Je sais pas vous, mais moi, j’ai pas gazé de Juif et j’ai colonisé personne. (La Mite dans la Caverne)

[Note de l’administrateur de ce blog : philosopher, c’est savoir penser juste. L’accent, les diplômes ou distinctions, le sexe ou l’origine ethnique n’ont rien à voir avec la qualité de la pensée. Un bon arbre se reconnaît à ses fruits.

Pour une analyse plus générale et profonde des différents modes de manipulation utilisés par les esclavagistes modernes, on pourra aussi se reporter à l’épais ouvrage Neuro-Esclaves de Marco Della luna et Paolo Cioni.

Ceux qui préfèrent lire plutôt qu’écouter pourront également se diriger vers la retranscription de ce discours sur le site de l’auteur.]


Fraudes scientifiques, post-vérité et techno-bureaucratie (1/2 – Groupe Jean-Pierre Vernant)

[Note de l’administrateur de ce blog : à la suite d’un jugement du CNESER du 18 mars 2019 en appel d’une sanction de première instance dont il était question ici, j’ai décidé de publier ce billet du Groupe Jean-Pierre Vernant, qui cessera bientôt son activité.

Le surcroît de travail de ces derniers jours, lié entre autres à la préparation de cette séance, ne m’avait pas laissé le temps de le signaler à mes lecteurs. Il est pourtant particulièrement d’actualité.]


“La vérité est liée circulairement à des systèmes de pouvoir qui la produisent et la soutiennent, et à des effets de pouvoir qu’elle induit et qui la reconduisent.”

Michel Foucault

“Die Erfahrung ist im Kurse gefallen.” (Le cours de l’expérience a chuté.)

Walter Benjamin

“The ideal subject of totalitarian rule is not the convinced Nazi or the convinced Communist, but people for whom the distinction between fact and fiction (i.e., the reality of experience) and the distinction between true and false (i.e., the standards of thought) no longer exist.”

Hannah Arendt [0]

L’année qui vient de s’écouler a été rythmée par les révélations de la presse dans des affaires de méconduite scientifique touchant la sphère dirigeante du CNRS, aussi bien dans la production d’articles que d’“enquêtes” complaisantes, inexistantes ou étouffées selon les cas. La réputation de l’établissement n’a pas seulement été entachée en France, les revues internationales Nature et Science s’étant fait l’écho des errements de trois directions successives du CNRS [1]. Pour analyser cette séquence, il convient d’écarter d’emblée deux écueils : l’indignation d’ordre moral et l’opinion sur le fond de ces affaires. Pour tenter d’en mettre au jour les dimensions systémiques, nous proposons un détour par l’histoire sociale de la production de connaissances scientifiques, en nous penchant sur la question du crédit accordé au récit d’expériences, c’est à dire à la question de leur certification. Dans la seconde partie de ce billet, nous partirons, au contraire, des affaires de fraude et de falsification qui ont touché la techno-bureaucratie de la recherche pour éclairer les mutations en cours des normes, des mécanismes et des instances constitutives d’une nouvelle “gouvernance de la vérité”.

Première partie.
Histoire synthétique de la discursivité scientifique.

Conformément à la tradition aristotélicienne, la théorisation scientifique s’est appuyée jusqu’à la fin de la Renaissance sur l’expérience commune. L’utilisation de dispositifs instrumentaux, faisant apparaître des phénomènes échappant aux perceptions ordinaires, apparaît au 17e siècle [2]. Le remarquable Sidereus Nuncius, publié en 1610 par Galilée [3], frappe par sa modernité, non seulement par les idées qui s’y trouvent et par l’organisation du texte et des illustrations selon une rationalité très proche d’un article d’aujourd’hui, mais aussi par d’autres caractéristiques qui nous amènent à notre sujet [4]. La représentation de la Lune qui y figure est manifestement maquillée par rapport à la réalité : le terminateur, cette ligne qui sépare l’ombre de la lumière, passe par un immense cratère d’impact, aussi parfait que fictif, et présente des corrugations accentuées d’un ordre de grandeur, qui amplifient d’autant le relief réel [5]. L’urgence, seule, justifie Galilée, a empêché de fournir les détails : “Ulterius progredì temporis angustia inhibet ; plura, de his brevi candidus Lector expectet.” Il inaugure ainsi la longue tradition des promesses non tenues d’articles longs à venir, en complément de lettres. Autre marque de modernité, le Sidereus Nuncius s’ouvre par les remerciements aux pourvoyeurs de fonds, sous forme d’une dédicace des satellites de Jupiter aux Médicis, flatterie à Cosme — le cosmique — à des fins immédiatement intéressées [6]. Ceci nous amène à émettre une première hypothèse : la certification de l’expérience scientifique se joue au sein de l’espace que les savants tentent collectivement de ménager avec les pouvoirs et les intérêts nécessaires à leur activité. La rétractation de Galilée après son passage devant une “commission d’enquête” inquisitoriale [7][8] suffit à témoigner de la violence qui se joue dans ces rapports de proximité, depuis l’invention même de l’expérience scientifique.

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« Pas ça ! » (Jean-Claude Paye – réseau Voltaire)

[Note de l’administrateur de ce blog : alors que le spectre “antirépublicain” du “fascisme” tente de masquer sa défaite en dansant sur du Jean-Jacques Goldman, faisant rétrospectivement soupirer de soulagement les deux tiers des Français ayant vaillamment fait barrage à la haine et aux zheureslesplussombresdelhistoire, le fascisme 2.0 rode tranquillement ses méthodes afin de mettre en place la dictature “soft”.

Pas au sens de “douce”, mais au sens de “software” : la dictature logicielle, celle qui a compris qu’il est plus efficace et moins coûteux de s’attaquer directement à ce qui commande vos actes et mouvements (la masse gélatineuse située entre vos deux oreilles) plutôt que de contrôler vos actes et mouvements eux-mêmes. Prévoyez de faire fréquemment des mises à jour d’antivirus si vous voulez lui échapper. Et merci à celui qui m’a signalé cet article.]


La campagne électorale présidentielle française s’est transformée en un exercice de propagande. Les électeurs sont bombardés de messages abscons qu’ils n’ont pas le temps d’analyser, mais qui les imprègnent.

À titre d’exemple, lors de son meeting d’Amiens, Emmanuel Macron a accusé Marine Le Pen de s’être réfugiée auprès des Prussiens lors du siège de Paris… en 1870, puis d’avoir partagé l’idéologie destructrice de l’Allemagne… en 1914. Sur ce, il s’est exclamé avec exaltation : « Pas ça !, Pas ça !, Pas ça ! ».

Bien sûr, vous n’avez pas écouté ce message, mais vous l’avez entendu : Marine Le Pen ne serait pas l’incarnation de la Nation qu’elle prétend être, mais de la Trahison. Vous devriez lui faire barrage et donc voter Macron.

Le sociologue Jean-Claude Paye nous explique pourquoi personne n’a réagi à ce délire soigneusement préparé et retransmis sans broncher par toutes les chaînes de télévision.

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Extrait d’un entretien inédit avec Alain Soral sur les présidentielles (Alimuddin Usmani)

soral[Note de l’administrateur de ce blog : où l’on voit que plus le pouvoir – sans doute conscient d’être perçu comme illégitime à cause de lui – tente de faire passer Alain Soral pour un dangereux illuminé néo-nazi à tendance paranoïaque, plus il se grille et précipite sa chute. Alors que journalistes et instituts de sondage se ridiculisent avec une constance qui vire au stakhanovisme, prévoyant régulièrement le contraire des événements qui adviennent, Alain Soral montre une fois de plus sa lucidité en annonçant avant tout le monde les “surprises” qui font les grands titres des journaux.

En 1748, Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, publiait une œuvre majeure de philosophie politique qui deviendrait un grand classique internationalement connu : De l’esprit des lois. Il y livrait une analyse froide et logique des mécanismes du pouvoir et des différents types de gouvernement, permettant une critique du pouvoir absolu de l’époque, la monarchie de droit divin, par le simple exercice de la raison. Il y posait donc les bases des futures démocraties. Logiquement, il était mis à l’Index des livres interdits par l’Église trois ans plus tard, en 1751.

En 2011, Alain Bonnet, dit Alain Soral, publie Comprendre l’Empire, un essai qui renouvelle l’exercice de Montesquieu en l’appliquant au pouvoir absolu contemporain, qui n’est plus la monarchie de droit divin mais le binôme banque/media, ces derniers étant nécessaires pour maintenir l’illusion de la démocratie auprès des électeurs encore crédules. Logiquement, il subit une intense campagne de diffamation et de persécutions, version moderne de la mise à l’Index, avec une forte montée en puissance trois ans plus tard, en 2014 lors de l’affaire Dieudonné.

Les mêmes causes produisent les mêmes effets, comme en physique.]


Du 18 juin au 11 septembre 2015, j’ai eu le privilège d’effectuer de longs entretiens avec Alain Soral. Ils n’ont encore jamais été publiés et pourraient faire l’objet d’un ouvrage dans le futur. Compte tenu de la situation en France, les risques de poursuites judiciaires sont particulièrement élevés, ce qui rend une publication difficile pour l’instant. Les thèmes abordés vont, notamment, de l’emprise de certains lobbies sur la France, à la jeunesse de l’essayiste à Paris, en passant par les élections présidentielles de 2017. Voici justement deux extraits qui datent du 7 juillet 2015, où Alain Soral avait prédit le retrait de François Hollande ainsi que la déconfiture de Sarkozy :

Ce serait une première dans la 5ème République si François Hollande ne se représentait pas.

Oui, mais je pense qu’il ne se représentera pas. Il suffit de regarder les sondages qui disent que les gens de gauche veulent Valls à des proportions de 45 contre 14. Hollande c’est « one-shot », c’est le mec qui a été élu par défaut, parce que les gens voulaient virer Sarkozy et parce que Strauss-Kahn s’est pris les pieds dans sa bite. Les gens voulaient sanctionner Sarkozy, maintenant en France on ne vote plus pour, on vote contre. Hollande est donc un mollusque, il a un bilan catastrophique, je ne vois pas pourquoi il se représenterait.

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Comprendre l’Empire

 

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Le genre : l’Esprit des lois à l’assaut des lois contre l’esprit.

Brillant essai de sociologie historique paru en 2011, Comprendre l’Empire d’Alain Soral est une oeuvre très atypique, même parmi la production de l’auteur (que je n’ai cependant pas toute lue). Sa forme physique même, très modeste (livre de 12×20 cm et un peu plus de 200 pages) laisse difficilement présager de la force des idées qu’on y rencontre et de l’étendue du champ historique embrassé, conduisant à une réflexion dont aucun lecteur doué de curiosité et de raison ne peut ressortir indemne.

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