Home » Lectures » Le nouveau capitalisme criminel

Le nouveau capitalisme criminel

nouveau-capitalisme-criminelLe genre : coup de poing dans la gueule.

On trouve principalement aux éditions Odile Jacob des essais à caractère scientifique écrits par des “pointures” ayant quelque surface médiatique, et traitant de sujets plutôt ardus pas forcément faciles à lire pour les non-scientifiques. Quelques exemples issus de ma bibliothèque personnelle : L’erreur de Descartes de Antonio R. Damasio, La fin des certitudes de Ilya Prigogine, ou encore Hasard et chaos de David Ruelle. Pas de romans policiers, ni de romans d’horreur. Pourtant, l’ouvrage de Jean-François Gayraud, qui n’est pas un scientifique mais un haut fonctionnaire de la police nationale, relève à la fois de ces deux dernières catégories, tout en consacrant une large part (4 chapitres sur 7) à un développement extrêmement technique de la finance contemporaine (le “trading haute fréquence”) qui lui donne une parenté certaine avec les essais scientifiques.

Mais surtout, le lecteur qui suivra avec attention les démonstrations de l’auteur, en en mesurant bien les conséquences sur la marche du monde, ne pourra refermer le livre qu’avec un sentiment d’indignation, de rage ou d’effroi – et sans doute un peu des trois à la fois. Mais comme le but de cet article n’est pas de vous dissuader de lire l’essai (bien au contraire !), précisons aussi qu’il en tirera une compréhension aiguë des dysfonctionnements de ce monde, donc se portera mieux, car il est toujours préférable de comprendre pourquoi cela ne va pas même si c’est encore pire que ce que l’on pensait, que de constater que rien ne va sans avoir une idée cohérente des raisons du désastre.

Ce n’est un secret pour personne : le capitalisme va mal, c’est-à-dire qu’il se porte à merveille pour une petite frange de privilégiés et constitue une nouvelle forme d’esclavage pour une grande masse d’exploités. Les disparités de revenus n’ont jamais été aussi astronomiques, à tel point que des personnes physiques parviennent à amasser des fortunes comparables aux richesses de certains États, et pèsent dans la marche du monde autant ou plus que ces mêmes États. En outre, les circuits financiers mondialisés sont tels que les plus riches sont ceux qui s’acquittent proportionnellement le moins de l’impôt, volant ainsi un peu plus les sociétés humaines qui ont fait leur fortune. Jean-François Gayraud nous explique dans ce livre pourquoi cette situation n’est pas une dérive – au sens d’un écart par rapport à une marche “normale” – mais au contraire un processus voulu et préparé, aboutissant aujourd’hui au crime parfait de la finance moderne, à la triche absolue permettant l’enrichissement ad libitum sans la moindre base économique : le “trading haute fréquence”.

Alors que la doxa sur les crises financières consiste à dire que ce sont des phénomènes regrettables mais passagers et “accidentels”, l’auteur nous démontre d’abord de façon convaincante leur origine criminelle, via les liens très troubles des banques et de la classe politique japonaises avec les yakuzas, ou les pyramides de Ponzi qui gangrénèrent l’ensemble de l’économie albanaise au sortir du glacis communiste. Il développe également l’influence des mécanismes du blanchiment de l’argent de la drogue sur les crises financières, en montrant qu’ils constituent l’activité centrale – et non accessoire – de certaines banques comme une filiale de HSBC ou la BCCI (aujourd’hui disparue). Il qualifie la lutte contre l’argent sale d’échec historique et pathétique, échec dont on comprend aisément les causes puisque les moyens déployés pour blanchir cet argent sont infiniment supérieurs – et fortement imbriqués dans le tissu économique – que ceux, souvent de façade, destinés à le freiner : des services secrets et des États – en premier lieu, la CIA et les USA – sont en effet les premiers “facilitateurs” de cette activité bancaire criminelle. On fera évidemment un parallèle avec la “lutte contre le terrorisme”, parallèle d’autant plus justifié que l’argent de la drogue constitue un des financements principaux du terrorisme, sans parler de l’utilisation de la drogue elle-même pour aider les terroristes dans leur “travail”.

Une fois posées ces bases criminelles d’une bonne part de l’activité bancaire, Jean-François Gayraud aborde et développe longuement la “géniale trouvaille” des cerveaux de la finance moderne, rendue possible par l’informatisation des transactions boursières : le “trading haute fréquence”, qu’on peut aussi appeler, en bon français – une langue morte pour la finance internationale – les transactions à haute fréquence. De quoi s’agit-il ?

Chacun connaît le principe des transactions boursières, consistant à vendre, si l’on s’y prend bien, des actions lorsqu’elles sont au plus haut après les avoir achetées lorsqu’elles étaient au plus bas. Certains y voient une façon moralement répréhensible de “s’enrichir en dormant”, d’autres un mécanisme efficace orientant les flux de capitaux vers les activités économiques les plus performantes au détriment de celles qui ne créent pas de richesse. Sans rentrer dans ce débat éthique, on peut néanmoins reconnaître que cette bourse “à l’ancienne” repose à la fois sur une activité économique bien réelle et sur des décisions d’achat et de vente prises par des êtres humains. Il faut oublier tout cela pour le trading haute fréquence, pratique à la fois déconnectée de toute production de richesses réelle – mais source d’enrichissement extraordinairement rapide pour quelques-uns – et évoluant à des échelles de temps totalement incompatibles avec la prise de décision humaine – d’où le terme de haute fréquence.

L’activité normale du trader en chair et en os consiste à flairer les évolutions du marché avant ses petits copains pour en tirer le maximum de bénéfices. Ce flair peut venir d’une bonne connaissance des activités économiques – c’est la vision positive et rationnelle de la bourse – ou peut être “aidé” lorsque des informations cruciales sont réservées à quelques privilégiés, les fameux “délits d’initiés” dont les traders semblent être assez friands via la pratique très répandue du front running. Tout est affaire de vitesse et d’information, et cela ne date pas d’hier : ainsi, Jean-François Gayraud rappelle (p. 145) comment les aléas des guerres napoléoniennes permirent aux frères Rothschild de s’enrichir de façon fulgurante :

“L’histoire est toujours un bon remède contre l’illusion de la nouveauté absolue des faits sociaux. Au début du XIXème siècle, les cinq frères Rothschild, banquiers richissimes, ont l’habitude d’utiliser des pigeons voyageurs pour se transmettre à travers toute l’Europe des messages codés, de banque à banque. Ce système nouveau leur procure un avantage compétitif sur tous leurs concurrents qui utilisent encore des courriers à cheval ! En pleines guerres napoléoniennes, le résultat des batailles – victoires ou défaites – influe sur le cours des actions échangées à la Bourse de Londres. Ainsi, en 1815, les pigeons voyageurs de Nathan Rothschild annoncent avec un long temps d’avance – en l’occurence vingt-quatre heures ! – la défaite française de Waterloo, ce qui permet au banquier de prendre des positions financières avantageuses en Bourse – de manipuler les cours ? Selon les époques et les technologies, l’avantage informationnel est plus ou moins grand entre ceux qui savent et les autres. De manière quasi caricaturale, le trading de haute fréquence prolonge et renouvelle tout à la fois ce triptyque : argent, vitesse, technologie.”

La vitesse étant la clé de l’enrichissement, et le temps de décision humain ayant des limites incompressibles, il est naturel que les banquiers aient songé à doper leurs profits en utilisant l’intelligence artificielle des ordinateurs, dont la seule limite est technologique – même si la technologie, bien sûr, repose sur des limites physiques comme la valeur finie de la vitesse de la lumière. Le savoir des traders fut donc mis en équations, et ces équations traduites en algorithmes, afin que des ordinateurs alimentés par les frémissements des cours de bourse décident avant des humains quels allaient être les bons placements et ceux à éviter. La révolution débuta sans bruit dans les années 1990, avec le développement exponentiel d’Internet. Et parce qu’elle est, encore aujourd’hui, méconnue, ses conséquences sont dramatiques, par la faute également d’une classe politique totalement dépassée et/ou corrompue par un pouvoir bancaire devenu intrinsèquement criminel et anti-économique.

Là où le trader humain déduit de l’évolution des cours et de son expérience du marché s’il faut acheter ou vendre, les algorithmes du trading haute fréquence font la même chose mais sans intervention humaine et à l’échelle de la milliseconde, voire de la microseconde. Inutile de dire que ces fluctuations, véritable bruit thermique de la bourse, n’ont plus rien à voir avec une quelconque activité économique productive ; pire, puisque les algorithmes qui entrent en concurrence sont à la fois des observateurs et des acteurs des fluctuations de la bourse, on peut même dire qu’elles sont en partie créées par eux, chacun essayant d’orienter le marché dans un sens favorable pour générer des profits. Comme le résume (p. 160) Jean-François Gayraud, reprenant l’analyse des traders Sal Arnuk et Joseph Saluzzi :

“Les marchés financiers ont tout simplement été détournés par les traders de haute fréquence, ces traders étant des sortes de pirates cybernétiques. Les traders de haute fréquence ne prennent pas leurs décisions de transactions en se fondant sur l’avenir des sociétés cotées, leurs forces et leurs faiblesses objectives. ils cherchent simplement à réaliser des profits à partir de changements de prix qu’ils initient en partie. Le trading de haute fréquence ne serait au final qu’une industrie artificielle et les traders de haute fréquence de simples hackers.”

Et plus loin (p. 246), citant le prix Nobel d’économie Paul Krugman dans un éditorial du New York Times intitulé “Rewarding bad actors” (récompenser les mauvais acteurs) :

“Le marché boursier est censé allouer le capital aux utilisations les plus productives, par exemple en aidant les entreprises ayant de bonnes idées à lever de l’argent. Mais il est difficile de voir comment des traders qui placent leurs ordres un trentième de seconde plus vite que quiconque, pourraient faire quelque chose pour améliorer cette fonction sociale.”

Le capitalisme est donc entré dans une ère de prédation pure, ère qui ne peut être à long terme qu’autodestructrice mais qui pour l’immédiat récompense financièrement et donne un pouvoir croissant aux ploutocrates, tout en faisant souffrir les classes moyennes et inférieures. L’argent, ce sang de l’économie, en est devenu le poison. Les adorateurs de Mammon dirigent le monde via des serviteurs zélés qui abondent dans une classe politico-médiatique universellement corrompue. Là où il aurait fallu purement et simplement interdire, on assouplit pour au final renforcer le pouvoir des criminels. Citons l’auteur (p. 156) :

“Le trading de haute fréquence n’aurait pu prendre son envol si une réforme, apparemment secondaire et très technique, n’avait eu lieu : la décimalisation des ordres de Bourse à partir d’avril 2001. La décimalisation modifie la taille des ordres en fractionnant leur valeur (0,0058 par exemple). La microstructure des marchés change mécaniquement en créant des différences plus petites entre prix offerts et prix proposés. Les coûts d’intermédiation doivent ainsi baisser. Et seuls des ordinateurs puissants peuvent traiter des fractionnements aussi petits : l’humain est expulsé. Les traders traditionnels des Bourses en dur sont mis au chômage. Les spécialistes des parquets de la Bourse de New York ferment rapidement boutique, battus par les machines, leurs profits s’érodant brutalement.”

Vous êtes prévenus. Les fous ont vraiment pris les clés de l’asile. Sachant cela, il n’est peut-être pas raisonnable d’attendre des gens de pouvoir qu’ils le soient. Et surtout pas qu’ils agissent de façon éthique.

shining

4 commentaires sur “Le nouveau capitalisme criminel

  1. Avril 2001 … Décimalisation !!

    Septembre 2001 … Décimation des tours et des cours…

    ENTERREMENT EN GRANDE POMPE DE LA PHYSIQUE DE NEWTON PAR LA PHYSIQUE DE TEX AVERY !!!

    POUR LE PLUS GRAND PROFIT DES BANKSTERS ET DES CAPITALISTES CRIMINELS !!!

    Jerome Kerviel:
    – “Le 11 Septembre 2001, fut le jour ou la Société Générale enregistra les plus gros profits de trading de toute son histoire, selon les affirmations d’un de mes supérieur/superviseur ”

    11 Septembre 2016…
    … 15 aime commémoration de l’enterrement de la PHYSIQUE de Newton, …
    … par la PHYSIQUE TÉLÉVISE RÉVÉLÉE des CARTOONS de TEX AVERY…
    … des avions de lignes US … soit disant détournés par des pirates saoudiens…
    …soit disant dirigés par
    Ben Laden / Al Qaïda,…Ben Laden / Al Qaïda
    Ben Laden / Al Qaïda,…Ben Laden / Al Qaïda
    Ben Laden / Al Qaïda,…Ben Laden / Al Qaïda
    Ben Laden / Al Qaïda,…Ben Laden / Al Qaïda
    Ben Laden / Al Qaïda,…Ben Laden / Al Qaïda
    Ben Laden / Al Qaïda,…Ben Laden / Al Qaïda

    … en fait .. sous contrôle d’agents Israéliens…
    https://www.antiwar.com/rep2/MemorandumtotheCommissionandSelectCommitteesbold.pdf
    https://www.christopherketcham.com/wp-content/uploads/2007/03/Final%20PDF%20of%20CounterPunch%20article%20re%20Israelis%2001-29-07.pdf

    … Des avions que nous avons tous vus PÉNÉTRER SANS RALENTIR dans les façades des WTC 1 et 2…
    … pourtant faites de colonnes d’aciers de 40 cm X 40 cm et de dalles de planchers …
    …INFINIMENT PLUS RIGIDES … car disposant d’un EI de poutre infiniment plus grand…
    … INFINIMENT PLUS SOLIDE … car disposant d’un Rr de poutre infiniment plus grand…
    … pour y DISPARAITRE INTÉGRALEMENT…

    … SANS AUCUN RALENTISSEMENT OBSERVABLE, NI AUCUN REBOND OU ÉJECTION DE MATIÈRE OBSERVABLE …

    … COMME SI SOUDAIN , L’ACIER DES SOLIDES COLONNES ET LE BÉTON DES SOLIDES DALLES DE PLANCHERS ÉTAIT DEVENU MOU COMME DU BEURRE TIÈDE… ET RÉSISTANT COMME UNE CLOISON JAPONAISE EN PAPIER …

    … A L’ÉGAL DU COYOTE DE TEX AVERY DÉCOUPANT SON EMPREINTE DANS LES FALAISES, LES MURS ET LES SOLS…

    … IL NOUS FAUT CROIRE ET ADMETTRE DEPUIS 15 ANS…
    … SELON LES AFFIRMATIONS DES DESSINS ANIMES DE NOS MÉDIAS PROJETÉES A NOS TEMPS DE CERVEAUX…
    … RENDUS INDISPONIBLES PAR LES ÉMOTIONS…
    …QUE CES AVIONS EN ALUMINIUM A PEAUX FINES …
    … SERAIT DEVENUS CAPABLES DANS LE MONDE RÉEL…
    …DE DÉCOUPER / SECTIONNER/ ROMPRE DES OBJETS D’UN ORDRE DE GRANDEUR DE RIGIDITÉ (EI) ET DE SOLIDITÉ (Rr) DE POUTRE INFINIMENT PLUS GRAND QUE LUI MÊME…

    MALHEUREUSEMENT POUR LES COUPABLES…
    …CLE CRIME IMPRESCRIPTIBLE CONTRE L’HUMANITÉ…
    … ÉTAIT BIEN TROP IMPARFAIT POUR QU’IL RESTE A JAMAIS..
    … MÉCONNU ET IMPUNI !!! …

    Un physicien américain farfelu , retraité du pentagone… parmi une foule d’imposteurs, qui entend “débattre” de ce sujet … en s’exonérant de répondre aux questions qui invalident ses hypothèses transformées par sa volonté et sans démonstrations aucunes en nouvelles certitudes relevées… affirme quant a lui, que les coupables ont certainement dus construire des avions en acier pour rendre leurs ailes plus résistantes que les façades…
    … puisque on l’a VU A LA TÉLÉ …

    … TROUBLANT !!…

    …Il défend ici, la même thèse cherre a l’imposture citoyenne ReOpen 911…
    … et a son pseudo physicien en chef Laurent Hurez…
    … moderato censeur officiant sous le pseudo de Larez…
    … sur le forum de cette TPME … de la censure… et du contrôle de la contestation…
    … chargée par ses maitres… de faire tout son possible pour rendre LES SUJETS DE: …
    … L’IMPLICATION ISRAÉLIENNE…
    … COMME CELUI DE LA FALSIFICATION DES IMAGES TÉLÉS DES AVIONS INTERDITES DE DÉBATS EN ESPACE PUBLICS DE SON FORUM…

    Il existe sur le net bien d’autres complices pour polluer et rendre confus le débat en francophonie …
    la stratégie des coupables étant de DIVISER LES FORCES VIVES DE LA DÉNONCIATION DU CRIME et de faire couler le temps a l’égal du dossier JFK et de biens d’autres scandales indicibles qu’il est grand temps de dire !!! …

    Le temps de la réécriture des paradigmes qui conduisent les relations entre les différentes tribus constituants l’espèce, a probablement sonné un 11 Septembre.

    N’oublions pas que l’abolition des privilèges est toujours un temps de l’histoire ou les risques de violences sont élevées …
    … Ce début de millénaire n’échappe pas à cette constante historique et sociologique!!

    C’est toujours par la violence que les privilégiés maintiennent leurs privilèges !!

    François Sebesi

    1. Et si on proposait le nom de “physique harrypottérienne” en opposition avec “physique newtonienne” plutôt que “physique de Tex Avery” ? Ça ferait plus sérieux non ? Du coup peut-être que davantage de scientifiques très sérieux s’y intéresseraient ? Tous ceux qui utilisent préférentiellement des lettres grecques pour les noms de variables parce que a, b, c, d ça ne fait pas assez riche…

      1. Tout ce qui peut frapper les esprits pour réveiller les consciences est bon a entreprendre !
        La guerre de l’information étant une guerre très très très asymétrique.

        Tous les coups sont permis …c’est le “propre” de la guerre!!!

        Physique “Harrypoterienne ” parlera mieux aux étudiants en physique…

        … car beaucoup d’entre eux ne connaissent pas Tex Avery…

Répondre à Sebesi Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *