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Quand Dieudonné dérape

Dieudonné

Quand Dieudonné dérape, vous diront en choeur tous les journalistes d’une presse n’ayant rien retenu de l’affaire Dreyfus (qui dura de 1894 à 1906 et qui vit la quasi-totalité des journaux marteler les preuves de la culpabilité du capitaine), il devient forcément antisémite, puisqu’il a été estampillé comme tel par les milieux autorisés.

Ayant chez moi un coffret de 10 DVD de ses spectacles, ainsi que son film “l’Antisémite”, je n’ai encore pas réussi à trouver une tirade qu’on puisse qualifier d’antisémite, c’est-à-dire hostile aux personnes juives en raison de leur naissance (la critique des religions en général est par contre un passage obligé pour quiconque fait, comme lui, son miel de la bêtise humaine et de la crédulité des masses).

Il est d’ailleurs probable que si c’était le cas, son régisseur et ami Jacky Sigaux, qui participe également à ses spectacles en sa qualité de comédien, arrêterait de le suivre dans cette galère.

Mais Dieudonné étant humain, il lui arrive en effet de se tromper, donc de déraper. Et même gravement. En voici un exemple (spectacle “Mes excuses”, 2004) :

Dieudonné cite un texte de Montesquieu tiré de son oeuvre majeure, “De l’esprit des lois” , d’un racisme débridé.  Le voici en entier :

“Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves , voici ce que je dirais :

Les peuples d’Europe ayant exterminé ceux de l’Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l’Afrique, pour s’en servir à défricher tant de terres.

Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves.

Ceux dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu’il est presque impossible de les plaindre.

On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir.

Il est si naturel de penser que c’est la couleur qui constitue l’essence de l’humanité, que les peuples d’Asie, qui font des eunuques, privent toujours les noirs du rapport qu’ils ont avec nous d’une façon plus marquée.

On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez les Égyptiens, les meilleurs philosophes du monde, étaient d’une si grande conséquence, qu’ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains.

Une preuve que les nègres n’ont pas le sens commun, c’est qu’ils font plus de cas d’un collier de verre que de l’or, qui, chez des nations policées, est d’une si grande conséquence.

Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes ; parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens.

De petits esprits exagèrent trop l’injustice que l’on fait aux Africains. Car, si elle était telle qu’ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tête des princes d’Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d’en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié ?”

Mais ce que Dieudonné ignore, et qu’il aurait su s’il avait lu l’ensemble de l’oeuvre, ou au moins le livre quinzième où se trouve le passage cité, c’est que Montesquieu a écrit ce texte en reprenant les arguments de ses contemporains qu’il combattait, de façon totalement ironique.

Autrement dit, Dieudonné n’a pas compris que Montesquieu faisait… du Dieudonné avant l’heure, puisque tous ses spectacles fonctionnent à l’humour noir et au second degré.

Moralité : écoutons et lisons avant de juger, et ne croyons jamais aveuglément ce qui nous est rapporté de quelqu’un.

“Errare humanum est, perseverare diabolicum.”

 

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