Le Pacte du Quincy ne protège que le roi d’Arabie,
pas son héritier (Thierry Meyssan)

[Note de l’administrateur de ce blog : dans un pays où la priorité des journalistes semble actuellement de cracher sur le cercueil d’un homme qui n’a jamais volé, tué ou même agressé physiquement personne, il ne faut pas s’attendre à trouver dans la presse des analyses sur l’affaire Khashoggi qui aillent au-delà de l’anecdotique, fût-il sanglant voire “gore”.

Heureusement, on peut compter sur Thierry Meyssan pour replacer l’Arabie Saoudite dans une perspective historique plus large et la remettre en quelque sorte à sa place : celle d’un État entièrement artificiel qui ne doit sa puissance qu’à la volonté des USA d’en extraire du pétrole à bas coût.

Eh oui, mesdames et messieurs les journalistes, les déterminants de la géopolitique sont d’abord et avant tout des choses très concrètes, comme l’accès à l’énergie, aux terres agricoles (il faut quand même manger) ou aux matières premières. L’économie “immatérielle”, la croissance infinie basée sur la pure richesse intellectuelle, c’est bon pour les bonimenteurs et les gogos qui les suivent. Et les “droits de l’homme” sont à géométrie infiniment variable, comme les sordides compromissions des “démocraties occidentales” avec le “tyran médiéval” issu d’une tribu archaïque “passée subitement du chameau à l’avion privé” le prouvent.]


Les Panaméens qui se souviennent de l’arrestation par Washington de son employé, le général Noriega, ne sont pas surpris du sort réservé par Washington au prince héritier saoudien. L’affaire Jamal Khashoggi est l’un des plus petits crimes de MBS, mais ce devrait être son dernier. La famille des Saoud n’est pas protégée par le Pacte du Quincy qui ne s’applique qu’au roi. Les États-Unis devraient récupérer plusieurs milliards de dollars.

L’affaire Khashoggi est un des multiples exemples de l’éthique à géométrie variable des Occidentaux.

L’Arabie des Saoud

Voici soixante-dix ans que l’on ignore un fait criant : l’Arabie saoudite n’est pas un État comme les autres. Il est la propriété privée de son roi et tous ceux qui y résident ne sont que ses serfs. C’est pourquoi il est désigné comme la résidence de ses propriétaires, les Saoud, c’est-à-dire l’Arabie « saoudite ».

Au XVIIIème siècle, une tribu de bédouins, les Saoud, s’allie à la secte des wahhabites et se révolte contre l’Empire ottoman. Ils parviennent à créer un royaume au Hedjaz, la région de la péninsule arabique comprenant les villes saintes de l’islam que sont Médine et La Mecque. Ils sont bientôt réprimés par les Ottomans.

Au début du XIXème siècle, un survivant de la tribu des Saoud lève une nouvelle révolte. Cependant sa famille s’entre-déchire et perd à nouveau.

En définitive, au XXème siècle, les Britanniques misent sur les Saoud pour renverser l’Empire ottoman et exploiter les ressources d’hydrocarbures de la péninsule arabique. Avec l’aide de Lawrence d’Arabie, ils fondent le royaume actuel, le troisième de la tribu.

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La Déclaration Balfour : étude de la duplicité britannique (Middle East Eye)

[Note de l’administrateur de ce blog : beaucoup de personnes croient encore au mensonge sioniste qui présente “l’État d’Israël” comme la réponse aux persécutions et crimes nazis envers les juifs, comme la “solution finale” (positive celle-là) qui empêcherait définitivement que se reproduise une nouvelle Shoah. Bien peu savent que sionistes et nazis ont marché longtemps main dans la main, poursuivant des buts complémentaires sur la base d’idéologies où la “pureté ethnique” est centrale : regroupement des juifs sur une mythique terre promise pour les uns, purification de la “race allemande” par l’expulsion des éléments étrangers indésirables pour les autres.

De même, trop peu de monde connaît l’existence de la Déclaration Balfour, dont nous célébrons aujourd’hui le centenaire, et qui constitue le véritable “acte de naissance” de l’État d’Israël, même si son existence officielle dut encore attendre 30 ans. C’est pourtant un acte politique capital du vingtième siècle (une “bourde stratégique colossale”, selon l’auteur de l’article ci-dessous) qui devrait être au premier plan dans tous les programmes d’histoire du lycée.

La logique aurait voulu que j’y consacre moi-même un article, tant cette déclaration est au cœur de problèmes gravissimes dont je parle sur ce blog, en particulier au Moyen-Orient mais aussi bien au-delà : en faisant d’une toute petite minorité au sein des juifs – considérée même initialement comme hérétique – une force politique dominante, les Britanniques, fidèles à leur réputation de perfidie, ont mis le feu non seulement aux restes de l’Empire ottoman mais également à tout l’Occident, aujourd’hui totalement sous la coupe du mensonge sioniste. Mais d’autres y ont bien sûr pensé, ce qui m’arrange bien… en raison d’un changement d’ordinateur urgent ces derniers jours pour cause d’inquiétants signes de vieillesse du précédent (10 ans, un âge respectable pour ces fragiles petites bêtes, il faut multiplier par 7 pour comparer avec nous paraît-il).

Bref, avec cette longue introduction, je vous invite à lire ci-dessous ce que pense de la Déclaration Balfour Avi Shlaim, professeur émérite de relations internationales à l’Université d’Oxford. Tout en y ajoutant ma petite touche personnelle, liée comme il se doit à la physique et plus particulièrement à la notion d’énergie.

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La géopolitique c’est simple comme un deal de rue (E&R)

Donald & Daisy arrivent chez les rois du pétrole (et de la pétoche)

[Note de l’administrateur de ce blog : pour ceux qui n’auraient pas encore compris que tout ce qui tourne autour du pétrole est vicié, je conseille l’excellent livre de William Engdahl “Pétrole, une guerre d’un siècle” dont j’ai déjà parlé sur ce blog.]


D’accord, les échelles et la complexité diffèrent, mais dans leurs principes, grand jeu géopolitique et business de rue sont identiques. Démonstration avec la tournée de Donald Trump au Moyen-Orient. N’oublions jamais que Donald est un businessman avant d’être un politique…

Dans sa première tournée mondiale, Donald va visiter trois pays, ou trois pseudo-pays : l’Arabie saoudite, Israël et le Vatican. Il a commencé par Ryad, poursuivi par Jérusalem, la capitale de la Palestine en voie d’être volée par l’occupant, et finira par le Vatican, où ce chrétien rencontrera le pape.

Toutes les caméras épient le moindre geste du président, et déjà, le refus de Melania de toucher sa main a fait le tour du monde. Du genre y a du rififi dans le couple présidentiel. Les journaux sérieux ont eux titré sur l’énorme contrat d’armement signé avec l’Arabie, qui porte sur 98 milliards d’euros de matos militaire, soit 110 milliards de dollars. En tout, le contrat porte sur 10 ans et 380 milliards de dollars.

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Sujet d’examen (extrait, corrigé)

Je dois présenter à mes lecteurs mes plus plates excuses pour avoir oublié d’honorer un rendez-vous donné : le 10 décembre dernier, je proposais un extrait de sujet d’examen portant sur une des causes principales de la guerre en Syrie : le plus grand gisement de gaz naturel du monde, situé entre le Qatar et l’Iran, et les projets de gazoducs concurrents qui visent à lui assurer des débouchés commerciaux vers l’ouest. J’annonçais par la même occasion la publication de la correction une semaine plus tard… et j’ai totalement oublié de la donner, alors qu’elle était prête, comme il se doit, en même temps que le sujet. Je n’ai bien évidemment aucune bonne excuse à avancer, si ce n’est la préparation des fêtes de Noël et la précipitation qui va avec !

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Sujet d’examen (extrait)

Infrastructure pétrolière et gazière au Moyen-Orient.
(source : Wikipédia, couleurs modifiées)

Au moment où les coupeurs de tête modérés sont chassés d’Alep et où les “journalistes” et “experts” français continuent désespérément à répandre leur charlatanisme en faisant comme si on pouvait encore y croire, il est bon de rappeler que la mission d’un enseignant n’est pas seulement de gaver ses étudiants avec des connaissances, mais aussi de développer leur esprit critique.

Cet entraînement peut avoir lieu à tout moment, sur tous les sujets (en rapport avec le cours ! pour ce qui me concerne, ce peut être par exemple la mécanique des fluides…) car il n’y a en sciences ni dogmes ni tabous. Tous ceux qui écartent un thème de la discussion scientifique au motif qu’il serait trop “polémique” ne sont pas, en réalité, des scientifiques mais de médiocres intellectuels qui n’ont de la science que le vernis du jargon et des outils mathématiques.

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Dans la future administration Trump, un ancien de Goldman Sachs au Trésor, un pétrolier à l’Énergie et un lobbyiste climato-sceptique à l’Environnement ? (Observatoire des multinationales)

arton975-fbbae[Note de l’administrateur de ce blog : si la raison impose de ne pas se joindre au concert de lamentations au sujet de l’élection de Trump, et même de se réjouir qu’une vieille folle bourrée de médicaments et marionnette du lobby militaro-industriel américain ne soit pas devenue présidente de la première puissance nucléaire mondiale, il serait très peu raisonnable de penser que Donald Trump, tout milliardaire qu’il soit, ait pu parvenir tout seul à la plus haute fonction des États-Unis d’Amérique. Certes, ses discours de campagne étaient ouvertement anti-establishment – et faisaient beaucoup de constats plutôt justes, d’où leur succès. Mais après tout, on a déjà connu un futur président en campagne assurer que “[son] adversaire, c'[était] la finance”.]

par Olivier Petitjean

Donald Trump a construit une grande partie de sa victoire surprise à l’élection présidentielle américaine sur un discours de rejet des élites de Washington et de Wall Street. Une stratégie gagnante qui lui a permis d’attirer une grande partie des classes populaires blanches, au détriment des Démocrates. Mais ceux qui ont pris au sérieux sa rhétorique anti-libérale, et sa dénonciation du libre-échange, des délocalisations et des excès de la finance, risquent fort de déchanter. Donald Trump se prépare en effet à nommer une équipe qui accordera une large place aux intérêts économiques. Avec notamment un ancien dirigeant de Goldman Sachs au Trésor et le patron d’une firme pétrolière au Secrétariat à l’Énergie.

Une partie des postes ministériels de la future administration Trump sera sans doute réservée aux membres du parti républicain qui se sont rangés derrière lui – comme l’ancien maire de New York Rudy Giuliani ou l’ex gouverneur du New Jersey Chris Christie – mais, pour le reste, la consigne est de trouver des personnalités du monde de l’entreprise. Outre Steven Mnuchin, ancien de Goldman Sachs, patron de la firme d’investissement Dune Capital Management et principal conseiller économique de Trump, favori pour la position de Secrétaire au Trésor, deux patrons de firmes pétrolières pourraient être nommés à l’Intérieur et à l’Énergie (Forrest Lucas de Lucas Oil et Harold Hamm de Continental Resources respectivement). Selon le site Politico, d’autres hommes d’affaires ou ancien dirigeants d’entreprises pourraient hériter, notamment, des Secrétariats d’État au Commerce et au Travail. Sans oublier le poste de Secrétaire à l’Agriculture, où plusieurs représentants de agrobusiness sont pressentis. La direction de l’Agence fédérale de l’environnement pourrait, elle, se voir confier à Myron Ebell, dirigeant de lobbys climato-sceptiques.

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Le silence des agneaux (William Engdahl)

le-silence-des-agneaux[Note de l’administrateur de ce blog : excellent article de William Engdahl, qui en connaît un rayon en matière de pétrole et de gaz, et qui nous montre ici que le chaos du Moyen-Orient, s’étendant à l’Europe en Ukraine d’abord, puis aujourd’hui dans tous les autres pays via la crise des migrants, n’a rien d’un hasard et fut programmé de longue date par des “stratèges” américains d’une cupidité sans borne. Que nos “dirigeants” (ou dirigés ?) n’en pipent mot ne les rend que plus criminels encore.]


Un rappel des causes de la situation syrienne et de la vague d’immigrants vers l’Union Européenne.

Par F. William Engdahl – Le 10 octobre 2016 – Source New Eastern Outlook

Un des phénomènes les plus bizarres, dans la situation très bizarre de ces dernières années, est le refus des politiciens de premier plan de l’Union européenne de discuter ouvertement de la réalité derrière la perturbation sociale catastrophique causée par l’afflux en Europe de plus d’un million de réfugiés de guerre, en provenance de Syrie et d’autres pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ravagés par la guerre. Le débat européen sur les réfugiés, à cause de ce silence, ou du refus de parler des causes réelles et des remèdes possibles, conduit à des déclarations complètement absurdes de la part d’anciens combattants politiques qui devraient beaucoup mieux s’y prendre.

Les réfugiés sont une conséquence de la guerre. La guerre est une conséquence de la décision prise par certains intérêts pétroliers et militaires de l’OTAN pour reprendre ou prendre le contrôle des nouveaux marchés mondiaux de l’énergie dans le pétrole et, maintenant, le gaz naturel. En outre, la guerre est une conséquence des réactions des autres nations, y compris la Chine, la Russie et l’Iran, à la tentative des États-Unis et d’autres pays occidentaux de contrôler les flux mondiaux de l’énergie. En outre et de manière connexe, il y a la réaction des éléments néo-nazis extrémistes en Ukraine, à la suite d’un coup d’État soutenu par les USA en 2014, à se joindre à cette guerre de l’énergie avec le soutien de l’UE, pour des raisons complètement montées de toutes pièces.

En conséquence du silence des dirigeants de l’UE, un drame tragique se déroule qui fait écho au roman de Thomas Harris, Le silence des agneaux.

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Voir aussi sur ce blog, de William Engdahl :

Un terroriste fait prisonnier admet que les camions de pétrole de l’É.I. traversent la frontière vers la Turquie tous les jours

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Photomontage inspiré de faits réels.

[Note de l’auteur de ce blog : je vous propose ici la traduction d’un article de Russia Today en anglais paru le 2 janvier 2016 (et pour l’instant indisponible dans l’édition française). Il enfonce un peu plus le clou de la décadence occidentale, politique et médiatique, et de l’origine étatique du terrorisme.

L’or noir permet comme son nom l’indique de s’enrichir rapidement, pour ceux qui disposent de gisements où le coût d’exploitation est très faible comme c’est le cas dans les zones contrôlées par l’État Islamique.

Mais le pétrole a un inconvénient : c’est une ressource éminemment matérielle, avec un volume et une masse. L’enrichissement rapide qu’il permet n’est donc possible que par un transfert en quantités industrielles de ce liquide auprès d’acheteurs : rien à voir avec les fortunes accumulées au moyen de purs transferts virtuels d’argent par la haute finance internationale, par exemple via le trading haute fréquence.

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Pétrole volé par Daech: plusieurs sociétés européennes pourraient être impliquées (Arrêt sur Info)

syrie-petrole[Remarque de l’auteur de ce blog : il est illusoire de nier l’implication de grandes sociétés industrielles, et de pays comme la Turquie et Israël, dans le trafic de pétrole de l’État “Islamique”, vu qu’il est strictement impossible de faire passer incognito des quantités industrielles de ce liquide : ce n’est pas l’économie dématérialisée de la spéculation financière. Mais certains persistent encore à ne pas vouloir le savoir.]

Alors que le président russe Vladimir Poutine vient d’impliquer la Turquie et le clan Erdogan dans le trafic de pétrole de l’Etat Islamique, des compagnies maritimes grecques et russes pourraient participer au commerce illégal de la production de brut de l’organisation terroriste entre le port  turc de Ceyhan et celui d’Ashdod en Israël.

Selon différentes enquêtes réalisées par le journal al-Monitor et al-Araby, le brut exploité par Daech sur les territoires qu’elle contrôle en Syrie et en Irak serait expédié par camions en Turquie où il serait ensuite camouflé dans la production illégale provenant du Kurdistan irakien, au niveau du hub pétrolier de Ceyhan. Le président russe Vladimir Poutine a confirmé dans une conférence de presse en marge de la COP21 ces informations, affirmant disposer de photos et vidéos tournées par l’aviation russe et montrant des « livraisons pétrolières en quantités industrielles à partir des territoires syriens usurpés par les terroristes. Il s’agit précisément de ces territoires, et pas d’autres. Nous voyons à partir des airs où vont ces véhicules. Jour et nuit, ils vont en Turquie »

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En matière de pétrole, le pire est généralement la règle :

Pétrole, une guerre d'un siècle

Poutine : le SU-24 russe a été abattu pour sécuriser les livraisons de pétrole de Daesh (RT)

ISIS_oil_Turkey_aLors d’une conférence de presse donnée à Paris dans le cadre de la COP21, Vladimir Poutine a évoqué les problèmes du climat, mais surtout, le soutien turc aux terroristes et la coalition contre Daesh après qu’Ankara a abattu l’un de ses bombardiers.

Le président russe a expliqué que selon les autorités turques, ce n’est pas le président Erdogan mais d’autres personnes qui ont donné l’ordre d’abattre le bombardier russe SU-24. Cependant, la Russie ne se soucie pas de savoir si c’est le président ou quelqu’un d’autre qui ordonné d’abattre l’appareil car c’est, de toutes les manières, aux yeux du président russe «une énorme erreur». Deux militaires russes sont décédés suite à «cette action criminelles». «Pourquoi ils l’ont fait ? Il faut le leur demander», a souligné le chef de l’Etat russe.

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