Hydroxychloroquine : comment la mauvaise science est
devenue une religion (Anthropo-logiques)

[Note de l’administrateur de ce blog : dans la droite ligne de l’article repris récemment du même auteur, mais en plus pêchu et avec un peu moins de convenances. L’article a été publié à 04h16, on sent que l’auteur n’a pas beaucoup dormi (quelques fautes sont là pour témoigner de l’état de fatigue) et surtout qu’il est “un peu” énervé que des menteurs impénitents grassement rémunérés dictent leur loi au brave peuple naïf (plus pour longtemps) qui les croit réellement porteurs de science (mais plus pour longtemps non plus).]


par Jean-Dominique Michel, anthropologue médical et expert en santé publique, Genève.

Scènes surréalistes dans l’Hexagone, avec un bras de fer entre l’IHU Méditerranée-Infection et le gouvernement autour de la prescription d’hydroxychloroquine contre le Covid. Dimanche, Marseille passait en force en invoquant le serment d’Hippocrate et une question éthique fondamentale :

Conformément au serment d’Hippocrate que nous avons prêté, nous obéissons à notre devoir de médecin. Nous faisons bénéficier à nos patients de la meilleure prise en charge pour le diagnostic et le traitement d’une maladie. Nous respectons les règles de l’art et les données les plus récemment acquises de la science médicale.

Nous avons décidé :
· Pour les tous les malades fébriles qui viennent nous consulter, de pratiquer les tests pour le diagnostic d’infection à Covid 19 ;
· Pour tous les patients infectés, dont un grand nombre peu symptomatiques ont des lésions pulmonaires au scanner, de proposer au plus tôt de la maladie, dès le diagnostic :
– un traitement par l’association hydroxychloroquine (200 mg x 3 par jour pour 10 jours) + Azithromycine (500 mg le 1er jour puis 250 mg par jour pour 5 jours de plus), dans le cadre des précautions d’usage de cette association (avec notamment un électrocardiogramme à J0 et J2), et hors AMM. Dans les cas de pneumonie sévère, un antibiotique à large spectre est également associé.

Nous pensons qu’il n’est pas moral que cette association ne soit pas inclue systématiquement dans les essais thérapeutiques concernant le traitement de l’infection à Covid-19 en France.

Le retour de bâton (ou plutôt le coup de pied de l’âne) ne se faisait pas attendre puisque pas plus tard que le lendemain, le ministre de la Santé annonçait formellement son opposition à ce que les médecins de ville fassent usage de ce traitement hors de l’hôpital. Les noms d’oiseau se mirent à fuser de plus belle. Raoult continue évidemment d’agacer et de s’aliéner bien des soutiens en affirmant par exemple qu’il « n’en a rien à fiche de l’avis de ses collègues ou du ministère ».

Lesquels évoquent le besoin de certitude scientifique (whatever that means, nous y viendrons) avant d’autoriser les généralistes à prescrire l’hydroxychloroquine. Ambiance.

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La diversité à l’Université, chiche ? (communiqué syndical)

[Note de l’administrateur de ce blog : une fois n’est pas coutume, moi qui ne suis même pas syndiqué, je reproduis ici un communiqué syndical de Sup’Autonome – FO (de son nom complet Fédération Nationale des Syndicats Autonomes de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche SUPAUTONOME-FO) avec lequel je me sens particulièrement en phase.

J’y rajouterai juste une suggestion de lecture pour comprendre les raisons (ou au moins une partie d’entre elles) de ce que dénonce ce communiqué : cet article de l’Express du 19 avril 2001. Qui ne parle pas de l’Université mais de l’importance de réseaux d’influence pour promouvoir certains selon des critères qui n’ont rien de méritocratique.]


LA DIVERSITÉ À L’UNIVERSITÉ, CHICHE ?

 

“L’indépendance des enseignants doit tenir en échec non seulement le pouvoir politique et administratif, mais tout pouvoir “temporel” quels qu’en soient la nature, l’origine ou le masque”
Georges Vedel

Les récentes mésaventures d’un collègue qui s’est vu écarter pour des raisons pour le moins douteuses du processus de sélection au poste de maître de conférences de l’IEP de Lyon et la décision en sa faveur du tribunal administratif doivent interpeler toute la communauté universitaire.

Ce qui est arrivé à notre collègue n’est pas un cas isolé. Car à la vérité il a payé cash son indépendance d’esprit et le fait que ses analyses sur un conflit sensible ne relèvent pas de la doxa dominante. Chercheur indépendant loin des réseaux qui font une carrière, il ne s’est pas contenté de faire un recours mais il dénonce à juste titre ces nouvelles commissions de recrutement dont l’objectif n’est plus de “recruter un spécialiste de la discipline mais d’écarter une personne précise”.1

Bien sûr ces pratiques existaient avant 2007 mais les nouvelles dispositions de la LRU ont permis leur généralisation transformant l’Université qui devrait être le temple de la méritocratie en une organisation où clientélisme et népotisme règnent sans partage. Les présidents d’université, pour nombre d’entre eux, aiment à se présenter en gestionnaires soucieux de la seule efficacité de leur université. Bien évidement cette vision qu’ils donnent d’eux-mêmes ne résiste pas à un examen sérieux des faits. Ils sont très souvent des politiques ayant avec ce milieu des attaches plus fortes qu’ils ne le prétendent et, eux mêmes, partagent souvent la nouvelle doxa intellectuelle qui caractérise le politiquement correct actuel.

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