et le Moyen-Orient fragilisé par la chute de l’Empire ottoman en fera les frais. L’Iran est déjà un eldorado pétrolier sur lequel règne l’Anglo-Persian Oil Company (future BP) depuis 1909, suite aux importantes découvertes de 1908.

Le contrôle du pétrole valait bien le soutien à une minorité nationaliste allogène – et souvent extrémiste – en Palestine, au détriment d’une majorité autochtone pacifique. Un soutien qui incitera plus tard une bonne partie de “l’élite” (financière) juive allemande à se ranger du côté britannique, donnant ainsi plus de poids à la propagande nazie sur la dangerosité et la traîtrise congénitales du “peuple juif”. Un certain Albert Einstein, que je cite ici pour la n-ième fois, avait parfaitement compris le caractère toxique de ce soutien britannique aux sionistes, et ce y compris pour les juifs eux-mêmes. Il semble que certains n’ont toujours rien retenu de l’histoire… sans doute est-ce pour cela qu’ils voudraient la réécrire selon leurs rêves.]


(Texte original : The Balfour Declaration: A study in British duplicity, par Avi Shlaim – 25 août 2017)

Ce document qui a changé le cours de l’histoire aura cent ans jeudi prochain, mais la Grande-Bretagne ne reconnaît toujours pas le refus israélien du droit palestinien à l’autodétermination nationale – et sa propre complicité.

La Déclaration Balfour, publiée le 2 novembre 1917, est un court texte qui a changé le cours de l’histoire. Elle a engagé le gouvernement britannique à soutenir la création d’un foyer national pour le peuple juif en Palestine, à condition que rien ne fût fait « pour porter atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives existantes en Palestine ».

À cette époque, les juifs ne constituaient que 10 % de la population de la Palestine : 60 000 juifs pour un peu plus de 600 000 Arabes. Pourtant, la Grande-Bretagne a choisi de reconnaître le droit à l’autodétermination nationale de la minuscule minorité et de le refuser catégoriquement à la majorité incontestée. Comme le décrivait l’auteur juif Arthur Koestler, c’était là une nation qui promettait à une autre nation la terre d’une troisième nation.

Certains récits contemporains ont présenté la Déclaration Balfour comme un geste désintéressé et même comme un noble projet chrétien visant à aider un peuple ancien à reconstituer sa vie nationale dans sa patrie ancestrale. Ces discours émanent du romantisme biblique de certains responsables britanniques et de leur sympathie pour le sort des juifs d’Europe de l’Est.

Les études qui ont suivi laissent entendre que la motivation principale de la publication de cette déclaration relevait d’un calcul froid servant les intérêts impériaux britanniques. On croyait, finalement à tort, que les intérêts de la Grande-Bretagne auraient été mieux servis par une alliance avec le mouvement sioniste en Palestine.

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Mise à jour du 12 novembre : voir également la traduction en français d’un excellent article de Gilad Atzmon sur le sujet.

 

  1. Un brevet décrivant initialement un moteur fonctionnant… au charbon pulvérisé !

2 commentaires sur “La Déclaration Balfour : étude de la duplicité britannique (Middle East Eye)

  1. Avi Shlaim ne semble pas s’intéresser au fait que la Déclaration Balfour de 1917 aurait été octroyée en échange d’un engagement des Juifs à faire de la propagande en faveur d’une entrée en guerre des USA au côté de la Grande-Bretagne. Voici un extrait de l’article de Wikipédia sur la Déclaration Balfour de 1917
    (https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9claration_Balfour_de_1917) :

    “dans un article publié le 3 novembre 1930 par l’Agence télégraphique juive (en), Winston Churchill écrivait, en réponse au Livre blanc de Passfield : « L’année 1917 marqua peut-être la période la plus maussade et la plus sombre de la guerre. (…). C’était l’époque où les éléments les plus résolus du gouvernement britannique cherchaient à enrôler toute influence capable de garder unies à la tâche les nations alliées. Le mouvement sioniste, dans le monde entier, était activement proallié, et, en particulier, pro-britannique. Ce mouvement n’était nulle part plus visible qu’aux États-Unis et nos espoirs reposaient dans une large mesure sur la part active que prendraient les États-Unis dans la lutte sanglante qui s’annonçait. Les talentueux dirigeants du mouvement sioniste et ses nombreuses ramifications exercèrent une influence appréciable sur l’opinion américaine et cette influence (…) était constamment en notre faveur. (…) Les Juifs (sionistes aussi bien que non sionistes) (…) ont œuvré pour le succès de la Grande-Bretagne et pour une étroite coopération entre la Grande-Bretagne et les États-Unis. La déclaration Balfour ne doit donc pas être regardée comme une promesse faite pour des motifs sentimentaux, c’était une mesure pratique prise dans l’intérêt d’une cause commune à un moment où cette cause ne pouvait se permettre de négliger aucun facteur d’assistance matérielle ou morale. »”
    (« Churchill, Author of 1922 White Paper, Takes Issue with Passfield », Jewish Telegraphic Agency,
    https://www.jta.org/1930/11/03/archive/churchill-author-of-1922-white-paper-takes-issue-with-passfield-advises-take-palestine-dispute-to

    1. En effet, tout comme il ne mentionne même pas la ténébreuse affaire du télégramme Zimmermann de la même année (16 janvier, transmis aux Américains le 23 février), véritable chiffon rouge agité devant le taureau États-unien. Zimmermann n’était pas juif (à ma connaissance) mais cela ne l’empêchait pas évidemment, comme certains de nos contemporains chrétiens ou musulmans, d’œuvrer pour les intérêts sionistes ; il était connu en tout cas pour tremper dans un tas d’affaires louches, dont un soutien direct aux révolutionnaires bolcheviques.

      Or ce télégramme, que j’ai entendu Jean-Michel Vernochet qualifier de “forgerie”, constitue à l’évidence une cause majeure de l’entrée en guerre des USA, toujours pour des raisons pétrolières : les Américains n’avaient aucune raison de participer à la boucherie sur le continent européen, étant peinards dans leur vaste pays riche en ressources… sauf si on les menaçait de reprendre leurs États du sud, où le pétrole coulait à flots !

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