Notre-Dame : l’audition de Franck Riester au Sénat
(La Tribune de l’Art)

[Note de l’administrateur de ce blog : était-il bien raisonnable de confier le Ministère de la Culture à un concessionnaire automobile ? Il semble que non. En tout cas pas avant de lui offrir une sérieuse formation de mise à niveau. Que diriez-vous si le prof de maths d’un de vos enfants était remplacé par son collègue d’espagnol ?]


Didier Rykner, vendredi 17 mai 2019.

Hier 16 mai, le ministre de la Culture Franck Riester était entendu en audition plénière par la commission des affaires culturelles du Sénat (la vidéo est visible et téléchargeable ici). Hélas, une fois de plus, celui-ci s’est montré bien en deçà de sa fonction. Multipliant les erreurs factuelles et les approximations, se montrant fébrile et très rapidement agressif, il a donné une piètre prestation devant la représentation nationale.

Analysons point par point son intervention.

Un ministre techniquement insuffisant

Vers 11’07”, le ministre explique doctement ce que veut dire « conservation ». Écoutons le : « En matière de patrimoine on appelle conservation la sécurisation et la préservation du bâti, et pas la conservation sur le temps long. »

C’est, évidemment, entièrement faux. Et ce n’est pas seulement nous qui le disons : nous avons interrogé plusieurs spécialistes de la restauration : un architecte du patrimoine, un conservateur des monuments historiques, un architecte des bâtiments de France, un conservateur régional des monuments historiques et un historien de l’architecture. Tous nous ont confirmé que cette définition est fantaisiste [1]. La conservation « en matière de patrimoine », c’est aussi et avant tout les actions qui permettent la préservation du monument justement sur le temps long. Le ministre ne connaît pas la base du travail de ses services. On se demande à quoi servait le directeur général des patrimoines qui était à ses côtés pour le conseiller…

Vers 12’38″, Franck Riester, après avoir inventé une nouvelle définition du mot « conservation » crée un nouveau concept en architecture : le transept à trois bras. Il parle en effet des « pignon du transept nord, pignon du transept sud, et pignon du transept ouest » ! Comme nous l’a fait remarquer un ami sur Twitter : il ne manque plus que le transept est, et on peut se passer à la fois des notions de nef et de chœur. Ce serait drôle si en réalité ce n’était pas tragique venant d’un ministre de la Culture car il s’agit tout de même ici de culture générale…

Continuer la lecture sur La Tribune de l’Art