La République des censeurs

La république des censeursLe genre : démonstration par l’absurde

Peut-être est-ce dû à sa qualité de physicien, signe d’une tournure d’esprit proche de la mienne, mais je dois reconnaître que j’apprécie particulièrement Jean Bricmont, toujours précis, rationnel et essayant de tirer la réflexion vers le haut dans les débats “sociétaux” en faisant preuve d’une grande rigueur argumentaire, là où tant d’autres versent dans l’hystérie émotionnelle ou les attaques ad hominem. C’est aussi, comme moi, un homme “de gauche”, mais du temps où la gauche visait à fournir aux pauvres des conditions de vie et de travail décentes, condamnait l’impérialisme au lieu de le justifier, en Libye, en Syrie ou en Ukraine, défendait la liberté d’expression au lieu de la museler, et condamnait vigoureusement l’apartheid au lieu de diaboliser et menacer de poursuites ceux qui luttent contre le dernier régime politique de ce type sur la planète. D’un temps où la gauche était donc à l’opposé du troupeau de lâches et de traîtres arrivistes qu’elle est devenue aujourd’hui. Cette fiche de lecture ne peut donc être parfaitement impartiale, vu l’admiration que je porte à l’auteur.

Une admiration qui n’est toutefois pas sans bornes, car je reproche à Bricmont de faire la “grève de la physique” lorsqu’il s’agit d’analyser rationnellement les événements du 11-Septembre, en se contentant d’aligner des arguments très faibles de type sciences humaines et sociales, là où une science inhumaine et asociale telle que la physique permet de procéder de façon sûre par élimination des scénarios les plus farfelus, car contraires aux lois de la nature – par exemple celles du mouvement établies par Newton à la fin du dix-septième siècle, ou encore les premier et deuxième principes de la thermodynamique, établis au dix-neuvième siècle. Abandonner ses armes méthodologiques les plus sûres sur le champ de bataille, M. Bricmont, c’est tout à fait regrettable, et c’est même une faute professionnelle ! Le principe des actions réciproques ou la conservation de l’énergie ont quand même une autre puissance et une autre autorité que ces ratiocinations de sciences très molles, voire carrément non scientifiques. Mais ce n’est pas le sujet de l’ouvrage dont il est maintenant question.

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Histoire secrète de l’oligarchie anglo-américaine
(Carroll Quigley – Pierre Hillard)

[Note de l’administrateur de ce blog : au moment où d’importants bouleversements sont en cours au sommet de la première puissance mondiale (sur le plan militaire au moins), il est intéressant d’écouter Pierre Hillard présenter le livre de l’historien américain Carroll Quigley, Histoire secrète de l’oligarchie anglo-américaine, paru aux États-Unis dans sa version originale en 1981. Un livre, posthume à la demande de l’auteur, qui éclaire particulièrement les liens profonds et anciens de cette oligarchie avec le monde juif, donc avec le sionisme et aujourd’hui l’État d’Israël, ainsi que l’importance chez elle de l’idéologie mondialiste, qui vient semble-t-il de prendre du plomb dans l’aile avec l’élection de Donald Trump.

Cette vidéo a été enregistrée en juin 2015 ; elle ne manquera pas de faire réagir les habituels mougeons qui la trouveront sans doute complotiste®, antisémite®, réactionnaire® et nauséabonde®. Manque de bol, Pierre Hillard ne parle ici, via Carroll Quigley mais aussi via des historiens juifs faisant autorité en leur domaine comme Gershom Scholem ou Cecil Roth, que des connaissances les mieux établies en la matière.]

Le nouveau capitalisme criminel

nouveau-capitalisme-criminelLe genre : coup de poing dans la gueule.

On trouve principalement aux éditions Odile Jacob des essais à caractère scientifique écrits par des “pointures” ayant quelque surface médiatique, et traitant de sujets plutôt ardus pas forcément faciles à lire pour les non-scientifiques. Quelques exemples issus de ma bibliothèque personnelle : L’erreur de Descartes de Antonio R. Damasio, La fin des certitudes de Ilya Prigogine, ou encore Hasard et chaos de David Ruelle. Pas de romans policiers, ni de romans d’horreur. Pourtant, l’ouvrage de Jean-François Gayraud, qui n’est pas un scientifique mais un haut fonctionnaire de la police nationale, relève à la fois de ces deux dernières catégories, tout en consacrant une large part (4 chapitres sur 7) à un développement extrêmement technique de la finance contemporaine (le “trading haute fréquence”) qui lui donne une parenté certaine avec les essais scientifiques.

Mais surtout, le lecteur qui suivra avec attention les démonstrations de l’auteur, en en mesurant bien les conséquences sur la marche du monde, ne pourra refermer le livre qu’avec un sentiment d’indignation, de rage ou d’effroi – et sans doute un peu des trois à la fois. Mais comme le but de cet article n’est pas de vous dissuader de lire l’essai (bien au contraire !), précisons aussi qu’il en tirera une compréhension aiguë des dysfonctionnements de ce monde, donc se portera mieux, car il est toujours préférable de comprendre pourquoi cela ne va pas même si c’est encore pire que ce que l’on pensait, que de constater que rien ne va sans avoir une idée cohérente des raisons du désastre.

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Comment ne pas lire Dialogues désaccordés ?

dialogue[Mise à jour 11 mars 2016 : depuis ce jour, en France zone occupée, ce livre est interdit à la vente. Raison de plus pour courir acheter et lire d’autres ouvrages d’Alain Soral, comme bien sûr Comprendre l’Empire mais aussi Vers la féminisation ? ou Chroniques d’avant-guerre, pour comprendre à la fois ce que cet écrivain a de visionnaire et combien la cabale qu’il subit est digne d’un État totalitaire.]

La “justice française”, qui ne mérite plus ni ce substantif ni ce qualificatif, puisqu’elle sert aujourd’hui de police politique pour des lobbies et des intérêts de puissances étrangères, a interdit la vente du livre d’Éric Naulleau et Alain Soral, Dialogues désaccordés, par une décision du 11 février 2016. Ayant acheté et lu ce livre par le passé, je peux confirmer que cette censure, digne de la Roumanie sous Ceaușescu et sollicitée par Pierre Bergé, ne repose sur absolument rien de recevable. Pour autant, et même si je peux considérer qu’acheter le livre avant sa date de retrait (10 mars 2016, minuit) constitue un acte de résistance civique tout à fait sain, je conseillerais plutôt à mes lecteurs qui ne l’ont pas encore lu d’économiser les 16 euros qu’il coûte pour les consacrer à un autre ouvrage, comme par exemple le remarquable Comprendre l’Empire, ce qui leur permettra même d’économiser 50 centimes.

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Climat investigation

climat investigation 300Le genre : scandaleuse insignifiance.

J’ai déjà eu l’occasion de démonter certains arguments foireux de “climatosceptiques” (mot idiot mais commode en première approche), notamment en disséquant une conférence de Vincent Courtillot, scientifique bien plus gradé que moi mais tellement obsédé par l’idée de démontrer l’influence prépondérante du Soleil sur le climat (pour prouver l’influence minime de l’homme) qu’il est devenu célèbre malgré lui par un article intitulé “Are there connections between the Earth’s magnetic field and climate?” où il fit avec ses coauteurs un calcul supposant implicitement que la Terre était un disque noir orienté vers le Soleil. Gênant pour le directeur de l’Institut de Physique du Globe, ainsi que pour le comité de lecture de la revue Earth and Planetary Science Letters qui laissa passer une telle boulette ; cette mésaventure lui valut d’ailleurs l’affectueux sobriquet de Chevalier de l’Ordre de la Terre Plate.

Logiquement, j’ai donc eu du mal à ne pas m’intéresser au “sulfureux” ouvrage (comme disent les journalistes obéissants, courbant préventivement la nuque au cas où) de Philippe Verdier, ex-Monsieur Météo de France 2 et viré de cette même chaîne en raison précisément de ces écrits jugés “climatosceptiques”. Même si, bien entendu, je ne m’attendais pas à devoir fournir les mêmes efforts intellectuels que ceux nécessaires pour montrer que Vincent Courtillot ne captait strictement rien aux articles de dendroclimatologie utilisés pour appuyer sa thèse. Eh oui, un article scientifique, c’est beaucoup de travail pour son auteur, mais aussi un travail conséquent pour les lecteurs, surtout lorsqu’ils ne sont pas familiers du champ de recherche concerné – ce qui était mon cas.

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Bougies contre Kalachnikovs ?…

… Ou saut qualitatif dans la conscience politique et historique ?

 

©PHOTOPQR/LE PROGRES/JEGAT MAXIME - Lyon, le 14 novembre 2015 - Rassemblement et recueillement a Lyon apres les attentats de Paris. Rassemblement spontane place des Terreaux. Les badauds deposent aussi des bougies sur les marches de l hotel de ville. (MaxPPP TagID: maxnewsworldthree878192.jpg) [Photo via MaxPPP]

©PHOTOPQR/LE PROGRES/JEGAT MAXIME – Lyon, le 14 novembre 2015 – Rassemblement et recueillement a Lyon après les attentats de Paris.

Dans un élan louable de caricature d’eux-mêmes, les bobos de Paris et d’ailleurs ont sorti les bougies et entonné les chansons (de joie, même) pour lutter contre la barbarie. Ils précipitent ainsi un peu plus leur extinction idéologique, même si le ridicule ne tue pas (BHL en sait quelque chose).

C’est une bonne nouvelle, car face à un ennemi sans éthique (que l’on parle ici des exécutants, accessoires et jetables, ou de leurs commanditaires, bien plus dangereux), il est peu probable que les bons sentiments soient l’arme la plus efficace. L’éducation, par contre – la vraie, pas celle prônée par notre ministre de l’ignorance – a toujours été l’arme ultime pour dépasser la haine et apaiser les conflits qui, disait Whitehead, sont “le signe qu’il existe des vérités plus amples et des perspectives plus belles”.

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La bataille du discours

Shamir Bataille du discoursLe genre : Le Petit Prince du 21ème siècle

Le 14 juillet, anniversaire d’un mensonge historique à succès que les Daech – ISIL – EIIL de l’époque ont réussi à transformer en fête nationale, m’a paru un jour tout indiqué pour vous parler de La Bataille du Discours, d’Israël Adam Shamir, ouvrage fort peu promu par nos “grands” media pour la bonne raison que sa lecture les réduit définitivement en pièces.

Déjà, le titre est génial de simplicité et de justesse ; nous sommes en effet au coeur d’une bataille, responsable de millions de morts, de blessés, de déportés et d’affamés dans le monde entier, mais les armes les plus dangereuses de toutes, celles qu’il faut faire taire de toute urgence, ne sont pas faites d’acier et de munitions : ce sont les armes des Maîtres du Discours, c’est-à-dire les media de masse qui tous sont la propriété de grands groupes industriels ou bancaires, et qui ont intérêt – pour le petit nombre de psychopathes ivres de pouvoir et insensibles au bien commun qui les dirige – à provoquer des guerres, à entretenir le terrorisme et à “reconstruire” sur la base du chaos le plus total.

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Extrême droite ou extrême droiture ? (L’armurerie)

la gauche du capitalProduction très importante de Charles Robin à propos de sa proximité supposée avec ce qu’il est convenu d’appeler « l’extrême droite ». Extrême droiture plutôt d’un bonhomme du même âge que ma pomme que je rejoins plutôt 6 millions de fois qu’une dans son éloge de la dignité et de l’autonomie. Antifas, prenez votre leçon !

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L’État (des) juif(s)

Theodor Herzl

Theodor Herzl

Le genre : “antisémitisme” autorisé (car juif).

À l’heure où certains essaient – avec des sabots de plus en plus gros – de faire taire toute critique du sionisme en l’assimilant à de l’antisémitisme, il est utile de se plonger dans le manifeste que rédigea en 1896 – juste après le début de l’affaire Dreyfus – un homme présenté aujourd’hui comme le fondateur du sionisme politique, Theodor Herzl. Son titre original – en allemand – est der Judenstaat, qu’on devrait traduire par l’État des juifs, mais certains éditeurs préfèrent titrer l’État juif. Bien entendu, Herzl ne connut jamais la création de l’État d’Israël, puisqu’il est mort en 1904. Sa vision de ce que devait être selon lui l’État des juifs n’en est que plus intéressante, car elle permet de mesurer l’écart entre son rêve et la réalité d’aujourd’hui.

La première surprise, pour le lecteur contemporain, vient du sous-titre : Versuch einer modernen Lösung der Judenfrage, c’est-à-dire Tentative d’une solution moderne de la question juive. Quiconque ose aujourd’hui, dans nos media intellectuellement stériles, ne serait-ce qu’évoquer l’idée d’une “question juive” (ou d’un “problème juif”, ce qui revient au même), se fait immédiatement taxer d’antisémitisme et descendre en flammes par le prêt-à-penser politico-médiatique. Pour celui qui est aujourd’hui considéré comme un héros en Israël, c’était pourtant une évidence, et la motivation première de son travail.

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Comprendre l’Empire

 

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Le genre : l’Esprit des lois à l’assaut des lois contre l’esprit.

Brillant essai de sociologie historique paru en 2011, Comprendre l’Empire d’Alain Soral est une oeuvre très atypique, même parmi la production de l’auteur (que je n’ai cependant pas toute lue). Sa forme physique même, très modeste (livre de 12×20 cm et un peu plus de 200 pages) laisse difficilement présager de la force des idées qu’on y rencontre et de l’étendue du champ historique embrassé, conduisant à une réflexion dont aucun lecteur doué de curiosité et de raison ne peut ressortir indemne.

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