Pourquoi RAOULT est un héros ! (Idriss Aberkane)

[Note de l’administrateur de ce blog : à écouter en raison de l’urgence d’une part, et de l’analyse très juste de la conformité et de la corruption académiques d’autre part. Lesquelles conduisent aussi à sacrifier les carrières de ses “copains” pour préserver la sienne, surtout quand on la doit déjà à son conformisme plutôt qu’à son génie.

J’ai par ailleurs déjà critiqué Idriss Aberkane sur ce blog pour son analyse un peu trop optimiste de la création de richesses par le biomimétisme ; on n’est évidemment pas là dans le même registre de discussion intellectuelle tranquille et j’approuve entièrement ici la gifle bien méritée qu’il donne à un certain monde académique non seulement inutile, mais profondément nuisible.

Rappelons enfin comme le fait Idriss Aberkane que la chloroquine est un médicament hospitalier et que toute auto-médication est à proscrire.]


Castaner, le sinistre de l’Intérieur affaibli par ses fake news (Éric Verhaeghe)

[Note de l’administrateur de ce blog : on pourra aussi lire, sur cette fake news d’État, l’article d’Égalite & Réconciliation.]


Christophe Castaner est décidément un bien curieux ministre de l’Intérieur. Alors que les conditions de maintien de l’ordre le 1er mai pouvaient lui profiter, il a gâché la fête et son (relatif) triomphe en propageant sans retenue une fake news sur une prétendue attaque contre l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Malheureusement pour lui, la manipulation est vite apparue et lui vaut désormais un sévère retour de bâton. Beaucoup demandent sa démission. Il a d’ores et déjà produit un mea culpa, mais, plus globalement la question des violences policières commence à prendre un vilain tour, qui oblige même le Président de la République à intervenir. Le pouvoir exécutif paraît désormais fragilisé par un recours excessif à la force.

Le 1er Mai a donné lieu (comme on le voit ci-dessus) à un déferlement de violence plus localisé qu’à l’accoutumée, mais d’une intensité rarement atteinte. Les affrontements entre la police et les manifestants ultra ont donné lieu à des échanges très brutaux. Malgré ce contexte compliqué, les dégradations ont été contenues et le ministre de l’Intérieur pouvait raisonnablement s’estimer heureux de n’avoir pas à justifier des dévastations identiques à celles connues dans les semaines précédentes, notamment à la mi-mars.

Castaner face à une situation insoutenable

Certes, la victoire tactique remportée par la police mercredi est une victoire en trompe-l’œil. Il a fallu 7 500 policiers mobilisés pour contenir la situation. Officiellement, la Préfecture reconnaissait 28 000 manifestants à Paris. Cela fait un policier pour quatre manifestants : un chiffre impressionnant, qui permet de mesurer l’effort à fournir par le ministère de l’Intérieur pour maintenir l’ordre désormais.

Malgré cet impressionnant déploiement de force, on a vu combien il était difficile de garantir la tranquillité publique. Des centaines de manifestants ont utilisé tous les objets à leur disposition, y compris du goudron arraché à la chaussée, pour bombarder les forces de police sur leur passage. Celles-ci ont évidemment riposté avec de puissants tirs de gaz lacrymogène et des charges au corps-à-corps. Dans cet ensemble de bric et de broc, le rapport de force s’est parfois montré indécis, ce qui souligne le caractère redoutable et non durable de la situation.

L’absurde fake news de l’attaque contre la Salpêtrière

Ce bilan était au fond mitigé, mais les médias n’en demandaient pas plus pour dire du bien de l’exécutif et pour se rassurer sur le fait que les factieux n’avaient pas pris possession des rues de Paris face à un État impuissant. Alors pourquoi Castaner a-t-il gâché sa victoire (même serrée) en inventant une attaque contre la Salpêtrière, qui est en train de se retourner contre lui ? Cette stratégie de communication est complètement suicidaire. Elle l’est d’autant plus que plusieurs ministres se sont engouffrés dans la branche, donnant le sentiment que l’impulsivité et l’irréflexion émotionnelle avaient pris le pouvoir et se sentaient capables des pires imprécations sans la moindre vérification.

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Le Spiegel dans la tourmente (France Inter)

[Note de l’administrateur de ce blog : une fois n’est pas coutume, notre service public peut avoir un discours de vérité sur l’étendue des bobards journalistiques. Enfin… il ne s’agit pour l’instant que de confrères étrangers. Espérons que l’exemple servira à une introspection salutaire. Comme le rappelle lui-même Anthony Bellanger, l’auteur de cet article publié le 25 décembre 2018, “Spiegel” signifie “miroir” en allemand.]


Le scandale est énorme en Allemagne : le plus prestigieux hebdo allemand employait un journaliste marron. Et pas n’importe lequel : SON journaliste vedette, Claas Relotius, plusieurs fois primé. Avec une chute shakespearienne.

Elle est proprement stupéfiante cette affaire et surtout, elle tient en haleine notre voisin depuis plus d’une semaine maintenant ! D’abord, dans le rôle de la victime, on trouve le plus prestigieux des hebdomadaire allemand : Der Spiegel, rien de moins.

Près de 700 000 exemplaires vendus toutes les semaine, 70 ans d’âge et une devise qui claque comme un couperet : « Dire ce qui est ». Une institution de la presse allemande, un exemple de sérieux et même 60 journalistes qui sont employés à traquer l’infox.

Et du côté du bourreau, Claas Relotius, 33 ans, journaliste vedette de l’hebdo, plusieurs titres prestigieux à son actif, dont celui du meilleur journaliste de l’année 2014 de CNN, beau gosse, un talent d’écriture insolent, sauf… qu’il a tout pipoté… ou presque.

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Loi sur les « fake news » : du monopole de la vérité au règne du mensonge (Bruno Guigue)

Réalisé sans trucage (la citation de Paris Match fait référence à Brigitte Macron).

Réalisé sans trucage
(la citation de Paris Match fait référence à Brigitte Macron).

[Note de l’administrateur de ce blog : le 9 mai, Bruno Guigue signait sur sa page facebook un texte enlevé sur la répression incroyablement hypocrite des “fausses nouvelles”. La Librairie Tropiques le reprenait aussitôt en l’agrémentant d’illustrations bien choisies et de deux vidéos fort éducatives. C’est donc vers cette version améliorée que je vous dirige ici.]


Cette histoire commence comme un conte de fées. Dans notre merveilleuse démocratie, tout allait pour le mieux. La presse était libre, le citoyen informé et le pouvoir impartial. Mais c’était trop beau. Imprudente, la démocratie n’a pas senti venir l’ennemi. Tapi dans l’ombre, il était prêt à fondre sur sa proie. Qui ? Le Russe, bien sûr. Il a fallu que ce barbare vienne gâcher la fête en propageant ses odieux mensonges. Heureusement, montant son blanc destrier, notre héroïque ministre de la culture a donné l’alerte : “La manipulation de l’information, dit-elle, est un poison lent qui abîme notre vie démocratique. L’attitude liberticide, face aux dangers actuels, c’est la passivité”.

Réagir, oui, mais comment ? Présentant le projet de loi “contre les fake news”, rebaptisé projet de loi “contre la manipulation de l’information”, Françoise Nyssen a employé un argument de poids : “La capacité de discernement des citoyens ne suffit plus”. On avait pourtant pris toutes les précautions possibles, dans les hautes sphères, pour inciter les gueux à se comporter comme des moutons. Contrôle de 95 % de la presse traditionnelle par une dizaine de milliardaires, ligne éditoriale uniforme calquée sur l’agenda libéral-atlantiste, subventions publiques réservées à des médias orthodoxes ou inoffensifs : au paradis des droits de l’homme, tout était verrouillé. Manifestement cela n’a pas suffi. Pour ramener le troupeau, il va falloir trouver autre chose. On va les aider à penser comme il faut, ces manants, car ils ont la fâcheuse manie de s’égarer sur la Toile pour entendre un autre son de cloche.

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Fake news : premières tranches de rire pour justifier
les attaques contre la liberté de la presse (Éric Verhaeghe)

Pravda[Note de l’administrateur de ce blog : la révolution par le rire (et par la raison, qui survit grâce à lui dans les moments les plus désespérés) est notre seul salut.

Du goudron et des plumes à volonté pour les menteurs professionnels qui voudraient nous donner des leçons de vertu.]


Le Sénat organisait mardi une table ronde sur les mesures à prendre pour lutter contre les « fake news ». Le débat, qui complète la proposition de loi de Richard Ferrand déposée à l’Assemblée Nationale, devrait donner lieu à de nombreuses considérations particulièrement drolatiques. Le Monde a ouvert le bal.

Donc, Le Monde a osé publier aujourd’hui une tribune donnant quelques recommandations pour lutter contre les fake news. Son titre : « appliquer au Web les bonnes pratiques éditoriales des journaux ». Le même jour, on apprenait que les Échos avaient renoncé à publier une interview d’Élisabeth Borne trop retravaillée par Matignon.

C’est donc ça les bonnes pratiques éditoriales des journaux qu’il faut appliquer au web : faire relire ses textes par des conseillers de cabinet ministériel avant publication ?

On adore le débat qui se met en place : tout irait tellement mieux si on rétablissait l’ORTF et le ministère de l’Information. Il n’y aurait plus de fake news, grâce à eux, et c’en serait fini de tous ces empêcheurs de tourner en rond qui ne respectent pas l’autorité de l’État.

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Macron, le champion des “fake news” (UPR)

[Note de l’administrateur de ce blog : passons sur le fait qu’un président de la République française se sente obligé de parler en globish pour paraître à la page. Il n’en paraît en définitive que plus esclave de ses maîtres.]


Si, après 8 mois de mandat, le président de la République ne s’est pas spécialement distingué par son dévouement aux intérêts supérieurs de la France ni par son écoute du peuple français, force est de constater qu’il vient encore de s’illustrer par ses déclarations manœuvrières et retorses.

Lors de ses vœux à la presse, le mercredi 3 janvier 2018, le chef de l’État a en effet annoncé qu’un « texte de loi » allait être « prochainement » soumis au vote de l’Assemblée nationale pour s’attaquer aux « fake news » sur Internet en « période électorale ».

Pourquoi a-t-il lancé une pareille idée, qui suscite l’inquiétude chez tous les démocrates ?

Un projet lancé par ignorance de ce qui existe ?

La première hypothèse, c’est que ce serait l’un des conseillers en communication de Macron qui ait inscrit cette annonce dans son discours, sans l’en avertir et sans vérifier le droit existant.

Après tout, ce ne serait pas une première. Rappelons-nous que l’un de ses mêmes conseillers en communication lui avait préparé un discours, lors de l’élection présidentielle, pour présenter au public son programme pour l’enseignement. Et qu’au moment même où il sollicitait nos suffrages pour la fonction suprême, Macron avait avoué en direct… ne pas comprendre ce qu’il lisait !

Si cette hypothèse est la bonne, le locataire de l’Élysée aurait intérêt à changer de conseiller.

Ou du moins à s’entourer d’un expert du droit de la presse et de la liberté d’expression.

Celui-ci aurait en effet pu lui rappeler opportunément :

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De quoi 2017 est-il le nom ? (Slobodan Despot)

[Note de l’administrateur de ce blog : plutôt que présenter des vœux pour 2018, j’ai pensé qu’il était plus utile d’analyser l’année qui vient de s’écouler, afin peut-être d’être moins pris au dépourvu, moins décontenancé, et moins impuissant face aux événements qui ne manqueront pas d’arriver en 2018. Et pour cela, je n’ai pas trouvé mieux que la prose de Slobodan Despot, dont le Drone décolle pour de bon en ce mois de janvier et que je vous invite à soutenir par un abonnement, comme je l’ai fait.

Je reprends ici un billet double publié les 31 décembre 2017 et 7 janvier 2018 dans Antipresse. La deuxième partie, où il est question de “surréalité”, et en particulier cette phrase : “La stupidité grégaire est devenue aussi obligatoire dans les fonctions publiques que l’était jadis la cravate”, m’a immédiatement rappelé une citation du philosophe français Raymond Ruyer que je mettais en 1992 en exergue d’un des chapitres de ma thèse de sciences physiques. La voici :

Les intoxications par l’instruction sont bien plus graves que les intoxications par les sous-produits de l’industrie. Les encombrements d’information bien plus graves que les encombrements de machines et d’ustensiles. Les indigestions de signes, plus graves que les intoxications alimentaires.

Je ne pensais pas du tout, à l’époque, qu’elle pourrait s’appliquer à une civilisation toute entière.]


Et si le centième anniversaire de la Révolution d’Octobre devait rester dans l’histoire comme l’an 0 de la posthumanité ?

Il neige comme rarement sur mes Alpes et l’Amérique de Nord est envahie d’une vague de froid sans précédent. On nous assure néanmoins — sans préciser les conditions de mesure — que 2017 fut l’année la plus chaude jamais enregistrée. Nous n’en savons rien. Sur ce chapitre comme sur tous les autres, les faits de base sont controversés.

Sur ce chapitre comme sur tous les autres, nous sommes bombardés d’affirmations officielles contrebalancées par des contre-affirmations officieuses. Les médias tendent à réduire cette bataille de l’information à une querelle sur les «faits», or c’est d’un enjeu bien plus profond qu’il s’agit : d’une empoignade dont l’enjeu est la faculté de penser elle-même.

Car pour «se faire une idée», il ne suffit pas de disposer de faits solidement établis. Encore faut-il savoir les lire, autrement dit les lier. Les lier entre eux et les lier à l’ensemble de notre expérience. C’est ce terreau de la conscience souveraine qu’on appelle la culture. Et c’est précisément ce terreau qu’«on» est en train de nous assécher.

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