Le dogme et la conviction (Marc Dugois)

[Note de l’administrateur de ce blog : n’y aura-t-il bientôt que des retraités pour avoir le courage de penser droit et à haute voix ? Si j’en crois la brochette de non-penseurs encore en activité que j’ai eue récemment devant moi au CNESER, on peut se le demander.]


La conviction est un essentiel qui vient de l’intérieur, le dogme est un essentiel qui vient de l’extérieur. La conviction motive, le dogme rassure, justifie et crée le lien social. Le but de toute éducation est d’apprendre à se forger des convictions, d’assumer sa liberté et de comprendre les dogmes. Le but de tout pouvoir est de faire confondre ses dogmes avec la vérité et s’ils sont faux, le pouvoir mène son peuple à sa perte car les convictions se heurtent aux dogmes.

L’éducation nationale est aujourd’hui un oxymore, une obscure clarté, une intelligence bornée, un apprentissage de fausses vérités. Quand l’éducation nationale ne réussit pas à instiller les dogmes, le politique fait des lois mémorielles qui les imposent sous peine de sanctions pénales. La conviction n’a plus droit de cité, l’homme n’a plus le droit d’être debout, la liberté d’expression n’est plus qu’un étendard que l’on courtise en le poignardant.

En économie les faux dogmes génèrent des techniques de paupérisation de plus en plus sophistiquées pour le plus grand profit de ceux qui les imaginent, qui n’existent que par leur inventivité et qui coûtent fort cher. Ces techniques ne prospèrent que parce que l’on a convaincu le peuple qu’il était incompétent en économie, que son bon sens ne valait pas intelligence et que les dogmes actuels de l’économie étaient vrais alors qu’ils sont faux.

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La République des censeurs

La république des censeursLe genre : démonstration par l’absurde

Peut-être est-ce dû à sa qualité de physicien, signe d’une tournure d’esprit proche de la mienne, mais je dois reconnaître que j’apprécie particulièrement Jean Bricmont, toujours précis, rationnel et essayant de tirer la réflexion vers le haut dans les débats “sociétaux” en faisant preuve d’une grande rigueur argumentaire, là où tant d’autres versent dans l’hystérie émotionnelle ou les attaques ad hominem. C’est aussi, comme moi, un homme “de gauche”, mais du temps où la gauche visait à fournir aux pauvres des conditions de vie et de travail décentes, condamnait l’impérialisme au lieu de le justifier, en Libye, en Syrie ou en Ukraine, défendait la liberté d’expression au lieu de la museler, et condamnait vigoureusement l’apartheid au lieu de diaboliser et menacer de poursuites ceux qui luttent contre le dernier régime politique de ce type sur la planète. D’un temps où la gauche était donc à l’opposé du troupeau de lâches et de traîtres arrivistes qu’elle est devenue aujourd’hui. Cette fiche de lecture ne peut donc être parfaitement impartiale, vu l’admiration que je porte à l’auteur.

Une admiration qui n’est toutefois pas sans bornes, car je reproche à Bricmont de faire la “grève de la physique” lorsqu’il s’agit d’analyser rationnellement les événements du 11-Septembre, en se contentant d’aligner des arguments très faibles de type sciences humaines et sociales, là où une science inhumaine et asociale telle que la physique permet de procéder de façon sûre par élimination des scénarios les plus farfelus, car contraires aux lois de la nature – par exemple celles du mouvement établies par Newton à la fin du dix-septième siècle, ou encore les premier et deuxième principes de la thermodynamique, établis au dix-neuvième siècle. Abandonner ses armes méthodologiques les plus sûres sur le champ de bataille, M. Bricmont, c’est tout à fait regrettable, et c’est même une faute professionnelle ! Le principe des actions réciproques ou la conservation de l’énergie ont quand même une autre puissance et une autre autorité que ces ratiocinations de sciences très molles, voire carrément non scientifiques. Mais ce n’est pas le sujet de l’ouvrage dont il est maintenant question.

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