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(La Tribune de l’Art)

Notre-Dame : trois inquiétudes venues d’Allemagne
(La Tribune de l’Art)

[Note de l’administrateur de ce blog : les Français devront-ils compter sur des interventions étrangères pour ramener leurs dirigeants à la raison ?

On mesure ici le gouffre qui sépare ceux pour qui compte le temps long, la Tradition dans ce qu’elle a de plus noble, et de plus respectueux envers ceux qui nous ont précédé, et ceux qui ne vivent que dans l’instant de leur gloire personnelle… c’est-à-dire dans un désert ethnologique et historique, dans un vide humain qui seul leur permet de se trouver grands.

Et ce sont en général les mêmes qui ont toujours à la bouche un “devoir de mémoire”… très sélectif.]


Gabi Dolff-Bonekämper est professeur de conservation et de patrimoine urbain à l’Université Technique de Berlin. Elle nous a envoyé le texte suivant, écrit directement en français.

Notre-Dame de Paris est le centre d’une communauté patrimoniale qui s‘étend bien au delà des frontières de la France et de l’Europe. Toute cette communauté, à laquelle je m’associe, a ressenti le choc émotionnel lors de l’incendie et participe maintenant à la consternation et à la stupeur face à la perte ainsi qu’à la volonté d’une restauration soigneuse. Véritable patrimoine mondial, Notre Dame de Paris mérite le grand effort collectif de réflexion, d’engagement et de soin des experts de la France et du monde entier, qui est en train de se former.

Trois choses me préoccupent.

D’abord les éléments de la « forêt » brûlée : ces arbres, coupés et mis en place autour de l’an 1200, ont, même brûlés, une grande valeur historique, scientifique et affective. On les voit sur les photos récentes ayant chuté sur le sol de la nef, en dessous des travées des voûtes effondrées, et beaucoup doivent encore se trouver sur les voûtes restées en place, où ils pèsent lourd, et doivent être rapidement enlevés. Je voudrais être sûre que ces poutres, autrefois puissantes et vigoureuses, maintenant carbonisés, mais reconnaissables, soient bien gardées, qu’on leur attribue un statut d’honneur et qu’on les fasse étudier par les archéologues des structures de construction en bois. Ils sont, vestiges de la « forêt » de Notre Dame, un lieu de mémoire pour nous tous.

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8 commentaires sur “Notre-Dame : trois inquiétudes venues d’Allemagne
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  1. Bonjour,

    Nous avons vu qu’il existe un projet de rénovation de l’Ile de la Cité pour la transformer en vitrine du luxe et du commerce.
    Dans ce projet, il est prévu de remplacer le parvis de la cathédrale par un plancher de verre.
    Le hasard faisant bien les choses, le jour où l’assemblée votait – ou tout du moins les 49 députés présents – la loi visant à faire du chantier de restauration de la cathédrale un chantier de non droit, nous apprenions que le parvis avait été infecté par des retombée de plomb :
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/05/10/notre-dame-de-paris-la-pollution-au-plomb-un-risque-sanitaire-majeur-alertent-des-associations_5460685_3244.html
    pu encore ici :
    https://www.liberation.fr/debats/2019/05/03/autour-de-notre-dame-un-silence-de-plomb_1724519
    ” les quelque 400 tonnes de plomb contenues dans la toiture et dans la flèche de la cathédrale, comme les vernis et peintures servant à sa décoration, se sont volatilisées en d’immenses volutes jaunes chargées de particules toxiques. ”

    Est-ce raisonnable.
    Le plomb fond à basse température et coule lorsqu’il est à l’état liquide.
    Il n’a certainement pas été dispersé sous forme de poussière. Le feu n’ayant pas en lui-même les moyens déjecter de la matière.
    A-t-il pu s’évaporer puis retomber sous forme de pluie. Cela parait insensé.
    Peut-il donner ses volutes jaunes qui ont étonnés tout le monde ?

    Il faudra suivre les décrets d’application qui donneront les limites à la nouvelle loi.
    Parions, qu’elles ne seront pas circonscrites à la seule toiture et que la question du plomb sera le prétexte à étendre le champ d’action de la loi et de l’escroquerie.
    D’ailleurs pour qu’ils prévoient déjà de s’assoir sur les règles de l’archéologie préventive, c’est bien qu’ils ne veulent pas se contenter de refaire la toiture.

    Merci pour votre travail.

    1. Merci à vous pour ce commentaire. Tout ce que je peux dire sur le plomb c’est qu’il fond à 327°C et bout à 1729°C… donc pas du tout le genre de température atteinte dans un incendie “normal” (pour l’évaporation). Cela dit, celui-ci n’était à l’évidence pas “normal” (et certainement pas accidentel), donc je ne m’avancerai pas davantage. Ce n’est pas pour “justifier” les articles du Monde et de Libération, mais juste parce que je suis prudent… et parce qu’il n’est pas exclu que les criminels ayant planifié cet acte aient aussi prévu des prétextes pour “rénover” le parvis. Je sais, c’est très “complotiste” mais on nous prend tellement pour des ânes qu’il ne faut pas avoir peur de montrer qu’on réfléchit à toutes les hypothèses possibles !

      1. @François Roby,
        Il reste que je ne vois pas trop comment le plomb aurait pu effectuer ce voyage aérien.
        J’avais espéré que vous auriez peut-être une idée sur la couleur jaune du nuage, mais un savant ne sait pas tout.
        Dans l’article de Libé, ils disent que le jaune est dû au plomb contenu dans les fumées. Je ne sais pas si c’est possible mais je trouve ça étonnant.
        De nombreux commentateurs (complotistes, bouh les vilains) justifieraient le jaune à partir de la termite. Je ne suis pas convaincu et pencherai plutôt pour de l’acide nitrique.
        Tout cela dépasse mes compétences mais je crois assez comme vous que l’origine du feu est criminelle, la rapidité de l’embrasement semble en attestée.
        Mais si c’est la cas, il ne peut s’agir d’un attentat commis par nos terroristes de banlieue (qui auraient déjà été identifié et abattu sans autre forme de procès) mais demande des moyens qui sont certainement militaire.

        1. Cette fiche de sécurité sur le plomb indique, outre les points de fusion et d’ébullition que chacun peut retrouver facilement, que le plomb peut être “volatilisé à partir de 500°C”.

          Un point d’ébullition est la température au-delà de laquelle la forme liquide ne peut plus exister ; cela ne signifie pas que des vapeurs ne peuvent pas se former à une température inférieure. Prenez l’exemple tout simple de l’eau : pour faire sécher le linge, pas besoin de dépasser 100°C ! Il y a un équilibre entre les phases liquide et vapeur de l’eau à température ambiante.

          Par ailleurs le monoxyde de plomb est en effet jaune, et se forme “par chauffage du plomb en présence d’air”. Pas de problème pour en produire dans de telles circonstances donc. L’acide nitrique peut avoir la couleur jaune aussi, mais bien d’autres composés chimiques également… il est impossible à partir de la couleur des fumées de dire précisément quelle est leur composition. On peut par contre exclure certains composés (un qui ferait une fumée bleue, par exemple…) mais c’est tout.

          Bien entendu je ne suis pas en train de valider les explications “rassurantes” de ceux qui accréditent l’explication accidentelle, bien au contraire. Je souligne juste qu’il est dommage d’avancer de faux arguments lorsque de bien réels sont disponibles : la vitesse absolument hallucinante de l’incendie, pour le côté “sciences dures”, mais aussi les intérêts économiques évidents à la “reconstruction” de la Cathédrale en attraction touristique, pour le côté “sciences humaines”.

          Il est plus que temps que les Français prennent conscience des intentions criminelles de leurs “élites”, qui ont depuis longtemps oublié la notion même de “bien commun”.

          1. Merci pour ces éléments d’information.
            ça permet d’y voir plus clair et je comprends mieux qu’il soit difficile ici de trancher. Vous avez raison de faire remarquer que les anti-conspis profitent des élucubrations des uns et des autres qui ne reposent sur rien.
            Il reste le point que vous avez montré : la vitesse de propagation du feu qui ne peut s’expliquer que par un apport extérieur de matière facilement inflammable.
            (La dispersion du plomb aurait d’ailleurs plus de facilité à s’expliquer par un carburant qui produit une grosse élévation de la température.)
            Quoiqu’il en soit j’avais moi aussi été étonné de la vitesse du feu. Je l’ai suivi en temps réel sur twitter et un demi-heure après le début, la moitié de la toiture, ou presque, s’était déjà enflammé. ça m’avait fait tiquer.
            Une petite anecdote :
            Cette après-midi là, j’avais vu apparaitre dans les tendances de twitter le Hashtag “Soral”. Il venait d’être condamné à de la prison ferme avec mandat d’arrêt et la polémique commençait à prendre de l’ampleur. Quand tout à coup fini Soral, et voilà que tout le monde ne parlait plus que de Notre-Dame. J’ai eu l’impression qu’il s’était fait voler sa condamnation à de la prison, qu’on l’avait réduite au silence, cachée sous le tapis.
            Soit les coïncidences font bien les choses, soit les gentils organisateurs sont très malins.
            L’espoir d’un réveil des français me parait bien illusoire, d’après les discussions que j’ai pi avoir sur les sujets complotistes, mais chez les individus les plus à l’écoute, la plupart ne préfère pas savoir. La vérité est trop insupportable, remet en cause de façon si radicale la façon dont on se pense dans le monde, qu’elle est intolérable, qu’ils préfèrent le mensonge de l’ignorance quand bien même ils savent que ce n’est pas vrai.
            L’ignorance permet de vivre dans un monde rassurant dans lequel les gentils sont les gentils et les méchants sont les méchants. Un monde dans lequel l’État protège les citoyens et les défend contre des ennemis étrangers bien identifiés.
            Non pas un monde dans lequel l’ennemi est l’État et le coupable porte cravate à la télévision.

          2. Je suis moins pessimiste que vous sur le réveil des Français (et des autres), mais je dirais que ça dépend des classes sociales plutôt que du niveau de formation intellectuelle. Les pires “anti-conspis” que j’ai pu rencontrer sont en général très bien formés, ingénieurs, universitaires… et ont un mode de vie confortable qui leur rend insupportable tout ce qui pourrait remettre en cause ce confort.

            De plus (et peut-être surtout ?) ce sont des gens payés pour réfléchir, et qui se sentent donc complètement ridiculisés dès qu’ils entrevoient la possibilité d’avoir gobé des mensonges auquel leur jardinier ou leur plombier ne croient pas. C’est très dur de s’apercevoir qu’on ne mérite pas les revenus confortables qu’on a, voire qu’on est nuisible à la société en participant à la désinformation, en servant l’obscurantisme tout en prétendant le combattre !

    2. Un article d’hier et du 18 avril. Et maintenant ceci: https://youtu.be/y1FO7aAZVAs . J’ai été invité en 1999 à m’exprimer dans une réunion de mon secteur paroissial sur l’Eglise. J’ai (mal,je bafouillais) évoqué les prouesses architecturales des bâtisseurs et leur gratuité. Puisse un même esprit animer la construction de cette cathédrale éphémère sur le parvis de Notre Dame.

      1. Bonjour,
        Cela semble infirmer mon propos. Nous verrons bien.
        Mais pour ma part ça semble cousu de fils blancs, même si nous devons nous contenter de conjecture et d’hypothèse.
        En tout cas, voila un incendie qui tombe à pic pour ce projet et nous voyons Arnaud et Pineau financer les travaux alors qu’ils seront les premiers bénéficiaires d’une rénovation réussie.
        Il est aussi amusant de voir que le projet de Perrault consiste principalement en de toitures d’acier et de verre au-dessus d’espaces laissés vacants. La nouvelle toiture de ND devrait donner le signal de départ à la construction de toutes les autres.
        Le temps répondra à ces questions.

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