Attali président ?

[Note de l’administrateur de ce blog : une fois n’est pas coutume, je publie ici le billet d’un collègue, chargé de recherche au CNRS, sincèrement et profondément inquiet pour l’avenir de son pays, et très alarmé du faible degré de compréhension qu’ont ses concitoyens de la pièce de théâtre politique en train de se jouer. Merci à lui pour ces rappels historiques et cette analyse aussi douloureuse que lucide.]


La mondialisation

La cause profonde de la langueur économique qui frappe la planète entière depuis quarante années est bien connue : c’est le libre-échange, qui tend à instaurer partout les écarts de revenus les plus importants de la planète, et par conséquent à prolétariser les classes populaires et à laminer les classes moyennes, ce qui fait s’effondrer la demande.

Or la mondialisation n’est pas venue toute seule : il fallut des millions d’heures de travail d’ingénieurs et d’ouvriers pour concevoir les protocoles, écrire les programmes, fabriquer les composants, les assembler, lancer les satellites, faire les fibres optiques, tirer les câbles, etc. Il fallut de nombreuses réunions internationales pour modifier le droit commercial de tous les pays, et des heures de propagande intensive pour vanter les bienfaits du libre-échange. Les banquiers de Londres et New York comprirent quels profits pourraient être tirés de la différence fantastiques des salaires entre les pays développés et sous-développés. Ils financèrent ces productions d’autant plus facilement que, depuis 1971, nulle contrainte réglementaire sérieuse ne bride plus leur licence de créer de la monnaie à partir des vapeurs de la Tamise et de l’Hudson.

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