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Chroniques des sciences inhumaines et asociales (épisode 3)

chroniques avant guerre soral

Pour compléter, l’œuvre d’un précurseur,
écrite entre 2008 et 2011.

[Note de l’administrateur de ce blog : voici le troisième article – écrit il y a un mois – de Cadet Roussel, pseudonyme d’un collègue scientifique, dont le premier avait été publié sous le titre “Chronique des sciences inhumaines et asociales (épisode 1)”. Le deuxième, “L’écroulement de la ziggourat ?”, n’avait pas suivi la numérotation, son ton plus sérieux m’ayant conduit à ne pas l’associer directement au premier. À la demande de l’auteur, qui prévoit une production future au style disparate, je reprends ici la numérotation de la série inaugurée le 5 avril 2016.

Bonne lecture !]


Épisode 3

le 29 juillet 2016, par Cadet Roussel

Notre étrange avant-guerre ?

  1. La vague terroriste

Depuis deux années, une vague d’attaques terroristes, qui va en s’amplifiant, déferle en France, Belgique et Allemagne. Pour les optimistes, le mimétisme entraînerait des fanatiques à fomenter chacun leur coup. Mais l’Histoire enseigne que le terrorisme n’est jamais une suite d’actes isolés accomplis par des exaltés agissant indépendamment. C’est un moyen d’action choisi par des organisations ou des États, qui visent des buts politiques et coordonnent des attentats afin de sidérer les esprits. Les déséquilibrés qui commettent des actes terroristes sont presque toujours manipulés à leur insu. Ravaillac en fut un exemple célèbre ! Selon les analystes politiques, le mouvement Daesh se vengerait en Europe de ses revers en Syrie, en activant des commandos locaux capables de déjouer la police.

L’accélération du tempo fait prévoir une nouvelle provocation pendant les mois d’août ou de septembre, car les mauvais coups sont souvent portés pendant les vacances – quand les classes moyennes de l’hémisphère Nord sont sur la plage ou aux pieds de la Bonne Mère – ou bien à la rentrée – quand la reprise des contacts professionnels est propice aux craintes collectives. Comprendre les buts de ces crimes est nécessaire, tant par compassion pour les victimes et leurs proches que pour empêcher d’autres drames. L’analyse des événements passés peut éclairer l’enchaînement des événements à venir, mais c’est une tâche ardue qui oblige à naviguer prudemment entre les écueils de l’ingénuité et du catastrophisme. Tentons-la néanmoins, au risque du ridicule, risque qui reste bénin dans les situations graves. Et afin de mener au mieux la barque, examinons les attentats qui ont endeuillé notre pays.

  1. Prémisses

Quelques prémisses éviteront d’abord à ceux qui ne les admettent pas de perdre leur temps à lire la suite :

  • La mondialisation des échanges, promue par les financiers internationaux au cours des dernières décennies, leur a permis de dominer les industriels qui dans chaque pays sont, de fait, solidaires des circuits d’échange nationaux. Les spéculateurs imposent à présent leur pouvoir aux producteurs. Leurs richesses sont d’abord virtuelles, sans consistance réelle, réduites à des chiffres dans des mémoires d’ordinateurs, et ne peuvent être converties en bien réels que tant que les États se soumettent aux règles du marché et donnent pleine force à la propriété privée. En utilisant les règles imposées par les institutions financières, même des personnes privées ont amassé de telles richesses qu’elles peuvent exercer une influence politique personnelle. Cette intrusion de nouveaux acteurs, dont l’influence repose sur la corruption et qui ne sentent pas liés par une allégeance à une collectivité, a rendu caducs les usages politiques établis.

“Bien entendu, il n’y a pas de Grand Complot, de fantasmatique Coupole Suprême omnisciente et toute-puissante.”

  • Les États, surtout les États anglo-saxons, ne mènent plus des politiques nationales ou impériales pour étendre l’influence de leur pays et – idéalement – augmenter la prospérité de leur peuple, mais ont été mis au service de dirigeants mondiaux constituant « l’oligarchie ». Bien entendu, il n’y a pas de Grand Complot, de fantasmatique Coupole Suprême omnisciente et toute-puissante. Le terme d’« oligarchie », imprécis mais commode recouvre des groupes d’importances diverses, qui coopèrent ou rivalisent tour à tour, au gré des circonstances, pour promouvoir leurs intérêts, mais qui s’entendent pour dominer dans chaque pays la masse du peuple, dont les droits politiques ont été privés d’efficacité. La spéculation étant improductive, et même nocive aux activités productives, cette oligarchie mondiale utilise les États pour exercer un impérialisme pillard, de plus en plus violent.
  • Daesh n’est pas un mouvement spontané. Une armée de mercenaires, équipée d’armements modernes et de camionnettes militarisées toutes neuves, n’est pas apparue toute seule dans la steppe des bords de l’Euphrate. Elle a été financée, recrutée, équipée, par les monarchies du Golfe arabo-persique, et entraînée par des cadres « occidentaux ». Deux ou trois mille euros de solde mensuelle sont une fortune dans ces pays, et valent bien que l’on crie « Allahou Akbar » devant les caméras des journalistes. Le général Petraeus est communément cité – à raison sans doute, plutôt qu’à tort – comme l’organisateur principal de Daesh, selon le dessein politique des néo-conservateurs suprémacistes étasuniens, et d’autres factions politiques qui ont partie liée avec eux.
  • Le « terrorisme islamiste » est utilisé par l’oligarchie pour atteindre ses buts, au Proche-Orient et en Europe. Bien entendu, les banlieues ethniques sans possibilité de travail légal offrent un vaste vivier de recrutement d’auxiliaires, et parmi les exécutants quelques-uns peuvent être mus par des convictions religieuses plus ou moins bien comprises. Mais, puisque Al Qaïda ou Daesh furent créés et organisés par des services secrets « occidentaux », un mouvement terroriste islamiste autonome n’existe sans doute pas. Les « terroristes islamistes » sont manipulés par des gens dont la langue n’est point l’arabe mais l’anglais mondialisé. Historiquement, derrière ce genre de terrorisme visant à augmenter la tension, il y eut un toujours un État, un État étranger ou celui du pays lui-même, et l’État français n’est pas plus innocent que les autres. Les « loups solitaires », qui oublient leur carte d’identité derrière eux et que la police abat comme des chiens, sont pour plupart des chèvres cernées par une meute qu’elles ignorent.
  1. Tactique : attaquer tour à tour des milieux sociaux divers, par une alternance de tueries de masse et d’attentats ciblés

Laissons de côté l’attentat de Charlie Hebdo, qui fut presque certainement un règlement de comptes « récupéré » par l’oligarchie française, ainsi que l’« accident » de Puysseguin qui, par ses circonstances abracadabrantes et sa temporalité troublante (fin octobre), paraît un coup de semonce rural avant l’attentat urbain de novembre.

Concentrons-nous sur les attentas commis depuis l’automne 2015. Pour les activistes qui en Europe se réclament de Daesh, et pour ceux qui les encadrent et les paient, les buts sont de sidérer l’esprit des Français et de nuire à la France en frappant le tourisme, mais la tactique diffère d’une attaque à l’autre par la méthode et le public visé. Un examen sommaire permet de classer les attaques en deux catégories : les tueries de masse et les assassinats ciblés.

L’attaque du Bataclan, puis celle de Nice, furent des tueries de masse. Par la première, il s’agissait sans doute de faire comprendre au gouvernement français qu’il ne pouvait se dégager de son imprudente implication dans l’agression de la Syrie ; un avertissement semblable fut adressé au gouvernement belge, Bruxelles étant frappée dans son rôle international par des attentats à l’aéroport et dans le métro, à la station du quartier des bureaux de l’Union européenne.

Ces attentats furent organisés pour faire le plus de victimes possible dans des villes touristiques réputées. Paris est une grande capitale mondiale, où chaque année se mêlent des populations socialement diverses, venues de tous les continents. Nice est une ville moyenne (300 000 habitants), haut lieu de la riviera méditerranéenne, qui accueille surtout de riches étrangers, en particulier russes ou issus des anciennes républiques soviétiques. L’opposition entre habitants de souche et nouveaux installés y est beaucoup plus forte qu’à Paris comme le confirme le haut niveau du vote pour le Front National. Les dates de ces attaques furent indéniablement choisies pour leur portée symbolique : un vendredi 13, jour de malheur, et le 14 juillet, fête nationale. Soirs de détente et de divertissement, mais publics différents : à Paris des jeunes, à Nice des familles de tous les milieux venues profiter du beau temps et du feu d’artifice.

L’assassinat de Rouen, le plus récent à ce jour, est à relier à celui – ignoble mais vite oublié – du policier et de son épouse, égorgés sous les yeux de leur fils. Les victimes ont été tuées au couteau et appartenaient aux corps constitués. À Rouen, le meurtre a été perpétré en semaine (pas le dimanche), un jour ordinaire (pas de grande fête religieuse), un matin de juillet quand les rues sont désertes, contre un représentant de l’Église, partisan du dialogue interreligieux puisqu’une mosquée a été édifiée sur une parcelle de terrain appartenant à la paroisse. Le but de ces attaques ciblées n’était pas de faire un grand nombre de victimes mais de figer l’opinion d’effroi par l’emploi de l’arme blanche, et de frapper symboliquement des institutions afin que marche à plein le processus d’identification d’abord pour les policiers et les fonctionnaires, puis pour les chrétiens. Un crime dans une église, lieu sacré et lieu d’asile, est ressenti par tous, croyants et incroyants, comme une atteinte contre toute les règles sociales.

“Ces attaques, tour à tour de masse ou ciblées, frappent, l’un après l’autre, différents segments de la population française, de même qu’une firme commerciale adresse des messages publicitaires différents à des publics divers afin de lancer un nouveau produit.”

Ces attaques, tour à tour de masse ou ciblées, frappent, l’un après l’autre, différents segments de la population française, de même qu’une firme commerciale adresse des messages publicitaires différents à des publics divers afin de lancer un nouveau produit. Le produit porte ici un nom terrible et simple : « guerre civile ». Quel sera le prochain épisode de cette macabre étude de clientèle ? Une “réaction de l’ultra-droite” poserait aux organisateurs le problème de trouver des figurants crédules, crédibles et butables à la fin de l’opération. Pas facile. Une autre option serait la proclamation du « Califat de Saint Denis », avec si possible lynchages anti-blancs et agressions à la colognaise. Mais c’est un peu tôt : les élections de 2017 sont encore loin.

Comme les attaques font alterner tueries de masse et assassinats symboliques, la prochaine devrait être logiquement une tuerie de masse. Un massacre sur une plage ferait double emploi avec la tuerie de Nice, mais un attentat pourrait se produire dans une petite ville de la France profonde pendant le mois d’août. Toutefois, c’est peut-être à frapper d’horreur toute la population « de souche chrétienne », que pourraient s’essayer les commanditaires du « terrorisme musulman », par un attentat dans une école ou un hôpital à la rentrée. Une faille séparerait soudain les populations juxtaposées de la société française. Compte tenu des délais de mise en œuvre, la décision a déjà été prise : nous ne pouvons plus qu’attendre et constater.

Constatons déjà que les mesures prises par le gouvernement français sont d’une telle inefficacité qu’elles paraissent n’avoir pour buts que de justifier l’état d’urgence et de fatiguer la police et l’armée, bientôt trop épuisées pour réagir en cas de coup dur. En même temps, la même politique désastreuse est imperturbablement continuée au Proche-Orient. En effet depuis 2005, l’accident de santé de Chirac et le retour de Sarkozy au gouvernement, les dirigeants français ne sont plus que des prévôts qui appliquent les directives de leurs maîtres atlantistes.

  1. Stratégie à long terme : soumettre l’Europe par la menace de la guerre civile

La tactique employée, et la complaisance évidente des dirigeants français, amènent à s’interroger sur la stratégie. S’il s’agit vraiment de faire planer la menace d’un conflit civil en France, voire dans toute l’Europe, c’est dans le cadre large des relations internationales que les motifs et les buts de cette stratégie doivent être cherchés.

D’ores et déjà, des journalistes proclament que la France et Israël font face aux mêmes ennemis, et insistent sur la nécessité d’un rapprochement politique accompagné d’échanges d’informations et de techniques entre spécialistes de la contre-insurrection.

Par ailleurs, les négociations sur une zone de libre-échange atlantique, en cours entre les É-U et l’U-E, sont tenues secrètes, même pour les parlementaires des États européens ! Selon les informations qui ont filtré, ce projet accorde aux firmes supra-nationales le droit d’attaquer la législation des États devant des tribunaux arbitraux, indépendants de la souveraineté d’un État, si elles estiment que les lois restreignent leurs attentes de profit. L’angoisse que les attentats suscitent, et l’inquiétude qu’inspirent les menaces de l’OTAN contre la Russie, détournent évidemment l’attention loin de ces menaces bien réelles contre l’industrie européenne.

En Allemagne, pays qui a pourtant accueilli l’an dernier un nombre dantesque de migrants, et qui ne dispose pas d’une force anti-terroriste importante, les attaques ne viennent que de commencer, et de manière très artisanale. Une pression “amicale” s’exerce-t-elle sur le gouvernement allemand ? Trop conciliant envers la Grande-Bretagne ? Trop porté à s’entendre avec la Russie ? Ou bien s’agit-il de synchroniser les troubles en Allemagne et en France ?

Il y a quelques années, des attentats simultanés dans les deux pays auraient pu servir de prétexte à imposer, comme remède contre le péril, une fédération franco-allemande dirigée par un gouvernement de salut public. Ce projet ne serait à présent plus accepté ni en France ni en Allemagne, mais le découpage des États nationaux en grandes régions artificielles est inscrit dans le projet d’Europe fédérale. Le remplacement du lien social culturel par des rapports marchands et le communautarisme, aboutissant à l’éclatement des États en provinces et au chaos social, est prévu (promu ?) dans le rapport EDORA (« European Developping Opportunities for Rural Areas »). Or les États nationaux sont le seul cadre politique de la démocratie.

Donc le projet est plus vraisemblablement de brandir la menace de la guerre civile pour restreindre les droits civils et les libertés politiques en Europe. En effet l’Union Européenne (U-E) ne veille pas au bien-être des Européens, pas même des plus riches, mais aux intérêts des firmes supra-nationales et des personnalités richissimes. Elle est devenue la branche politique européenne de l’OTAN, qui a répandu la guerre en Yougoslavie (à l’initiative de l’Allemagne), puis en Libye (à l’initiative de Sarkozy, agent étasunien, et de B. Lévy, agent israélien), puis en Syrie et en Ukraine (où l’assujettissement de la fucked Europe apparaît ouvertement). Elle applique docilement des décisions ruineuses pour les peuples, et désormais militairement aventureuses. Dans l’U-E elle-même, le libre-échange, la monnaie unique (c’est-à-dire le mark), l’interdiction des restrictions à l’importation, ont suscité une rivalité économique générale qui ne profite qu’à l’Allemagne, et qui dégrade les relations sociales en intensifiant une lutte des classes d’une violence comparable à celle des siècles passés, que l’on ne pensait pas voir réapparaître.

Selon Jacques Delors lui-même, l’U-E, est déjà un “despotisme doux” (formule qui dans le globish imposé par l’administration eurocrate est traduite “soft fascism”… par plaisanterie).

L’U-E, c’est la guerre de tous contre tous, et ce pourrait devenir la tyrannie d’un petit nombre.

L’actualité suggère que les dominants mondiaux anticipent l’effondrement des institutions financières et politiques qui assurent leur domination, et qu’ils tentent de maintenir leur pouvoir par la menace de la guerre, civile et étrangère. Leur intention paraît être d’instaurer un niveau de violence gérable mais permanent dans toute l’Europe, afin de justifier une « gouvernance » autoritaire et d’empêcher les mouvements sociaux. Un flot permanent de nouveaux venus permettrait d’installer dans chaque pays plusieurs peuples non-miscibles, séparés par des conflits que des provocations violentes réactiveraient de temps en temps. La demande de sécurité primerait ainsi sur les libertés politiques et les revendications sociales, tandis que le sentiment d’une patrie commune s’éteindrait. Les îlots de prospérité restants seraient au service de l’empire.

Un scénario possible pour l’avenir proche serait le maintien de la tension jusqu’aux fêtes de fin d’année. Un attentat spectaculaire, alors perpétré, permettrait de biaiser les élections, voire d’y surseoir. Déjà un haut commandement pour l’armée de terre a été rétabli en France et a demandé une dotation en hélicoptères de combat pour maintenir l’ordre intérieur. Des politiciens demandent à présent qu’une « réserve citoyenne » soit instituée pour épauler les militaires.

Le but paraît être de semer dans l’Ouest de l’Europe des troubles comparables à ceux qui furent systématiquement développés dans les Balkans, puis au Proche-Orient et en Ukraine. L’Histoire enseigne qu’à frôler le précipice on risque d’y tomber.

“… par la durée et le nombre de morts violentes, les guerres anglo-saxo-sionistes ont déjà dépassé les guerres napoléoniennes, qui pourtant ont laissé de cuisants souvenirs.”

Les É-U ont tiré parti de la guerre dans les Balkans pour y faire intervenir l’OTAN en violation du traité de l’Atlantique Nord, puis y installer au Kosovo une de leurs plus grandes bases militaires, aux portes de laquelle des groupes djihadistes s’entraînent en toute quiétude. Ils ont ensuite ruiné les plus grands États arabes du Proche-Orient. Leur projet d’hégémonie global a certes été arrêté par les puissances rivales, Russie et Chine, mais par la durée et le nombre de morts violentes, les guerres anglo-saxo-sionistes ont déjà dépassé les guerres napoléoniennes, qui pourtant ont laissé de cuisants souvenirs.

Après des années d’activisme des É-U au dehors, des troubles commencent sur le territoire étasunien même, délaissé par les investisseurs industriels et par les gouvernants. Quoique jusqu’à présent limités – et déclenchés peut-être par des provocateurs – ces troubles pourraient s’amplifier dans un pays désindustrialisé, où le chômage de masse plonge une grande partie de la population dans la précarité, où les inégalités sont devenues criantes et où le mécontentement est donc vif. Pour refaire leurs forces et préparer une revanche contre la Russie et la Chine, les É-U pourraient renforcer leur forteresse-continent. Ils tentent à présent de resserrer les vis en Amérique du Sud (Argentine, Brésil, Venezuela, Bolivie etc.) et vont devoir les serrer contre les mouvements noirs internes, dont on ne sait s’ils résultent d’une exaspération spontanée ou s’ils sont manipulés, et en ce cas par qui ni dans quel but (Soros ? Les Russes ?).

Le dollar US ne garde de la valeur que grâce à la facturation des achats de pétrole en dollar [Note de l’administrateur de ce blog : et ceci depuis les chocs pétroliers des années 70, comme William Engdahl l’explique très bien dans ce livre], privilège désormais contesté, dont le maintien fut un des motifs des agressions contre l’Irak et la Libye. Ces guerres furent financées par le déficit, aux dépens des autres pays du monde. Mais la valeur du dollar est menacée par l’éclatement de la bulle financière, et la confiance devra être restaurée par le renouveau du potentiel industriel. Le moyen le plus rapide de restaurer l’industrie est de se servir chez les concurrents. Le monopole usurpé de la création monétaire permet aux É-U d’attirer des ingénieurs et des chercheurs du monde entier, déjà formés aux frais de leur pays d’origine. Pour reconstruire leur économie, ils pillent les pays d’Europe, en payant en monnaie de singe les entreprises et le savoir-faire, grâce à la complicité de l’U-E qu’ils contrôlent et qui interdit toute politique industrielle et toute restriction de vente à l’égard des tiers. Cet accaparement de techniques européennes pourrait être accéléré, et doublé d’un puissant courant de fuite des compétences de l’Europe vers la verte Amérique, si des troubles se produisaient dans les pays européens restés les plus industrialisés.

Dans ces pays, devenus instables, la sûreté des installations nucléaires poserait problème, puisque des attentats pourraient avoir de graves conséquences y compris pour des pays éloignés. La nécessité de protéger les infrastructures les plus critiques serait un donc bon prétexte à leur prise de contrôle par l’OTAN.

Le pire n’est pas certain, bien entendu, mais il est préparé. À une Europe chaotique, les oligarques « occidentaux » préfèrent certainement une Europe paisible et soumise, qui suit docilement les consignes d’hostilité à la Russie malgré les conséquences qu’elle en subit. Mais ils préféreraient une Europe plongée pour longtemps dans des troubles de moyenne intensité à une Europe insoumise, prospérant par la coopération avec la Russie et la Chine.

La Russie se retrouverait alors avec à ses frontières des pays appauvris, dont l’instabilité ruinerait son projet d’être le pays central de la « route de la soie » entre l’Europe et la Chine. Des difficultés économiques causeraient des tensions parmi les clans politiques russes, entre partisans de l’indépendance nationale et partisans du libre-échange mondial. La Chine, pressée par de graves problèmes économiques, politiques, sociaux et environnementaux, n’aurait peut-être pas la patience d’attendre que l’Europe de l’Ouest sorte du marasme qui y serait soigneusement entretenu. Le partenariat entre la Chine et la Russie pourrait donc s’essouffler, et les E-U tenteraient alors de séparer les deux pays. Manœuvre peut-être vouée à l’échec, mais que les suprémacistes étasuniens n’hésiteraient pas à tenter.

  1. Agitation à court terme

À court terme, les gesticulations dans l’Est de l’Europe se poursuivront donc, mais sans conséquences, comme dérivatif servant à saturer l’attention du public et de dirigeants à l’esprit fragile. La menace d’une frappe nucléaire préventive restera un mot en l’air, au moins pendant quelques années, quoique les experts militaires russes préparent certainement les moyens de l’empêcher. Mais de l’autre côté de l’Atlantique, un grave accident pourrait bien rendre le malheureux M. Trump invalide à vie. C’est plus difficile à organiser que l’assassinat pur et simple, mais l’assassinat a déjà beaucoup servi. Enfin, qui sait, un déséquilibré de plus…

“… tout en gardant sur les É-U le contrôle établi grâce aux attentats de septembre 2001, Israël, où les russophones sont nombreux, a refusé d’appliquer les sanctions anti-russes, et Netanyahou est plus souvent à Moscou qu’à Washington.”

Ayant réussi à faire détruire les États voisins, et ne pouvant plus espérer à court terme chasser les Palestiniens comme prévu dans le scénario de guerre locale de 2013 (que la marine russe a fait échouer), les dirigeants israéliens paraissent tenter d’équilibrer la protection russe et la protection étasunienne. En effet, tout en gardant sur les É-U le contrôle établi grâce aux attentats de septembre 2001, Israël, où les russophones sont nombreux, a refusé d’appliquer les sanctions anti-russes, et Netanyahou est plus souvent à Moscou qu’à Washington.

Puisque ni les Russes, ni les Turcs, ni les Iraniens, ni les Anglo-saxons – pourtant premiers agresseurs – ne veulent payer la reconstruction de l’Irak et de la Syrie, ce pourraient être les monarchies du Golfe qui finalement règleraient la note. La note politique pourrait être encore plus coûteuse. Le partage de l’Arabie Saoudite est envisagé depuis longtemps. À quoi bon la conserver si le pétrole n’est plus facturé en dollars ? Mieux vaudrait un contrôle direct des puits que le risque d’un changement d’obédience d’une dynastie déchirée par des rivalités de sérail. Le coup final pourrait lui être porté par les mercenaires qu’elle finance en Syrie, à qui elle servirait de zone de repli, et que leurs vrais patrons mandateraient pour y déclencher une guerre civile, causant la destruction de lieux saints de l’Islam ; bonne œuvre à laquelle les Israéliens ne refuseraient certes pas de prêter la main. Épilogue presque cocasse d’une très sinistre affaire. Mais bien d’autres scénarios sont certainement préparés, adaptables aux hasards des combats.

En Syrie, les É-U pourraient encore tenter d’utiliser les Kurdes ou de ressusciter Daesh. Mais l’agression ayant échoué, le prochain lieu d’affrontement militaire pourrait être à nouveau la malheureuse Lybie, où les Russes ne sont guère présents. La coalition occidentale pourrait se tromper de cible une fois de plus, et écraser les milices anti-Daesh sous les bombes. Cela permettrait au monstre d’échapper aux périls en Syrie, et de retrouver une seconde jeunesse pour déstabiliser l’Afrique et accroître la pression migratoire sur l’Europe afin d’y aggraver encore les tensions. Une autre option serait de laisser tout simplement le collapsus de Daesh aller à son terme, puis de redéployer ses troupes formées et aguerries vers un autre théâtre d’opération, l’Europe Occidentale, qu’il vaudrait mieux ruiner à son tour que laisser s’allier avec la Russie.

  1. La voie du salut

L’époque est à la recomposition. Par le Brexit, l’oligarchie anglaise a poignardé l’oligarchie étasunienne. L’israélienne est trop mêlée à l’étasunienne pour suivre le mouvement, mais poursuit ses buts propres. Néanmoins un intérêt commun rapproche les factions opposées de l’oligarchie : c’est cette année qu’elles veulent agir, de crainte que la prise de conscience des peuples pousse à la révolte et fasse échouer pour longtemps les plans de domination mondiale. Outre le péril de la guerre civile, le risque pour la France et l’Europe est de devenir l’objet d’un marchandage : les É-U reconnaîtraient leur échec en Ukraine, au Proche-Orient et en Asie centrale (les Afghans exsangues ayant leurs yeux pour pleurer), mais en contrepartie le renforcement de leur protectorat sur l’Europe continentale leur serait concédé. Jusqu’à la prochaine manche.

Les tractations entre puissances ont généralement lieu dans de confortables hôtels de Genève ou de Lausanne, avec vue sur le Léman et sur les Alpes enneigées en arrière plan. Le lieu choisi présente une carte excellente et une cave renommée. Sur fond de musique douce, les émissaires discutent et jouissent de la vie pendant que les gens ordinaires se font tuer.

C’est ainsi que tourne le monde.

Depuis 2005, la France n’est plus un sujet mais un objet politique. Elle est réduite à un protectorat servile de l’empire anglo-saxon, lui-même aux mains des grandes banques, des firmes supra-nationales, des marchands d’armes, des barons de la drogue et des mafias.

Nous sommes entre deux eaux, dans cet état intermédiaire qui précède l’affrontement. Guerre civile ? Guerre mondiale ? Paix ? Dans cette étrange situation, proches de basculer, face au péril que des calculateurs sans âme aggravent systématiquement, nous gardons pourtant ce sentiment paradoxal que cela n’est pas possible, que cela ne peut arriver… Comme en 14.

Alors, que faire ?

Avant tout ne pas nous égarer dans la recherche de fausses causes, ne pas partir dans la voie que nos ennemis nous tracent. Ensuite, tracer nous-mêmes la nôtre. Notre objectif doit être de refaire de la France un pays capable de décision. La France garde heureusement une structure étatique qui lui permettra de se reconstruire après la libération [Note de l’administrateur de ce blog : celle qu’on écrit habituellement avec une majuscule portait en anglais d’Amérique, le jour du débarquement, un autre nom : invasion.].

Les Français musulmans sont installés en France et ne partiront pas. Parmi eux, les agités du turban sont minoritaires, et bien des candidats à la bagarre sont des convertis. Le recrutement de déviants est facilité par le manque d’identification à la nation française, que bien des « intellectuels », surtout « de gauche » vilipendent depuis des décennies, y voyant par ignorance l’origine de toutes les guerres, quoiqu’à présent la religion tende à supplanter la nation dans cet imaginaire simpliste. Par ailleurs, la fermeture des accueils psychiatriques a fait remplacer l’hospitalisation par l’emprisonnement, ce qui a aggravé les dérives de jeunes un peu paumés.

La délocalisation de l’industrie a fait disparaître le travail en commun et la revendication sociale en commun, qui étaient les meilleurs moyens de s’intégrer. Les quartiers immigrés des banlieues ont le même niveau de vie que les autres, mais sont fermés sur eux-mêmes et animés par une économie parallèle, qui ne donne pas la fierté du travail. Des emplois productifs n’existent pas en général, et ne seraient guère attrayants quand les salaires sont insuffisants pour vivre, et qu’un caïd traficotant de la drogue gagne plus qu’un professeur de collège. Mettre fin au libre-échange absolu afin d’activer des échanges nationaux et de reconstituer un tissu industriel est donc indispensable pour recouvrer l’indépendance nationale, atténuer la tendance au communautarisme, intégrer les nouveaux-venus et assécher les viviers terroristes.

Par une exemplaire sagesse, les Français ont évité jusqu’à présent le piège qui leur est tendu. La tradition de culture politique, qui se transmet de génération en génération, les garde de donner au communautarisme plus d’importance qu’il n’en a, et rend les Français très dubitatifs lorsque le « choc des civilisations » leur est présenté comme plus important que la lutte des classes tempérée par la solidarité nationale. Les Français musulmans ne sont pas dupes de ceux qui prétendent agir en leur nom, et très peu se solidarisent avec eux. Le Peuple Français reste uni en ses composantes diverses. Mais les adversaires sont tenaces, et au service d’intérêts financiers puissants. Le terrorisme manipulé ne cessera donc pas avant longtemps.

“La nécessité de balayer une classe politique qui a trahi le pays est désormais pressante, mais les seuls partis qui, comme l’UPR, présentent un programme cohérent pour restaurer la souveraineté nationale sont en butte à l’omerta médiatique.”

Lutter contre le terrorisme est d’abord affaire de police, mais les gouvernants français empêchent la police d’agir efficacement (et ridiculisent la France, ce qui paraît être aussi une des missions que leur imposent leurs commanditaires). Ce terrorisme vise à soumettre le peuple, mais est aussi un prétexte à continuer au Proche-Orient une politique tout à fait contraire à la tradition et aux intérêts de la France, et entièrement au service d’Israël et de l’empire anglo-saxon mû par des intérêts privés. La nécessité de balayer une classe politique qui a trahi le pays est désormais pressante, mais les seuls partis qui, comme l’UPR, présentent un programme cohérent pour restaurer la souveraineté nationale sont en butte à l’omerta médiatique.

Pour vaincre le terrorisme, il faut d’abord rompre avec les pouvoirs politiques qui l’ont suscité et l’entretiennent. L’urgence est de quitter l’OTAN, la zone euro et l’U-E, afin de rétablir un gouvernement soucieux des intérêts du pays, qui seul sera apte à activer la lutte policière contre le terrorisme et à commencer le rétablissement diplomatique et économique. Depuis plus de trente années, la France s’est progressivement soumise, et s’est laissé ruiner. Des décennies d’efforts seront nécessaires pour la relever, mais c’est possible à condition de cesser d’être les vassaux de nos adversaires de toujours, les pays anglo-saxons et germaniques, et de nous tourner vers les pays avec qui nous entretenions d’anciens liens culturels qu’ils ne demandent qu’à renouer à égalité : la Russie, l’Iran, le Proche-Orient, l’Amérique du Sud, l’Afrique de l’Ouest. Cette réorientation indispensable sera bien sûr contrecarrée par tous les possédants français dont la fortune dépend de l’atlantisme, et qui forment l’obstacle le plus grand au relèvement du pays. L’avenir de la France ne sera assuré que par leur défaite politique, ce qui suppose, hélas, des affrontements, au moins moraux, entre Français. Efforçons-nous de faire de cette lutte un débat pacifique, et que seuls s’exilent ceux qui préfèrent les mœurs anglo-saxonnes aux françaises.

Le Brexit a acté la dissolution prochaine de l’U-E, et lancé une course de vitesse. Les troubles civils commenceront-ils plus tôt et s’étendront-ils plus vite aux É-U ou en Europe ? La tension avec la Russie sera-t-elle encore artificiellement aggravée afin de maintenir l’U-E ? La guerre civile sera-t-elle lancée pour tenter d’empêcher l’U-E de se dissoudre ? Il faut prendre les devants et détruire l’OTAN et l’U-E au plus tôt. Le temps presse.

Brucsella delenda est.

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