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Travaux dirigés (énoncé)

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Le Président M. L. Muschi.

À Hollywood, le cinéaste Stan Lee Kubitainer travaille sur le scénario du prochain épisode de sa série, un thriller politico-fantastique. Son conseiller scientifique, Dimitri Stahleier, a pour mission de rendre l’action crédible, en respectant au maximum les lois de la physique et de la logique.

L’histoire se déroule sur la planète Sibaïag, où les conflits font rage pour prendre le contrôle de l’Empire Global ; l’épisode relate le coup d’État spectaculaire mais secret fomenté par des membres de la tribu des Geldkalb pour prendre le contrôle d’Akirema, la province la plus puissante de l’empire, tout en faisant passer la tribu rivale des Kamelreiter pour un groupe de terroristes sanguinaires afin de justifier son extermination.

Depuis de nombreuses années, le gouvernement d’Akirema, dans sa capitale Waschenstadt, est infiltré par des Geldkalb qui préparent mentalement les instances militaires à l’éventualité d’une attaque terroriste nucléaire des Kamelreiter. Le mode opératoire envisagé comporte l’explosion d’aéronefs suicides sur des bâtiments stratégiques et symboliques de la province, comme le Bâtiment de l’Histoire et de la Littérature (BHL) et son triple gratte-ciel. Le gouvernement élabore en conséquence des plans d’action secrets afin de minimiser les pertes humaines en cas d’attaque. Les bâtiments de plus grande hauteur étant pourvus sous leurs fondations d’un Annihilateur Nucléaire Urbain Souterrain (ANUS) permettant une démolition rapide et peu coûteuse – même si, par crainte d’un soulèvement populaire, les habitants n’en ont pas été informés – les responsables gouvernementaux prévoient, au cas où ces bâtiments seraient pris pour cibles, leur destruction volontaire par mise à feu de leurs ANUS afin d’éviter à une éventuelle bombe nucléaire tactique transportée par les terroristes – la miniaturisation permet de les loger dans des valises – de détruire l’ensemble de la ville par une explosion nucléaire aérienne.

Le problème du scénariste consiste à rendre crédible une attaque aérienne réussie sur des cibles habituellement bien protégées par la Brigade Aérienne de Régulation et la Patrouille Militaire Urbaine (BAR-PMU). Le réseau médiatique d’Akirema (la Plateforme Unifiée de Transmission des Événements) étant centralisé sous contrôle quasi-exclusif de responsables Geldkalb, S. L. Kubitainer envisage le scénario suivant :

  • Une fausse attaque aérienne est diffusée simultanément par toutes les chaînes de la PUTE sous contrôle de complices Geldkalb, au moyen d’insertions vidéo d’aéronefs de synthèse s’écrasant à pleine vitesse dans le BHL, synchronisées avec des images réelles d’explosions dans le triple gratte-ciel. Celui-ci a précédemment été bourré d’explosifs en façade grâce à la complicité de la société Marsh & Mallow, propriétaire de nombreux étages dans les tours, de façon à y simuler les traces d’impacts d’aéronefs. Le président de M&M, Paul-Louis de Brême, est en effet également un complice – qui sera absent “par miracle” au moment de l’attaque. Les premières images, diffusées en faux direct comme toutes les actualités de la PUTE – la crainte d’utilisation non contrôlée des media par des activistes révolutionnaires a convaincu depuis longtemps tous les diffuseurs d’utiliser un décalage “de sécurité” d’une quinzaine de secondes – ne montrent qu’une silhouette volante en contrejour terminant sa course en disparaissant dans une tour qui explose, suffisante néanmoins pour accréditer la thèse d’une attaque aérienne. D’autres vidéos et photos plus détaillées, prétendument amateur, seront diffusées les heures suivantes toujours par l’intermédiaire de la PUTE, en raison du temps de calcul nécessaire supérieur.
  • Parallèlement, des complices membres de la tribu Geldkalb au sein du gouvernement et de l’armée – dont le Ministre de la Défense – rappellent au Président Mark Lee Muschi que le marché noir des armes nucléaires tactiques a permis à des groupes terroristes de se procurer des “valises nucléaires” et annoncent que les services secrets ont identifié les agresseurs – issus des Kamelreiter – comme précisément des possesseurs de ces armes ; il y a donc une forte probabilité pour que les aéronefs ayant percuté le BHL aient transporté des charges nucléaires prêtes à exploser au-dessus de la ville. Forts de cette menace, ils n’ont pas de mal à convaincre le Président de faire exploser l’ANUS du BHL, quitte à sacrifier quelques milliers de personnes n’ayant pas encore évacué le bâtiment – mais dans la perspective d’en sauver des centaines de milliers d’autres.
  • Afin d’emporter définitivement l’accord du Président, dont les compétences techniques sont très limitées, les complices Geldkalb lui fournissent simultanément l’alibi permettant de camoufler sa responsabilité dans l’explosion de l’ANUS : les incendies faisant rage dans le BHL suffiront à expliquer sa chute peu de temps après les attaques aériennes, par affaiblissement de sa structure. De toute façon, seuls quelques initiés parmi les membres du gouvernement connaissent l’ANUS du BHL, le risque de la divulgation de son existence est donc nul, pourvu que toutes les installations de mise à feu soient elles-mêmes détruites dans l’opération.
  • Prise de terreur, et ignorant tout des véritables événements, la population est alors prête à faire la guerre aux Kamelreiter selon le plan machiavélique des complices Geldkalb ; le Président et les autres membres du gouvernement, bien que prenant connaissance rapidement de la vérité par la bouche de conseillers moins naïfs qu’eux, ne peuvent plus revenir en arrière car leur responsabilité dans le sacrifice de milliers d’innocents serait immédiatement dévoilée. Et bien entendu, la PUTE, partie prenante du coup d’État via plusieurs hauts responsables et une poignée de cameramen, techniciens et ingénieurs vidéo, fera tout pour réduire au silence les voix critiques.

À la lecture de ce scénario, quelles sont les remarques et critiques que pourra faire Dimitri Stahleier à S. L. Kubitainer, sur la base des lois de la physique uniquement, afin de garantir la vraisemblance de l’action ?


Pour les pressés, je donne dorénavant ci-dessous les liens vers la correction, en trois parties :

11 commentaires sur “Travaux dirigés (énoncé)

  1. Etant donné que l’ANUS est souterrain, Dimitri Stahleier pourrait se demander comment faire partir les effondrements au niveau des étages toucher par les incendies.

    1. Je pense que vous vouliez écrire “au niveau des étages touchés par les incendies” ? Cette précision ne fait pas partie du scénario indiqué par Kubitainer, mais peut-être que Stahleier aura des suggestions à faire concernant ce point intéressant pour la vraisemblance de l’effondrement du TRIPLE gratte-ciel du BHL. Attendons le corrigé.

  2. Bonjour
    Avant toutes choses, il me semble voir poindre un problème de cohérence scénaristique :
    quel serait l’intérêt pour des terroristes possédant des armes nucléaires de percuter les bâtiments du BHL ?
    il leur suffiraient de détourner un ou plusieurs avions et de déclencher les explosion au dessus de la ville, chose infiniment plus sure. En imaginant qu’un pilote maladroit ait par erreurs percuté l’un des bâtiment, le même accident ne saurait arrivé deux fois de suite a une heure d’intervalle. J’ai bien saisi que c’est la ce que l’on cherche a faire croire au Président Mark Lee Muschi, que vous décrivez comme médiocre connaisseur de la chose scientifique, mais là, ce dernier naviguerait plutôt dans la catégorie “gros con” ! Comme dirait votre ami Valls (quand on parle du loup ! (je l’aime beaucoup celle la) ) QUAND MEME !!!
    Pour autant l’exercice est distrayant. Donc, à mon sens :

    -Dans un premier temps il serait important de disposer d’un volume en sous sol pouvant accueillir le quantité de débris résiduels issus de effondrement des immeubles afin de limiter les éventuels dommages collatéraux (si chers a nos cœurs !) lors de la chute. Imaginons, a titre d’exemple, une tour dont la surface au sol serait d’environ 4000 m2, et ayant nécessité pour sa construction 100 000 tonnes d’acier (soit environ 15 000 m3) et 200 000 m3 de béton. Le trou, a minima nécessaire a “l’accueil” des gravas , et sur la base d’une surface de 4000 m2, aura 50 m de profondeur (tout cela n’étant que des ordres de grandeur bien sur) . Bien évidement il convient de multiplier cela par 2 ou 3 , les débris n’étant jamais collés les uns autres.

    -Autre soucis, LE SOUCIS, l’effondrement contrôlé des immeubles du BHL. Le but est ici de rompre la structure porteuse des bâtiments. cette rupture doit se faire a des endroits réguliers, et avec une bonne synchronisation dans le temps si l’on souhaite réellement contrôler la chute du building. Ces impératifs imposent une préparation assez longue, sans aucune discrétion, et cela ne saurait être fait après que les avions aient percutés les immeubles (officiellement tout du moins). Les moyens le plus communément usités sont a base d’explosifs chimiques : soit que l’on perfore la structure de béton pour y introduire des explosifs afin de faire éclater les poutres porteuses (béton uniquement), soit que l’on sectionne celles-ci par des dispositifs s’inspirants des charges creuses militaires (ce dernier moyen ayant l’avantage d’être tout aussi efficace sur les poutres d’acier que sur celles en béton). D’autres moyens, non chimiques, existent également. Par exemple il arrive que des vérins hydrauliques, mis en pression afin de briser les poutres en béton par leur centre, soient utilisés sur des constructions a démolir, lorsque celles si sont plus longues que hautes. Quoi qu’il en soit, tous ces dispositifs (le dernier tout particulièrement) nécessitent des installations longues et fort peux discrètes. Peut être serait il alors préférable que le scénario nous explique que tout dispositif quel qu’il soit ait été prévu dés la construction du BHL. Néanmoins, dans une telle éventualité, la question de la stabilité des explosif (entre autre chose) pendant un temps aussi long pose problème … me semble-t-il.

    -Enfin, et toujours par soucis de crédibilité dans le discours tenu au Président, ne serait il par envisageable de laisser sur place quelques déchets radioactifs qui seraient supposés alors sortis des valises transportés par nos terroristes ?

    Bien sur, il y aurait peut être une solution au second point soulevé et qui s’accoquinerait parfaitement avec le troisième : l’utilisation d’armes nucléaires de taille suffisamment petites qu’elles ne causeraient pas les dégâts auxquels elles nous ont habituées, mais suffisamment puissantes pour répondre a tout nos questionnements ….
    Plus sérieusement, je reste dubitatif quant a cette solution, pour une quantité de raisons trop importante qu’il ne soit possible d’en débattre dans cet envoi déja bien long, et que je réserve comme réponse a votre propre réponse. ;-) (comme vous dites)
    Bien sur je ne demande qu’a être convaincu, parce que si je pense savoir ce que les choses ne sont pas, je ne sais pas ce qu’elles sont réellement …

    NB/ toutes le fautes d’orthographe (phote dortograffe ?) présentes dans ce post sont un hommage volontaires rendu a Steven, qui a tout mon soutient, qu’on se le dise !!

    1. Merci pour ce commentaire plein de pertinence et de bonne humeur. Il vous faudra hélas attendre encore quelque temps pour le corrigé ! Une mention spéciale à cette phrase : “si je pense savoir ce que les choses ne sont pas, je ne sais pas ce qu’elles sont réellement …” qui est le début de la sagesse scientifique.

  3. Bon j’aurai essayé de faire hâter la mise a plat de l’idée qui semble manifestement vous tenir, et c’est un échec …
    Je comprend bien, au regard des réserves que j’ai pu moi même émettre, que cela nécessite un travail relativement conséquent.
    Deux petites choses encore :
    J’ai oublié de signaler que des bâtiments “préparés” a une “auto-démolition” me semble bien exister, y compris ici, en France. Ce ne serait donc pas là une chose aussi extraordinaire que l’on pourrait le croire.
    Par ailleurs, et relativement à votre “mention spéciale” je suis toujours surpris du péremptoire de certaines affirmations scientifiques (et autre du reste) par des gens qui le sont manifestement moins …. en tout cas moins qu’ils ne le pense. A ce titre j’ai toujours apprécié la phrase que l’on attribue a Oppenheimer (il me semble) et qui en substance dit :” celui qui prétend avoir compris la mécanique quantique démontre par cette même phrase qu’il n’a rien compris”

    1. Merci pour l’information sur des bâtiments “prédécoupés” en France ; je l’ignore totalement, mais pouvez-vous en dire plus ? Tenez-vous cela de sources fiables ou n’est-ce qu’une rumeur ?

      Sur la notion de compréhension, j’aime bien aussi l’anecdote que racontait Feynman lorsque, étudiant, il s’adressait à un professeur de mathématiques pour lui avouer que, bien qu’arrivant à refaire la démonstration, il n’avait pas vraiment l’impression de comprendre. Celui-ci lui aurait répondu : “Jeune homme, en mathématiques on ne comprend pas, on s’habitue, c’est tout !”

      1. Merveilleux, je me retrouve sottement dans la situation du type qui, un crime ayant été commis, affirme aux enquêteurs qu’il a tout vu, puis perd tout ses moyens et bredouille un pitoyable “je ne sait plus” lors du tapissage de suspects potentiel que lui présente la police …
        Bref, pour rester dan la métaphore judiciaire, je vous laisse juge :
        J’ai effectué mon service militaire dans les transmissions, à l’état major de la deuxième région aérienne (il y a bien longtemps, et j’espère que ma mémoire ne me trahis pas) . La hiérarchie (officiers et sous off.) nous avais expliquée alors que certaines structures, certains bâtiments et certains matériels étaient tenus prêts au sabotage :
        – les antennes de relais hertzien par exemple (dont les militaires étaient friand pour des raisons évidentes)
        – les bâtiments regroupant les services de transmissions et donc le chiffre ainsi que leurs systèmes les plus sensibles, afin d’éviter que les clés de cryptage ne tombent entre des mains ennemies en cas d’invasion.
        Du coup, un camarade de chambrée, qui “dans le civil” travaillait à la maintenance et au nettoiement des infrastructure en zone contaminée dans tout le parc nucléaire français, m’avait expliqué que l’usine de La Hague était “préparée” pour, si j’ai bien saisi et en cas de nécessité extrême, s’effondrer sur elle même voir, noyer entièrement la zone environnante, le petit bout de la pointe du Cotentin (l’eau devant peut être a la fois faire office de dissipateur thermique et de modérateur) . J’étais en fait déjà au courant de cette histoire avant qu’il me la conte, mais l’avait toujours jusque la prise pour une “légende urbaine”.
        voila, voila ….
        La phrase de son professeur que Feynman rapporte est magnifique et, même si l’expression est déplorablement galvaudée aujourd’hui, relativement profonde a mon sens …
        Pour autant l’on peut vivre de grand moments d’illumination lorsque s’étant “habitué” pendant des années on saisi soudain le fondement d’une théorie. N’ayant qu’une “culture scientifique livresque” (ho le vilain néologisme), Cela m’est arrivé plusieurs fois !

        1. Merci, ce que vous rapportez se conçoit assez aisément pour des édifices militaires (on conçoit mal de ne pas prévoir dès leur construction comment faire en sorte qu’ils échappent à l’ennemi en cas d’invasion) voire civils et stratégiques, et l’exemple de l’usine de La Hague me semble tout à fait plausible, tout comme me semble plausible le fait qu’on ne le claironne pas sur les toits.

          Pour des bâtiments civils en pleine ville, en revanche, l’idée est plus audacieuse… mais pourquoi pas !

          Je suis entièrement d’accord avec vous sur la notion d’ “illumination”. C’est un des mystères du fonctionnement cérébral, où la compréhension n’est vraiment achevée que lorsqu’elle acquiert une dimension affective forte, comme une clé de voûte qui permet à l’édifice abstrait de tenir fermement, sans quoi l’usure du temps le condamne à une lente érosion…

          1. Tous les ponts de taille raisonnable sont équipés d’un emplacement ad-hoc pour en faciliter la destruction
            c’est le B.A. BA de l’artificier.

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